it’s very hard to live up to an image

Rock n’ Roll, baby

Nicholas se rappelle de la première fois qu’il a été en contact avec le Rock n’ Roll; du moins, la première fois qu’il s’en rappelle. Ses parents leur avaient acheté, à sa soeur, son frère jumeau et lui, le VHS du film Lilo et Stitch de Disney et il était tombé en amour avec la musique d’Elvis. Chaque fois que les scènes avec la musique passaient, il se levait pour danser, c’était plus fort que lui. À quatre ans et demi, il avait supplié ses parents de lui acheter un CD du King du Rock n’ Roll. Quand, enfin, il l’avait eu, il l’écoutait constamment, que ce soit dans son Discman ou dans la radio qui avait un lecteur CD dans le salon. Toutefois, si vous lui demandez pour Lilo et Stitch, il niera tout, même s’il a toujours un faible pour cette histoire.

On peut dire que la famille Brown De Meyer a toujours été unie. Nicholas a grandi avec des parents aimants, un jumeau pour l’accompagner dans toutes ses activités, une grande soeur avec qui il s’est toujours bien entendu. Une multitude de bons souvenirs d’enfance parsèment sa mémoire. Il aurait aimé se rappeler du Canada, mais son jumeau et lui n’avaient que deux ans et demi quand ils sont partis vivre à Seattle pour le boulot de leur père. Seattle, par contre, il en garde de merveilleux souvenirs. Leur mère était à la maison avec eux les deux premières années et, si on lui demande aujourd’hui, il suppose que c’est une majeure raison pour laquelle il est si proche d’elle. Il aime bien jouer à l’indépendant pour paraître adulte et mature (même si, en réalité, même du haut de ses vingt-quatre ans, c’est fortement discutable), mais il a toujours besoin d’elle et passe peut-être beaucoup plus de temps chez elle qu’il ne le devrait pour garder son image d’adulte mature, mais il ne s’en prive pas pour autant. Surtout sachant les tragédies qui ont secoué sa famille dans les dernières années… Nous y reviendrons.

Propulsé par son amour du rock, particulièrement de l’énergie du rock n’ roll, Nicholas a demandé vers ses sept ans pour prendre des cours de guitare. De nature assez extravertie dès son plus jeune âge, aimant bien recevoir de l’attention — on va l’admettre —, il se voyait déjà performer des solos de guitare sur scène. Mais, pour commencer, il a appris la guitare accoustique, pour finalement se tourner bien vite à la guitare électrique. Il était encore heureux pour le reste des membres de la famille Brown De Meyer — et leurs oreilles — qu’ils avaient un garage dans lequel il pouvait répéter jusqu’à ce que le bout de ses doigts saignent. Au fil des années, son amour pour la musique n’a fait que grandir. Les murs de sa chambre étaient recouverts de posters de groupes de musiques rock ou même punk, ou littéralement de musiciens qu’il admirait, comme Chuck Berry ou Jimmi Hendrix, en plus de multiples piles de CDs. Rapidement, son groupe préféré est devenu Eagles; il adore leur vibe, leur énergie. En 2009, il a délaissé son Discman dans un coin de sa chambre pour un iPod Classic 7ème génération qu’il a et utilise toujours à ce jour, même au profit de son téléphone cellulaire. D’ailleurs, si vous avez quelque chose d’urgent à lui dire, vaut mieux l’appeler directement, car il n’aime pas trop texter et a tendance à oublier son iPhone dans un coin de l’appart ou dans son sac, ou même dans sa voiture. Il n’a même pas de musique dessus. Si son iPod venait à briser… vaut mieux ne pas trop y penser. Il aurait le coeur brisé.

Environ douze ans plus tard, vers ses presque quinze ans, voilà la famille Brown De Meyer qui déménage de nouveau, cette fois-ci dans une petite ville californienne du nom d’Hilton. La nouvelle n’a pas trop plus à Nicholas au début, il a même boudé ses parents pendant des semaines. Mais quand il s’est aperçu que la météo était beaucoup plus agréable qu’à Seattle et qu’ils étaient proches de Los Angeles — Los Angeles, tous les concerts où il pourrait aller! —, il a tranquillement changé d’avis, bien qu’il ait continué de bouder ses parents un moment juste parce que.

Il s’est tout de suite senti à sa place au lycée d’Hilton. Peu timide — c’est même tout le contraire —, il s’est rapidement fait de nouveaux amis, en plus qui partageaient un grand intérêt pour la musique tout comme lui. C’est d’ailleurs à ce moment qu’il a rencontré Anthony; bien que leurs personnalités soient plutôt différentes, ça s’est avéré être un bon match. Ces deux-là n’ont pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre et bien s’entendre. Ils ne seront pas le genre de potes à montrer tellement leur affection l’un pour l’autre, ils ont plus l’air de se taquiner et de se piquer sans cesse, mais au fond, Nicholas aurait de la misère à se passer d’Anthony. Leur premier groupe ensemble s’appelait Crap, et bon, ça n’a pas été un fort succès, mais Nicholas considère qu’il ne serait pas le même sans cette expérience. Ce groupe lui a appris quoi ne pas faire, par exemple. Ils ont joué dans d’autres groupes par la suite, parfois ensemble, parfois chacun de leur côté, pour finalement créer les Backbone ensemble. Le groupe tient toujours à ce jour et se produit parfois sur des petites scènes du coin. Il arrive à Nick de chanter certaines chansons ou certains couplets ou refrains, mais il ne se considère pas du tout comme le chanteur principal, préférant se concentrer sur la guitare.

