Jackson - When people run in circles, it's a very, very, mad world

Ce serait faux de dire que je me souviens parfaitement des premières années suite à ma naissance, mais pourtant on me les a tellement racontées souvent que j’ai l’impression de réellement porter ses souvenirs en moi. Il parait que dès que j’ai senti le premier coup de pied de Camila en touchant le ventre de ma mère que mon instinct de grand frère s’est développé aussitôt. À partir de ce moment, je me faisais un plaisir à inclure déjà ma petite sœur dans mon quotidien en demandant à ma mère de nous raconter une histoire à nous deux alors que je ne l’avais pas encore vu. Une photo bien à l’appui dans notre album photo montre notre première réunion à sa sortie de l’hôpital, moi bien assis sur le divan avec Camila dans les bras avec un regard rempli de fierté. Si bien des enfants pouvaient démontrer une certaine jalousie face à l’arrivée d’un nouvel enfant, moi au contraire la présence de ma sœur égayait mon quotidien et j’étais le premier à alerter l’un de mes parents si elle montrait le moindre signe d’inconfort. Si je ne me souviens pas de tous ces bisous que je lui donnais sur le front pour lui montrer que je l’aimais, je me souviens en revanche parfaitement de cette journée où mes parents m’ont annoncé que j’allais être à nouveau un grand frère. Si j’avais été emballé sur le coup par la nouvelle, mon entrain a diminué d’un coup quand j’ai su que ça allait être encore une autre fille. Je me souviens même d’avoir demandé si je pouvais avoir un frère à la place. Un petit rêve impossible pour le moment selon ma mère et je me souviens d’avoir trouvé cela injuste. Je n’étais pas du tout intéressé par toutes ces poupées que ma mère avait acheté pour Cami et encore moins par toutes ces robes. J’allais vraiment devoir endurer ça deux fois plus ? Si ma réaction tout le reste de la grossesse fut plutôt négative contrairement à celle de Camila tout changea néanmoins le jour où j’ai rencontré Kiara pour la première fois. Elle était si jolie et mignonne, c’était tout simplement impossible de la détester maintenant que je pouvais la toucher de mes dix doigts. Les années se poursuivirent tranquillement et notre relation fraternelle ne cessait que de grandir dans notre beau trio. Certes, il m’arrivait à l’occasion de les détester au plus haut point comme cette fois qu’elles avaient pris ma Batmobile en otage pour faire voyager Barbie et Ken. Ne réalisait-elle pas à quel point c’était insultant pour mon Batman ? Il serait faux également de dire que je n’ai jamais jalouser la relation qu’elles avaient toutes les deux en symbiose avec celle de ma mère. Dans ce monde féminin j’avais l’impression d’être en minorité si souvent, heureusement que mon père était là pour rattraper le tir bien souvent.

Et puis, il y eut ce jour qui restera à jamais graver dans ma mémoire. J’étais déjà bien assez vieux pour me rappeler parfaitement de tous les détails de cette journée et des prochains mois qui suivraient. C’était sans doute l’un des plus gros désavantages d’être le cadet de la famille, même si mes sœurs étaient capables de comprendre la gravité de la situation, je crois qu’elles étaient encore trop jeunes pour se rendre compte de tout ce qui se passait autour et c’est probablement mieux comme ça pour elles. Je voyais bien que mon père était détruit bien plus qu’il essayait de ne le laisser paraitre. Je me souviens de ce moment que j’étais entré pour aller chercher des jus à mes sœurs alors que nous jouions à l’extérieur et que j’ai surpris cette discussion entre mon père et ma mère. C’était sans doute l’une des premières fois que je voyais mon père pleurer alors qu’ils discutaient du fait que les traitements de chimiothérapie n’allaient pas aussi bien qu’ils l’auraient espéré. Mais pourtant ils nous avaient bien dit que tout allait bien, non ? Je ressorti de la maison sur la pointe des pieds en comprenant qu’ils ne voulaient pas nous inquiéter. Même si j’avais envie de partager mon inquiétude avec Camila et Kiara cette journée-là, j’ai pris sur moi en me disant que je devais être fort moi aussi comme mes parents. Les jours s’enchainèrent, il y avait des jours plus heureux et d’autres plus malheureux. J’essayais d’être là au maximum pour mes sœurs acceptant même de partager mon lit avec elles quand elles avaient besoin de réconfort. La dernière chose que je voulais c’était déranger mon père et ma mère, maman avait besoin de toute son énergie pour reprendre des forces. Je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour les aider dès que j’en avais l’occasion. La veille de noël cette année là est sans doute l’un des plus beaux souvenirs que je conserve de ma famille. Pour une soirée, nous étions simplement une famille normale, tous les tracas de santé de ma mère semblaient être absents. Toutefois, le lendemain tout chavira vers le pire. Je me souviens très bien d’avoir grondé quand mes sœurs avaient grimpé dans mon lit du moins juste à temps que je me souvienne qu’on avait un objectif commun plus intéressant : les cadeaux de noël. Par contre notre course vers les cadeaux ne se passa pas comme prévu en allant réveiller papa et maman. Si mon père se réveilla rapidement devant notre enthousiasme, maman en revanche n’ouvrit jamais les yeux. C’est quand j’ai vu mon père s’effondrer littéralement dans une gamme d’émotions que je le croyais impossible d’avoir que je compris réellement que c’était la fin pour maman. Elle avait rejoint ce paradis qu’elle nous avait illustré à quelques reprises ces derniers mois. J’avoue qu’encore à l’heure actuelle je ne comprends pas comment notre père a fait pour tenir debout et continuer de nous élever aussi bien sans notre mère à ses côtés. Je me sentais tellement impuissant face à sa peine et j’essayais de faire ce que je pouvais pour l’aider. J’essayais d’éviter la moindre chicane entre nous pour ne pas le déranger. Je ne saurais pas dire le nombre de concession que j’a fait simplement pour que la paix règne. Si avant je pouvais être facilement insulté que mes sœurs utilisent mes jouets pour un tout autre usage, là je les laissais faire amplement. La mort de ma mère m’avait fait comprendre que tous ces objets n’étaient pas très importants au final. J’aurais donné l’entièreté de ce que j’avais pour revoir ma mère en réalité. Je me souviens encore des premières boite à lunch qu’avait fait papa pour mes sœurs, j’avais vite repasser dedans pour changer quelques items. Je savais très bien ce que Camila et Kiara n’aimaient pas et comment maman faisait normalement leur lunch. À aider papa comme ça, je m’étais rapidement rapprocher encore plus de lui et nous étions plus unis que jamais.

Je crois que malgré la psychologue que nous avons eue, je n’étais toujours pas encore en mesure de comprendre réellement et de vivre les émotions que j’avais face au décès de notre mère. J’étais en mode pilote automatique où la priorité première était le bonheur de mes sœurs, je n’avais pas le temps de penser à moi après tout c’était mon rôle de grand frère, non ? Mon vrai mur je l’ai réellement eu à mes huit ans alors que j’allais avec l’école au cinéma pour la projection de ce nouveau film de Disney dont tout le monde parlait : le Roi Lion. Je me souviens encore de cet enthousiasme que j’avais eu à aller voir ce film avec ces animaux dans la jungle, enfin quelque chose de mieux que ces princesses que mes sœurs affectionnaient un peu trop à mon goût. Toutefois, j’étais loin de me douter que l’espace de quelques instants j’allais être capable d’extrapoler ma vie à celle de ce petit lionceau nommé Simba. Tout comme moi, il avait retrouvé l’un de ses parents décédés et un torrent de larmes m’a rapidement emporté à ce moment précis. Si au début j’avais honte de pleurer devant mes amis, j’ai bien réalisé que je n’étais pas le seul à qui le film avait fait couler quelques larmes. Ce soir-là, je me souviens d’avoir attendu patiemment que mes sœurs soient endormies et que papa soit bien ancré devant la télévision du salon. Je me suis ensuite glissé à l’extérieur de ma fenêtre pour grimper sur le toit de notre maison, chose très facile pour moi comme j’avais toujours été très agile. Tout comme Simba je me souviens d’avoir regarder les étoiles dans l’espoir de voir la silhouette de ma mère ce soir-là. Je savais que ce n’était qu’un film, mais j’avais quand même cette lueur d’espoir malgré tout. Et même si la silhouette de ma mère n’est jamais apparue comme par magie, je me souviens de lui avoir raconter à quel point elle me manquait et partager les choses qu’elle avait manqué sur nos vies de là-haut. J’avais probablement vidé toutes les larmes de mon corps  possible, mais cela faisait si longtemps que je m’étais pas senti aussi léger. Parler à ma mère du haut de ce toit m’avait fait le plus grand bien. C’est également cette journée-là que j’ai eu une vraie illumination en regardant les étoiles. J’avais envie de les voir encore plus près, d’une certaine façon j’avais l’impression que je me rapprocherais de ma mère si je les atteignais un jour et de là est parti mon plus grand rêve de devenir astronaute un jour.  Une simple soirée qui avait redonné un souffle complet à ma vie, un objectif qui m’a bien motivé et aidé à traverser mon deuil en réalité. Le lendemain déjà je demandais à mon enseignante qu’est-ce que je devais faire pour devenir astronaute et j’avais souris quand elle m’avait dit que j’étais assez brillant pour le devenir si je voulais. Elle avait pris même un moment avec moi à la bibliothèque pour me montrer les sections les plus pertinentes pour moi. Je devais me démarquer surtout en science et en mathématique selon elle. Je devais travailler dur parce que c’était seulement les meilleurs candidats qui étaient pris là-bas. Plus que jamais, je redoublais d’efforts dans tous mes devoirs et bien que j’avais déjà de bons résultats à l’école ceux-ci montèrent rapidement en flèche. Il m’arrivait encore bien souvent de monter sur le toit de notre maison. Parfois c’était simplement pour parler de ce que j’avais appris à ma mère, je me faisais un plaisir de lui expliquer ce que je savais désormais sur les constellations alors que parfois je lui partageais plutôt mes états d’âmes. C’était devenu un petit rituel pour moi, le toit de notre maison était mon petit jardin secret.