Nicholas n’a jamais été du genre à pouvoir rester en place plus de quelques minutes. Il doit toujours être en train de faire quelque chose, et regarder la télé, pour lui, ça ne compte pas. Alors qu’il se levait pour danser devant des films quand il était petit, maintenant il se lève plutôt cinquante fois pour aller se chercher à manger, un verre de quelque chose, aller aux toilettes, essayer une mélodie sur sa guitare, pour ensuite revenir regarder le film… et se relever. Au lycée, écouter les professeurs parler en classe était un supplice, mais il finissait toujours par avoir des bonnes notes quand même sans trop faire d’efforts. Le problème était plus le fait qu’il séchait les cours de sport, par exemple, pour aller fumer derrière les gradins. Pourquoi perdre son temps avec des cours de sport, sincèrement? Et il y a aussi les multiples conneries auxquelles il s’est adonné, souvent avec Anthony; rien de bien grave, c’était que pour s’amuser. Par exemple, il a déjà convaincu sa bande de potes d’aller nager dans la piscine d’une maison dans sa rue, dont il savait que les propriétaires étaient en vacances. Sans compter le nombre de fois que Nick est sorti par sa fenêtre pour aller à une soirée… ou a convaincu des potes d’organiser des soirées chez eux, un weekend où leurs parents n’étaient pas là. Ou appeler les urgences en prétendant être victime d’un vol à la banque par exemple, avant de raccrocher et de rire jusqu’à en avoir des larmes, sans penser qu’il peut y avoir des conséquences à ces actes. Il faut dire que Nicholas peut se montrer persuasif et, de toute manière, s’ils se faisaient prendre à leurs conneries, ça ne lui dérangeait pas plus que ça de prendre le blâme. Limite il se prenait pour le héros de sa bande de potes en s’assurant que ce n’était que lui qui le prenait.

Il est arrivé qu’Anthony vienne dormir chez eux certaines nuits; Nicholas savait que sa situation familiale était compliquée, mais son ami n’est jamais entré dans les détails et Nick n’a pas cherché à en savoir plus. Pas qu’il n’était pas intéressé par les problèmes de son ami, mais il ne voulait pas le forcer à lui en parler et, de toute manière, parler des trucs plus profonds et sentimentaux n’a jamais été son genre. Pour son dix-septième anniversaire, il a demandé comme cadeau d’anniversaire un canapé pour mettre dans sa chambre, donnant comme argument à ses parents qu’il y serait confortable pour faire ses devoirs et que ça serait pratique s’ils avaient des invités. En plus, ça lui ferait un meuble pour quand il déménagerait en appart’. En réalité, c’était pour que son ami ait un endroit où dormir plus confortablement quand il venait à la maison. Mais ça, personne ne le sait (du moins, selon lui).

Après le lycée, il n’a pas tardé à emménager avec Anthony, bien qu’il rende souvent visite à sa famille. Il avait hâte d’avoir son indépendance, de montrer qu’il était adulte, de faire son propre chemin. Et, okay, pouvoir organiser des soirées chez lui est un gros bonus. Faut dire qu’il ne le demande pas toujours à son coloc, mais celui-ci ne dit rien à ce sujet et le laisse faire, donc il assume que ça ne lui dérange pas trop. Il n’est pas rare qu’à lesdites soirées, il boive, il consomme, et termine la nuit avec une fille qu’il ne reverra sans doute pas. Du moins, pas comme petite amie. Les copines, ça n’a jamais été son truc. Il préfère être indépendant, il n’a pas envie d’être avec quelqu’un qui aura des attentes affectives envers lui. Et comme ça, pas de risque qu’il tombe amoureux et qu’il se fasse briser le coeur, hein? Comme il dit souvent (pas devant sa mère, oh goodness): sex, drugs and rock n’ roll. La vie est faite pour s’amuser, selon lui. Bien entendu, il est plus sérieux en-dehors des soirées, mais sérieux comme Nicholas peut l’être. Disons qu’il aime toujours voir le côté amusant à tout et qu’il a toujours le mot pour rire.

Tout allait bien dans sa vie jusque là. Il était bien entouré, faisait de la musique ou en écoutait constamment, il travaillait avec des animaux et passait ses weekends à faire la fête. Quoi demander de mieux? Peut-être que la vie trouvait qu’il avait trop de plaisir quand, en 2017, elle lui a arraché son père. Accident de travail. Nicholas était en train de se faire à manger (des pâtes) quand sa mère l’a appelé, en pleurs. Il n’a pas compris sur le coup, mais s’est empêché de se rendre à la maison en sachant que quelque chose de grave s’était passé. Il était parti tellement vite qu’il en avait oublié le chaudron sur la poêle. Heureusement qu’Anthony était là pour l’éteindre.