C’est surtout à l’adolescence que je me rendis compte à quel point notre famille ne roulait pas sur l’or, nous ne manquions certes de rien, mais disons que mon père n’était pas du tout en mesure de pouvoir m’acheter un Game Boy comme la plupart de mes amis avaient. Finalement c’était une bénédiction pour notre famille que les deux plus jeunes soient des filles. Cela évitait une sacrée dépense à mon père de devoir racheter du linge également pour Kiara. Dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai commencé à travailler sur des petits boulots. Je ne gagnais rien de très excitant à passer le journal le dimanche matin, mais mes économies me permettaient d’avoir une certaine indépendance financière. Après tout, si j’étais en mesure de m’acheter moi-même mes pièces de vêtements, mon père avait plus de ressources financières à attribuer pour mes deux sœurs et c’est ce qui me motivait à continuer de travailler. À un seul salaire il était évident que mon père ne pouvait faire de miracles et c’était ma façon à moi de l’aider. L’entrée au lycée à mes 14 ans fut un point marquant dans mon parcours de vie, toujours aussi déterminé à devenir astronaute j’avais rapidement rencontrer la conseillère en éducation de mon école pour m’assurer de faire un parcours dans cette direction. Apparemment, les activités extrascolaires m’aideraient toujours à me démarquer dans mes candidatures, c’est donc pour ces raisons que je rejoignis à la fois le club de badminton et le club de sciences de l’école. Pour mon futur métier, je devais certes être développé mentalement, mais également physiquement. La puberté eut pour effet comme bien d’autres jeunes de mon âge d’avoir un regard très nouveau sur les jeunes femmes qui m’entouraient. C’est à ce moment que j’ai réalisé que les filles qui gravitaient parfois autour de moi n’avaient peut-être pas simplement un intérêt amical face à moi et je dois avoué que ça me faisait bizarre. Comme si un tout nouveau monde venait de s’ouvrir à moi où j’apprenais réellement pour la première fois que j’étais plutôt beau gosse. Mais avais-je vraiment le temps d’avoir une relation ? Entre mes petits boulots, mes activités extra-scolaires, je savais très bien que la réponse était non. Je devais me concentrer avant tout sur mon projet et ne pas me laisser distraire pour une relation qui ne durerait probablement pas de toute façon. Ma vision de la chose changea du tout au tout néanmoins quand Camila débarqua un soir dans ma chambre visiblement très gênée. Ce fut au bout de plusieurs minutes malaisantes que je compris qu’elle était en fait devenue une femme et qu’elle était beaucoup moins gêner de m’en parler qu’à notre père. C’est devant une allée plein de produits féminins que j’ai réalisé pour la première fois à quel point l’absence de notre mère dans notre vie devait être pesante autant pour mes sœurs que pour mon père. Dépourvu, j’ai décidé cinq paquets différents de serviettes sanitaires ne sachant absolument pas ce qui était le mieux pour ma frangine. Pour la première fois de ma vie, je me sentais si peu outillé face à mes sœurs et je savais que ce n’était que le début. Qui leur apprendrait à se maquiller ? Certainement ni moi ni mon père. C’est à ce moment-là que j’ai vu réellement le bénéfice d’avoir une copine. Il n’y a aucun doute que c’est vers elle que je me serais retournée ce soir-là.

Comme si le destin s’était chargé de m’aider, le lendemain à l’école Chanel m’approcha pour me proposé d’aller prendre un café, une offre que je me surpris d’accepter. Disons qu’à la base ce n’est certainement pas vers ce genre de filles que je me serais tourné, il n’y avait pas plus féminine qu’elle pour tout dire dans toute l’école. Elle était toujours bien habillée et maquillée, je me doutais que d’ici la fin du lycée qu’elle serait à la tête de l’équipe des pom-pom girls. Si je ne comprenais pas réellement pourquoi elle m’avait eu dans sa mire au tout début alors que la plupart des gars du lycée me jalousaient, je compris mieux quand je vis la difficulté qu’elle avait en mathématique. Ce n’était pas un secret pour personne que j’étais plutôt doué dans la matière. Notre relation n’a peut-être pas débuté sur des raisons très nobles, elle qui cherchait plus du tutorat mathématique gratuit alors que moi j’en retirais l’avantage d’avoir des précieux conseils pour mes sœurs. Malgré tout, nous avons réellement développé un attachement sincère face à l’un et l’autre au fil du temps. À deux nous étions décidemment plus fort et j’appréciais cette relation. Chanel avait beau avoir l’air de la pire des garces quand nous étions à l’école, elle était totalement différente dès que nous étions chez moi. Fille unique, elle avait rapidement développé une relation avec mes deux sœurs et pour tout dire sa présence faisait vraiment une véritable dans notre quotidien. Dire que nous étions fous amoureux l’un de l’autre serait de toute évidence très faux, mais nous étions heureux malgré tout comme ça. Je commençais même de plus en plus à apprécier sa bande d’amis que je trouvais si superficiel à la base. Sans même m’en rendre compte, j’étais dans la bande qualifié des plus cool de l’école, moi ce petit nerd qui n’aurait jamais eu sa place là normalement. C’est néanmoins grâce à eux que j’ai eue certainement une vraie vie étudiante normale et que j’ai sorti la tête de mes bouquins plus d’une fois. Pour les 13 ans de Camila, Chanel m’aida à rassembler plusieurs produits de qualité pour lui faire une trousse de maquillage de départ. Petit luxe que je pouvais me permettre grâce à mon travail à temps partiel. Pour moi c’était si important que mes sœurs ne manquent de rien à cause de notre situation familial et je me doutais que le maquillage n’était pas dans la liste de priorité de mon père. Bien entendu, j’offris la même trousse à noël à Kiara quelques jours plus tard. Même si mon cœur de grand frère avait encore beaucoup de difficulté à se faire à l’idée que mes sœurs grandissaient et que ça voulait dire que les hommes allaient commencer à leur courir après, j’avais parfaitement conscience qu’elles grandissaient et qu’elles étaient rendues à cette étape de leur vie. Même si Kiara n’avait pas encore l’âge de Camila, il était certain qu’elles se partageraient à deux la trousse de la plus vieille le cas échéant. Elles étaient tellement fusionnelles ces deux-là c’était une évidence qu’elles allaient explorer l’univers de la mode et du maquillage ensemble. Un sourire se dessina sur mes lèvres le jour de noël alors que je vis mes sœurs bien emballées avec Chanel qui leur expliquait plus en détails les différents produits et leur donnait déjà quelques conseils pour l’utilisation. Encore une fois, je n’en revenais pas à quel point ma petite amie pouvait avoir si mauvaise publicité sur le monde extérieur. Au fond, elle avait un cœur en or et des belles valeurs. Provenant d’une famille chrétienne, elle portait une bague de chasteté toujours au doigt. Pour elle le mariage était un passage obligé pour unir le corps de deux individus. Je crois d’ailleurs que c’est l’une des raisons pour lesquelles elle était si attaché à moi, j’étais loin de lui mettre de la pression contrairement à un mec comme Jared qui se vantait toujours de coucher avec toutes les filles du lycée.

Il n’y avait pas à dire, le club de sciences était décidemment l’une des activités que je préférais au monde. J’adorais littéralement ce petit groupe, nous étions réellement proches et l’on pouvait facilement se supporter à l’extérieur de l’école. J’étais plutôt optimiste de rencontrer les nouveaux membres de cette nouvelle cohorte pour tout dire, un optimisme qui descendit en flèche en rencontrant Tamara pour la première fois. J’avais l’habitude de surpasser les gens de mon groupe niveau connaissance, mais c’était loin d’être le cas avec elle. Mais d’où sortait-elle ? D’une école de surdouée ? Et sans trop savoir pourquoi, elle semblait ne pas m’apprécier et c’est ce qui m’agaçait le plus en réalité. Il y avait toujours une énorme rivalité perceptible entre elle et moi, ce n’était un secret pour personne dans notre équipe. Au fond de moi j’avais envie de la détester autant qu’elle semblait me détester. Pourtant, d’un autre côté cette fille me fascinait totalement. Tamara était une énigme pour moi que je rêvais de résoudre en réalité. Et même si la cubaine était particulièrement jolie il fallait l’avouer ce n’était pas ça qui m’impressionnait le plus chez elle. J’aimais sa façon de parler, de penser et de défendre ses idées. Voulant sans doute alléger le climat dans notre groupe, notre coach décida du jour au lendemain de changer nos équipes de base et de former des duos. Je n’avais pas l’air enjoué à l’annonce, mais c’était bien du bluff. J’avais envie réellement de la connaitre davantage pour tout dire, mais je n’allais quand même pas lui faire plaisir en lui démontrant alors qu’elle semblait totalement énerver à l’idée d’être en duo avec moi. S’il y avait beaucoup d’animosité à nos premières rencontres, un climat amical s’installa néanmoins entre nous au bout de quelques rencontres. C’était cette occasion de découvrir des facettes que nous ne connaissions pas sur l’autre. Plus j’apprenais à découvrir Tamara et plus je réalisais qu’au fond j’éprouvais des tout nouveaux sentiments bien inconnus auparavant. Était-ce cela vraiment l’amour ? Si oui, il était évident que ma relation avec Chanel était bien bidon. Toutefois la fin d’année approchait de plus en plus, j’avais déjà invité ma petite amie au bal de promo. Est-ce que je pouvais vraiment faire marche arrière ? Vu l’importance que Chanel accordait au lycée et son image, je sais très bien que ça serait presque une humiliation publique pour elle. Non, je ne pouvais pas lui faire ça, pas après autant de temps passé ensemble. Elle m’avait trop apporté ces dernières années. Et puis de toute façon, cela ne voulait pas dire que Tamara ressentait la même chose face à moi donc c’était probablement un risque inutile à prendre. Toutefois, une chose que je savais c’est que notre amitié était réellement forte entre nous. Il y avait tellement peu de gens à qui je m’ouvrais réellement sur le décès de ma mère alors qu’avec Tamara j’avais l’impression de pouvoir tout lui dire. Il fallait dire que la petite Billie avait beaucoup aidé à ouvrir la discussion. Je me reconnaissais beaucoup en la petite qui avait été orpheline dans les mêmes âges que moi et je m’étais beaucoup attaché à elle pour tout dire. Je me souviens de l’avoir consoler quelques fois en lui partageant ma propre expérience. Certes le contexte était très différent entre elle et moi, j’avais eu encore mes deux sœurs et mon père suite au décès. Je n’avais pas perdu tout ma famille d’un coup et c’est surement en discutant avec Billie que je reconnaissais toute la chance que j’avais eu malgré tout dans cette épreuve. Et puis, il y eut cette soirée entre Tamara et moi qui changea réellement toute notre relation du jour au lendemain. Ce soir-là à la base on était sur un simple projet scientifique qui nous cassait la tête depuis des mois. Et une illumination est venue tout droit de nulle part et nous avons ENFIN réussi à trouver la solution après tout ce temps. Sautillant de joie avec autant de frénésie que si nous avions trouver le remède à un virus mondial, nos lèvres se sont rapidement soudées pour la première fois. J’aurais aimé pouvoir dire à l’époque pour me faire bonne conscience comme j’étais déjà en couple que c’était un petit baisé léger sans trop d’importances, mais en réalité ce baisé a beaucoup trop été prolongé longtemps pour le qualifier ainsi. Un baisé que je me mis à regretter bien vite alors que Tamara commença à m’éviter dès le lendemain. Traitement silencieux qu’elle me réserva d’ailleurs pour le reste de l’année scolaire et qui me fit plus mal que je ne l’aurais pensé.