Nicholas n’a pas voulu y croire quand on lui a annoncé le décès de son père. Comment pouvait-il ne plus être là, du jour au lendemain? En une fraction de seconde? Henry l’avait appelé la veille parce qu’il devait passer ce soir-là réparer un truc dans l’appart. Et là, il ne pourrait pas. Il ne pourrait plus jamais l’aider, rire avec lui, parler de groupes qu’ils aimaient en commun. Toute la famille, bien entendu, était dévastée. Nick s’est renfermé sur lui-même. Il passait voir sa famille souvent, ils se réconfortaient à leur manière. Mais quand les émotions devenaient trop lourdes pour lui, il donnait une excuse et s’en allait. Il était hors de question qu’il affronte de quelconques émotions trop intenses. Surtout les siennes. Et s’il ressentait celles des autres, ça allait décidément l’affecter. Il n’en parle toujours pas à ce jour; s’il parle de son père, c’est pour évoquer les bons souvenirs. Même là, c’est avec une grande pointe au coeur qu’il tente de cacher, alors il n’en parle pas beaucoup au final. Il se dit parfois qu’il pourrait réemménager avec sa mère, pour ne pas qu’elle soit seule — avec Abby —, mais il aime bien sa vie d’appartement bien que Romane soit une des personnes les plus importantes dans sa vie. Il ne se gêne par contre pas pour aller la voir très, très souvent.

Comme si ce n’était pas assez, quelques années plus tard — il y a un peu plus d’un an —, un sale con de chauffard ayant bu a causé l’accident de sa soeur aînée. Abby, heureusement, s’en est sortie pratiquement sans aucune blessure, mais sa maman n’a pas été aussi chanceuse. Encore à ce jour, elle est dans le coma et semble laisser la famille Brown De Meyer dans une tristesse éternelle. C’est Romane qui garde sa petite-fille parce que le père de celle-ci ne se sent pas apte à la garder lui-même. Ça emplit Nicholas de rage chaque fois qu’il pense à cet abruti.

Nicholas prend son rôle d’oncle très au sérieux. Pourtant, il n’a jamais été fan des enfants, il ne sait pas trop comment agir avec eux. Il les trouve énervants. Mais Abby, c’est la fille de sa soeur, elle porte les gênes des Brown De Meyer en elle. Et elle est adorable. Mais elle est bien la seule enfant avec qui Nick va chercher à passer du temps avec.

Animal Kingdom (nope, not at Disney)

Bien que Nicholas pourrait manger de la musique s’il le pouvait, là n’est pas sa seule passion. Depuis tout petit, il a une affection particulièrement intense pour les animaux. Avec eux, il se sent bien, plus calme presque. Apaisé, du moins. Quand les jumeaux avaient cinq ans, avec leur soeur ils ont trouvé un petit chien tout seul et sans collier en allant jouer dans la forêt près de chez eux. Une femelle Jack Russell. Tout de suite, ils l’ont prénommée Evelina. C’est sorti comme ça. Ils ont réussi à la ramener à la maison et ont supplié leurs parents de la garder. Après avoir vérifié que ses maîtres n’étaient pas à sa recherche, ils ont dit oui. Evy était à eux, et elle est restée leur compagnonne favorite jusqu’à sa mort, quand les jumeaux avaient quinze ans.

Nicholas était dévasté. Il l’aimait tellement, il avait tellement de souvenirs avec elle. Leurs parents leur ont proposé un autre chien un peu plus tard, mais Nick a refusé d’un pied ferme. Il ne voulait pas vivre ce genre de deuil une autre fois; perdre Evy lui avait fait trop mal.

Mais à cause de cette expérience, il a toujours su qu’il voudrait travailler avec des animaux — ou en musique, ça allait de soi. Mais il voulait aider les animaux dans les refuges et c’est exactement ce qu’il a décidé de faire; une fois par semaine durant sa dernière année au lycée, il allait faire du bénévolat au refuge d’Hilton. Il adorait s’occuper des animaux là-bas et les aider à leur trouver une bonne famille. À sa sortie du lycée, il a postulé pour un poste à temps plein et a été accepté. On lui a plusieurs fois demandé dans sa vie s’il ne voudrait pas devenir vétérinaire; après tout, il aime les animaux et avait de bonnes notes sans trop se casser la tête, c’est le parfait combo pour ce métier, non? Mais ça ne l’intéresse pas du tout, premièrement parce qu’il ne se voit pas rester sur les bancs de l’école pour plusieurs années encore. Et, deuxièmement, parce qu’il ne veut pas se mettre dans une situation où il serait confronté à des animaux malades ou sur le point de mourir. Travailler dans un refuge le satisfait amplement, et il ne voit pas le point de faire autre chose.