Si de mon côté, j’étais un peu plus marabout qu’à l’habitude à la maison ce n’était rien en comparaison à l’humeur du moment de Camila. Est-ce qu’il c’était passé quelque chose pour elle ? Si je ne prenais pas personnel le fait qu’elle m’évite pour s’enfermer dans sa chambre pendant des heures, je ne comprenais pas du tout qu’elle offre le même traitement à Kiara en revanche. Même si j’essayais d’être plus présent pour elle, j’avais l’impression de me prendre un mur de brique en pleine figure à chaque fois et j’ai arrêter d’insister pour ne pas détériorer notre relation. Je ne savais pas exactement ce qu’elle traversait, mais ça me tuait en tant que frère de la voir aussi malheureuse. La fin d’année approchait à grand pas et les choses ne semblaient pas allez mieux pour elle. De mon côté j’avais déjà fait plusieurs demandes de bourses à différentes universités. Il fallait être réaliste avec le budget de notre famille c’était bien l’un des seuls moyens pour que je puisse aller dans une université prestigieuse. Entrer à la NASA était difficile, une université plus renommée m’aiderait sans aucun doute plus sur mon curriculum vitae que l’université d’Hilton pour atteindre le programme de formation d’astronautes. C’est en allant chercher le courrier que je vis que j’avais reçu déjà plusieurs lettres d’université. Est-ce qu’il y avait des réponses positives dans l’une d’entre elle ? Bien entendu, la lettre de l’université d’Hilton me confirma l’admission évidente que j’avais présagé. Toutefois, l’épaisseur de celle de San Diego me laissait croire que ce n’était pas non plus un refus. Et voilà que je découvrais sous mes yeux que tous mes efforts que j’avais fait ces dernières années n’avait pas été fait pour rien. Autant que j’étais fier de l’admission que d’un autre côté je n’étais pas capable de me réjouir pour autant. Pouvais-je vraiment partir d’ici pendant toute l’année scolaire loin de mes jeunes sœurs ? L’état actuel de Camila me disait bien le contraire. Allais-je réellement être capable de me concentrer là-bas alors que je savais que ma sœur n’allait pas bien au quotidien ? Je savais que la réponse était négative à cette question. J’avais beau être dans la meilleure université si je n’étais pas capable d’investir mon mental à 100% je ne pourrais jamais avoir les notes qui me fallaient pour autant. Et c’est à ce moment que j’ai réalisé qu’il était mieux pour moi d’aller à Hilton, je n’étais pas capable d’abandonner ma famille tout simplement. Et ce fut le premier vrai mensonge que je fis à mes sœurs, si normalement j’étais toujours honnête avec elles, je ne voulais pas qu’elles se sentent mal que je reste à Hilton pour elles. Et donc, je leur avais tout simplement dit que je n’avais pas obtenu de bourses ce qui était totalement faux alors que j’avais obtenu en réalité trois bourses sur les cinq universités à lesquelles j’avais postulé.

Si le début de ma vie universitaire allait plutôt bien, à la maison par contre c’était tout autre chose, je voyais bien que l’état de ma plus vieille sœur avait dégradée. J’essayais d’être présent pour elle quand j’en avais l’occasion et ça me confirmait à quel point j’avais bien fait de rester à Hilton. J’aurais été mort d’angoisse si j’avais été à San Diego, j’en étais convaincu. Cette session-ci j’avais pris un cours à option ce qui voulait également dire qu’il n’y avait pas beaucoup de gens que je connaissais dans cette classe, les cours à options regroupaient souvent plusieurs programmes différents de n’importe quelle année. Et pourtant c’est quand le prof posa une question que je reconnue une voix qui se dépêcha de répondre avant moi. Est-ce que c’était vraiment Tamara ? En me retournant, je la vis alors pas très loin de moi dans la classe. Elle était seule elle aussi ce qui présageait qu’elle ne connaissait pas beaucoup de gens dans ce cours non plus. Quand le prof annonça alors qu’il y aurait un travail en équipe de deux, mon premier réflexe fut d’aller proposer à Tam de le faire ensemble à la fin de la classe. Je ne savais pas si elle m’en voulait encore, mais il n’y avait aucun doute que nous serions une équipe du tonnerre. Nous étions tous les deux très sérieux dans nos études et j’avais bonne espérance que ça suffirait à Tamara comme raisons de se mettre avec moi au lieu d’un inconnu. Comme de raison, la cubaine accepta bien que j’avais l’impression que c’était néanmoins à contre cœur. Ce projet nous rapprocha de nouveau, je sentis qu’elle fut plutôt surprise de savoir que j’avais finalement rompu avec Chanel. À la graduation, nous avions tout les deux convenus qu’il était irréaliste de continuer alors qu’elle s’en allait étudier dans l’Est du pays et nous nous sommes donc séparés en bon termes. Ce serait bien faux de dire qu’il n’y avait aucune chimie entre nous alors que nous nous retrouvions soit à la bibliothèque ou chez elle pour travailler sur notre projet. Cette complicité et cette attirance était si naturelle entre nous pour tout dire, je savais que de jour en jour j’en devenais de plus en plus amoureux. Toutefois, je craignais de faire les premiers pas s’en trop savoir pourquoi. Peut-être que j’avais peur qu’elle me repousse ? C’est l’alcool qui a finalement été le petit coup de pouce dont nous avions réellement besoin pour nous lancer. La faculté de génie de l’université organisait toujours les meilleurs partys alors que la bière n’était que 2$, une sacrée aubaine avec un budget étudiant. Si j’avais l’habitude d’y prendre part avec mes potes, je fus plutôt surpris d’y voir Tamara ce soir-là. Je lui fis un salut de loin alors que je jouais à une partie de Beer Pong avec mes amis. Partie que j’avais bien hâte qui se termine alors que je n’avais qu’une envie et c’était d’aller la rejoindre. Lui jetant des regards dès que j’en avais l’occasion, je la vis avec un autre mec et une pointe de jalousie naquit en moi aussitôt. Quand je vis le malaise qu’elle semblait avoir face à lui et ce dernier qui s’en allait mettre sa main directement sur ses fesses, je suis intervenu aussitôt en m’imposant entre les deux. Je m’étais alors retourné vers elle pour lui demander si ça allait et c’est à ce moment-là que la brune se précipita à mon cou pour m’embrasser. C’est sans grande surprise que je ne suis jamais retourné à ma petite partie de Beer Pong ce soir-là. Ce fut en réalité le vrai début de notre histoire d’amour à tous les deux. Totalement en phase lune de miel, nous passions la majeure partie de notre temps ensemble tous les deux et ça même si Tamara souhaitait prendre son temps au niveau sexuel. L’avoir simplement dans mes bras les soirs me suffisait amplement pour le moment de toute façon. Sans trop savoir pourquoi, je n’ai pas abordé une seule fois le sujet de Tamara devant mes sœurs. Une partie de moi était terrorisée par cette idée. Je voyais déjà Cami et Kiara beaucoup trop heureuse de cette nouvelle. Il ne fallait pas me connaître beaucoup pour voir qu’il y avait des étoiles dans mes yeux dès que je prononçais le nom de la cubaine. Et avouer à mes sœurs que j’étais si amoureux, si vulnérable, était une plus grosse étape que je ne l’aurais pensé. Je sais très bien que Tamara trouvait cela bizarre que je ne lui présente pas ma famille. Je parlais tellement souvent d’eux que ça ne faisait aucun sens. Toutefois, elle ne m’a jamais brusqué non plus pour les rencontrer et ça ne nous a pas empêcher non plus quelques mois plus tard d’unir nos corps pour la première fois. Si au tout début c’était notre décision commune de ne pas s’afficher ensemble à l’université, je compris rapidement que Tamara était prête à s’assumer tant qu’à elle devant la terre entière ce qui me fit rapidement peur. J’aurais bien aimé à cette époque comprendre pourquoi j’agissais comme cela par instinct, comprendre à quel point les démons de mon passé étaient loin d’être surmonter et que j’avais beaucoup de travail à faire sur moi. Au lieu de ça, en-dehors de notre nid d’amour j’agissais avec elle comme si elle n’avait pas une place aussi importante dans ma vie qu’elle ne devrait l’avoir en réalité si c’était proportionnel aux sentiments que j’avais face à elle. Et le pire scénario arriva à la fin d’année scolaire, Tamara avait obtenu une bourse à Houston et allait quitté Hilton pour de bon. Une nouvelle qui fit chavirer mon cœur bien plus que je ne l’aurais pensé, autant j’étais heureux pour sa bourse que d’un autre côté je voyais cela comme une trahison qu’elle décide de quitter notre « couple ». Était-ce parce que je ne l’avais pas assez incluse dans ma vie ? Je n’en savais rien, mais je savais que les études étaient beaucoup trop importante pour qu’elle n’accepte pas cette proposition. C’est donc le cœur chaviré que je l’ai laissé partir. Mon premier mois sans elle fut sans doute le pire de tous, je n’avais ni envie de manger ni de parler à quiconque. Mon cours d’été soi-disant difficile n’était qu’une excuse pour m’enfermer dans ma chambre à m’apitoyer sur mon sort en écoutant du Hollywood Undead dans mes écouteurs. Et après ce mois interminable, j’ai réalisé qu’il était impossible pour moi de vivre sans Tamara. Sur un coup de tête, j’ai pris un billet d’avion pour Houston. Il y avait bien une université publique à Houston qui accepterait de me prendre. Certes, Tam n’allait pas être dans mes cours, mais nous pourrions quand même être ensemble en-dehors de l’université. Arrivé dans l’avion, j’étais non seulement fébrile d’aller rejoindre Tamara, mais également de faire enfin mon premier vol en avion de ma vie. J’avais tellement hâte de voyager au-dessus des nuages pour la première fois que j’avais même pris un billet du côté des hublots. Toutefois, le trajet ne se déroula pas du tout comme je l’avais prévu. Physiquement, je n’étais pas du tout bien durant le voyage. Si le décollage m’avait paru atroce, chaque turbulence dans le ciel me faisait paniqué à la moindre occasion. Si je n’avais pas été un être si rationnel dans ma vie, j’aurais même pu croire que dans une autre vie j’étais mort dans un accident d’avion tellement je ne me sentais vraiment pas bien. C’est littéralement détruit mentalement que je sortis de l’avion cette journée-là. Je n’étais pas imbécile, je savais très bien qu’il y avait beaucoup de chance que je n’arriverais pas à réaliser mon rêve même quand j’étais tout petit. Par contre, j’étais loin de douter que la principale raison viendrait de moi et de ce malaise que j’avais dans ce type de transport. Comment pourrais-je envisagé de monter à bord d’une fusée alors que nous ne serions jamais à l’abri des météorites là-haut dans l'espace ? Je venais de me prendre une claque en pleine figure, je devais être réaliste je ne serais jamais astronaute.

Une révélation qui me chamboula beaucoup plus que je ne l’aurais envisagé, j’avais l’impression d’avoir investit toute ma vie sur un projet de façon totalement inutile. Si bien que l’envie de voir Tamara ce jour-là disparut et que je pris cette fois-ci le bus pour retourner en Californie. J’étais anéanti, je savais que c’était idiot, mais au fond de moi j’avais l’impression de trahir la promesse que j’avais fait à ma mère quand je lui parlais tout petit sur ce toit. J’avais l’impression qu’elle devait être déçue là-haut et cette simple idée me détruisait de l’intérieur. Après mes deux jours passés en autobus, je finis par me dire que ma peur de l’avion c’était peut-être simplement relié au fait que c’était la première fois. J’ai décidé de ne pas me laisser abattre et c’est vers un musée des sciences que je me suis retourné. Cet endroit où j’avais si longtemps rêvé de passer un été entier dans un camp d’aérospatial. Essayant le parcours d’entrainement typique d’un astronaute, je me rendis vite compte que je détestais largement la plupart que ce soit la salle en impesanteur où même les simulateurs de vol. Ce n’était même pas uniquement la peur qui m’habitait, je n’avais simplement aucun plaisir dans ces activités en réalité. Comme une personne à la bouche fine qui s’était inscrit en cuisine et qui réalisait aujourd’hui qu’en fait elle détestait produire elle-même des recettes.

Les semaines qui suivirent ne fut certainement pas les plus glorieuses de ma vie, entre l’absence de Tamara dans ma vie et la perte de mon objectif le plus précieux, j’avais l’impression d’avoir perdu tout repère dans la vie. Non seulement j’avais commencé à faire le strict minimum dans mes cours ce qui ne me ressemblait pas du tout, mais j’avais également commencé à sortir beaucoup plus les soirs dans les bars pour me défouler. À la maison, j’essayais de cacher mon humeur exécrable pour ne pas inquiéter ma famille, mais mes sœurs remarquèrent rapidement que quelque chose clochait chez moi. Rapidement, j’eus le droit au premier vrai gros conflit avec mon père alors qu’il me reprocha d’avoir ramener une fille inconnue aux petites heures de la nuit. Je n’étais pas un bon exemple selon lui pour mes sœurs. Était-il vraiment sérieux ? J’en conviens que c’était délicat comme situation, mais c’était quand même un peu exagéré sa réaction. J’étais loin de montrer le mauvais exemple, je montrais plutôt à mes sœurs qu’il n’y avait aucun mal à avoir une histoire d’une nuit et de ne pas en avoir honte. C’est à partir de ce moment-là que je compris que je n’allais pas rester au nid familial très longtemps encore. Mon petit cirque dura encore quelques temps, du moins juste à temps que mes sœurs soient plus malines que moi et m’interceptent à l’avant de la maison à 3h du matin alors que j’arrivais tout droit des bars. Si j’ai bien essayé de les faire dégager en prétextant vouloir dormir, je compris rapidement que je ne me sauverais pas de leur petite intervention familiale. Fortement intoxiqué par l’alcool à ce moment, je ne fus même pas en mesure de cacher mes émotions du moment et c’est en pleurs que je finis par tout leur raconter ce qui s’était passé que ce soit avec Tamara ou mon rêve de devenir astronaute qui s’était envolé. Je suis loin de me souvenir parfaitement de tout ce que nous avons parler ce soir-là, je me souviens de m’être réveillé dans mon lit en sardine entre mes deux sœurs et le cœur plus léger de m’avoir enfin confier à quelqu’un.

Les années suivantes se déroulèrent tout de même en douceur, j’avais eu la chance d’avoir des postes d’auxiliaire d’enseignement à l’université. J’adorais aider les élèves en difficulté dans les cours et ce fut une vraie révélation pour moi pour la suite. À partir de ce moment-là, j’ai décidé de me retourner plutôt vers l’enseignement des sciences pour ma carrière. À la fin de l’université j’obtenu un poste de suppléant à Hilton High, je compensais le tout avec du tutorat privée. J’avais décidé de quitter finalement la maison. Mon père était de nouveau en couple, Camila à l’étranger et ma sœur Kiara à fond dans ses études de toute façon. Il était juste le temps pour moi de prendre mon envolé dans ma vie d’adulte. Niveau amour, j’avais eu quelques intérêts amoureux, mais rien qui n’arrivait à la cheville de Tamara et qui méritait de m’investir davantage qu’une histoire de sexe. Mais bon, j’aimais ma vie comme ça malgré tout et avec les années d’expériences que j’accumulais, on m’offrit aux bouts de quelques années un poste à temps complet d’enseignement à l’école. Dans mes loisirs, j’allais régulièrement voir des concerts, un petit plaisir que je ne pouvais pas me permettre ni en termes de temps ni d’argent durant mes études. Je n’avais pas forcément de gens pour m’accompagner, mais je m’en fichais royalement. Je n’avais aucune difficulté à rester seul pendant des heures et bien souvent il m’arrivait de me faire des amis là-bas pour tout dire. C’est par un soir d’été au concert de Steel Panther que j’ai rencontré Heather pour la première fois, Michael Starr le chanteur du groupe venait d’encourager au micro les femmes présentes dans la foule de montrer leurs seins ce qui m’avait fait rire aux éclats. Ce groupe était tout simplement incroyable et totalement fou. Et à ce moment bien précis, une petite blonde m’avait tapé sur l’épaule et supplié que je la prenne sur mes épaules. Requête que j’ai acceptée avec joie parce que je trouvais ça plutôt drôle et que j’étais un bon vivant. Ce n’est que quelques secondes plus tard que je réalisais qu’en fait la blonde faisait exactement ce que le chanteur avait demandé au sommet de ma tête. Je n’en revenais tout simplement pas. Une fois redescendue on prit la peine de se présenter et on alla même jusqu’à passer la nuit ensemble. Passionnée autant de musique que moi, Heather m’accompagna aux prochains concerts que j’avais et j’avais décidé de faire la même chose de mon côté. Une amitié avec bénéfices plutôt inattendue qui se transforma rapidement en quelques choses de plus sérieux au fil du temps si bien que Heather déménagea même de Los Angeles pour me rejoindre et se trouva un nouveau emploi dans un cabinet d’avocat de la ville. Notre vie se passait plutôt bien à deux, du moins je le croyais avant qu’on se rendre au mariage de sa meilleure amie. C’est le regard plutôt amer que je la regardais dire à ses amies à table que nous étions sans doute les prochains à nous marier et à avoir un enfant. Était-elle sérieuse ? Si je n'avais pas eu peur de présenter Heather à mes sœurs cette fois, en revanche la peur de l’engagement revint à vite allure. J’aimais ma petite amie, peut-être pas autant que j’avais aimé Tamara, mais je l’aimais sincèrement néanmoins. Pourquoi j’avais si peur de lui mettre la bague au doigt ? Le mois qui suivit fut sans doute le pire de notre couple, dispute après dispute sur le fait que j’étais complètement fermé à l’idée d’avoir un enfant un jour ou même de me marier. Heather de son côté ne se voyait pas du tout ne jamais être mère et je ne pouvais lui en vouloir, au bout de nos trois ans on venait de se rendre compte qu’on n'avait jamais pris la peine de parler d’un les trucs les plus fondamentaux d’un couple. C’est le cœur gros qu’on décida donc de rompre. Après notre rupture, je suis allé noyer ma peine dans le bar du coin. Totalement ivre, j’ai soupiré longuement en appelant pour un taxi quand la téléphoniste m’a dit qu’il y avait plus d’une heure d’attente. En bel idiot, je me suis dit que ce n’était pas si grave de prendre ma voiture pour à peine cinq minutes de trajet. Concentré sur la route, je fis un énorme saut en voyant un chat traversé la rue si bien que j’ai appuyé beaucoup trop brusquement sur les freins. Ma voiture a alors fait quelques 360 degrés avant de foncer tout droit dans un lampadaire. Le lendemain je me suis réveillé à l’hôpital, j’avais eu de la chance comme j’étais en état d’ivresse mon corps avait bien amorti les chocs de l’impact. Je n’avais presque rien physiquement. En revanche ma voiture était une perte totale et le taux d’alcoolémie présent dans ma prise de sang venait de me condamner pour conduite avec facultés affaiblies. Je perdis mon permis de conduire pour quelques mois en plus de devoir payer une contravention assez salée. À tout cela s'ajoutait des travaux communautaires que j’étais obligé de faire et on m’obligea également à allez voir une psychologue pour mon problème d’alcool. Est-ce qu’ils étaient vraiment sérieux avec ça ? C’était totalement con, j’avais déconné une seule fois après tout. C’est plein de mauvaise foi que j’étais arrivée dans le bureau de ma psy à notre première rencontre. J’étais loin de me douter à ce moment-là que j’allais en fait trouver la vraie aide que j’avais sans doute besoin depuis tout ce temps. Une oreille qui me ferait réaliser et comprendre les comportements que j’avais eu dans ma vie entière. C’est dans ses séances que j’ai réalisé que j’avais peur de m’engager simplement parce que j’avais peur de souffrir un jour comme mon père quand il avait perdu ma mère. C’était un mécanisme de protection que je m’imposais sans le savoir pour ne pas vivre ce traumatisme dans ma vie. Des séances qui finalement durèrent plus d’un an, mais qui me permis réellement de faire une croix sur plusieurs démons de mon passé. Au final mon accident de voiture n’avait pas été négatif, il m’avait mis sur le chemin la personne dont j’avais vraiment besoin dans ma vie à ce moment-là.

Je ne savais pas ce qui était le plus déconcertant de ces derniers mois, le fait que Kiara avait était en couple avec un véritable escroc pendant toutes ces années ou bien le fait qu’elle venait de nous annoncer qu’elle était enceinte d’un pur étranger ? Déjà que je me sentais bien idiot de ne pas avoir vu la faille de l’escroc en tant que frère, sa grossesse en revanche je ne savais pas du tout quoi en penser. Était-ce une bénédiction ou une malédiction ? Je n’en savais rien. Toutefois, je la trouvais tellement forte de vouloir garder ce petit et d’être une mère monoparentale. Encore une fois, l’une de mes sœurs me surprenaient encore. Petit à petit, l’idée d’être bientôt oncle grandissait en moi et le fait que c’était un petit garçon aidait encore plus. Ce fut sans doute la première fois que j’ai réellement pensé à l’idée de devenir père. Le fait qu’un jour un Jackson Junior pourrait joué avec l’enfant à naître de Kiara. Si ma sœur était capable d’avoir un enfant seul, c’est bien la preuve que c’était bien idiot d’avoir peur dans le passé avec Heather. Je devais prendre les conseils de ma psychologue et commencer à avancer dans la vie. Ce jour-là, je me rendis au bureau d’Heather. Toutefois, je ne sortis jamais de ma voiture pour aller à sa rencontre parce que je la vis sortir de sa voiture avec un ventre bien rond de femme enceinte. Heather avait de toute évidence refait sa vie et j’avais manquer ma chance. Au lieu de noyer ma peine cette fois dans l’alcool de nouveau, je partis plutôt vers le refuge animalier et c’est à ce moment-là que Lucky entra dans ma vie officiellement. Ce fut littéralement le coup de foudre entre lui et moi dès la première caresse. Je ne savais peut-être pas où allait ma vie encore à cent pourcent, mais il était certain que ce chien m’apportait beaucoup de bonheur au quotidien et m’aidait à ne pas sombre dans une certaine solitude. Quelques mois plus tard, ma sœur donna naissance au petit Noam, une vraie bénédiction pour notre famille finalement. Dès que je le pris dans mes bras pour la première fois, je savais très bien qu’un petit poupon comme ça était décidemment l’un de mes prochains réels objectifs de vie. Pour ça, il me resterait encore à trouver une chaussure à mon pied, mais pour une rare fois j’avais foi en l’avenir et je voulais laisser le passé dans le passé. J’avais envie de trouver une femme que j’allais vouloir épouser et avec qui je voudrais fonder une famille. Qui sait ce que me réserverait l’avenir ?