Yes we ride or die, but can you sail too?

@Nicholas Brown  

Because its easier:

Yes we ride or die, but can you sail too?

Les publicités de la fête foraine sont partout. Même à mon boulot, placardées sur le babillard à l’entrée. Le refuge est même associé à l’événement, qui lui remettra les fonds du jeu de fusils à eau pour éclater des ballons. Ça promet, et ça m’a même donné envie d’y faire un tour. Avec des potes, peut-être bien, mais la première personne qui m’est venue en tête, c’est Abby, ma nièce adorée. Je suis pas particulièrement fan des enfants, mais elle… elle est totalement l’exception. Sa joie de vivre, son espièglerie, ses goûts particuliers pour une fille de deux ans, ses yeux aussi, me rappellent sa mère. Ma soeur me manque, mais sa fille met un peu de baume sur nos coeurs chaque jour. Le samedi, ma mère va la voir à l’hôpital avec Abby, mais je pense qu’elle ne reste pas aussi longtemps qu’elle ne le voudrait; faut dire que oui, c’est sa maman à ma nièce, mais sa patience a des limites. L’excuse parfaite pour emmener Abby à la fête foraine et laisser maman plus longtemps avec mon aînée.

Je suis donc arrivé à la maison en début d’après-midi pour venir chercher Abigail, dont les yeux brillaient quand je lui ai parlé de ce que je l’emmenais faire. Maman m’a refilé un sac exprès pour elle avec toutes sortes (beaucoup trop?) de choses qu’elle pourrait nécessiter. J’ai installé le siège de ma nièce sur la banquette arrière de mon Jeep et nous voilà arrivés à l’événement tant attendu. Les lumières, les sons en sourdine, les exclamations des gens au loin, tout ça lui font tourner la tête de tous côtés. Et elle n’est pas même pas encore sortie de la voiture. Elle clappe des mains, très enthousiaste à l’idée d’y être. « Abby, souris pour mamie », je dis en pointant la caméra de mon téléphone sur elle. Elle ne se fait pas prier, m’offrant le plus charmant de ses sourires, mais elle détourne le regard à la dernière minute, et j’envoie la photo à maman en lui disant bel et bien arrivés, dis salut à sista pour moi xx.

Je sors la poussette du coffre et vais ensuite récupérer Abby, qui insiste pour marcher. « Okay okay, mais tu me tiens la main, Abbychou, hein? » C’est tout comme si elle ne m’entendait déjà plus alors qu’elle sautille d’excitation, mais sa petite main reste dans la mienne. Je réussis même à acheter nos billets avec une seule main. « Tu veux commencer par quoi, Abby? Des manèges? » je lui demande en parcourant la place des yeux. « Manèges! » qu’elle me répond. Je ne suis même pas certain qu’elle en a déjà fait donc qu’elle sache ce que c’est, mais allons-y pour les manèges pour commencer. Mais alors qu’on s’avance parmi la foule — Abby est presque celle qui nous mène tellement elle semble pressée et admirative des lumières —, elle s’arrête brusquement et me tire dans une autre direction. « Heihei! Heihei! » Alors que n’importe qui croirait qu’elle émet des sons pour interpeller quelqu’un, moi je sais exactement ce qu’ils veulent dire. N’importe qui connaît assez bien la petite le saurait. Et comme pour prouver mon point, je repère rapidement le coq dans Moana/Vaiana, une tonne de copies en peluches accrochées au-dessus du kiosque, justement, dont les fonds iront au refuge. « Heihei! » répète-t-elle avec insistance en tendant sa minuscule main vers les peluches. Alors bien entendu, on oublie les manèges pour l’instant et on se dirige plutôt vers le stand. Je m’assoie sur le banc et la fait assoir sur mes genoux, et je place ses mains, sur les siennes, sur le fusil à eau. Je l’aide à viser la cible et, ensemble, on fait monter l’eau dans le tube. « On a gagné, Abby! » Mais la peluche à laquelle on a le droit n’est pas celle qu’elle veut, alors on recommence. Quatre fois. Puis… « Heihei! » dit-elle en serrant la peluche contre elle. Voilà un bébé heureux. Elle doit avoir un minimum d’une dizaine de ce coq à la maison déjà, mais elle semblerait vouloir en prendre à l’infini.

Abby tient sa peluche dans une main et mes doigts dans l’autre. On marche sans but réel, peut-être dans l’intention de faire un manège s’il y en a un qui l’intéresse. Puis ma nièce lâche un cri, me figeant sur place. « Heihei! » Elle a échappé sa peluche sur le sol et essaie de se détacher de ma main pour aller la chercher. « Attend Abby, on va aller la chercher ensemble. » On retourne sur nos pas et j’attrape la peluche, avant de lui faire donner des bisous partout sur le visage de l’enfant dans l’intention de la faire rire. Ses yeux brillent. D’amusement, heureusement. J’adore ma nièce, mais je n’ai pas envie d’avoir à gérer une crise en ce moment. « Tu veux mettre Heihei dans la poussette? » Mais avant même qu’elle n’ait pu me répondre, je me fais surprendre par quelqu’un qui me donne un bisou sur la joue. «Coucou beau gosse, tu t’es enfin décidé a trainer avec des jeunes de ton âge? » Reconnaissant immédiatement la voix, je roule des yeux, néanmoins en souriant. Depuis la soirée Champagne, Tess et moi nous sommes revus quelques fois ici et là, juste pour papoter, trainer ensemble. Une fois, elle est même déjà venue garder Abby avec moi et, bien entendu, on a regardé le film de Moana (Vaiana). On n’a pas recouché ensemble depuis mais, au contraire des filles avec qui c’est arrivé, on a continué à se voir pareil et notre amitié s’est développé. Je dirais même que je la considère comme ma meilleure amie, même si je ne le dirai peut-être pas tout haut parce que c’est quand même lame. En tout cas, passer du temps avec elle est très agréable et son sens de l’aventure et de la spontanéité s’agrémente très bien au mien. Quand j’ai un coup de mou, sa simple présence suffit à me remonter le moral. Mes bras s’enroulent autour de ses épaules pour lui faire une accolade. « Comme tous les samedis, voyons », je réplique, juste quand ma nièce lève les yeux de Heihei pour voir avec qui je parle. « Teeeeessss! » s’écrie-t-elle en courant vers la femme en question, manquant de trébucher du haut de sa maladresse. Heureusement que Tess la rattrape, je pense qu’elle aurait eu de belles égratignures au menton et aux genoux. « Comment va la plus jolie des petites filles? » Un sourire flotte sur mes lèvres. Ça n’a pas pris longtemps avant qu’Abby se mette à apprécier Tess, et c’est réciproque. En même temps, avec une personnalité chaleureuse comme celle de Hawkins, c’est dur à ce qu’il en soit autrement. Le regard de mon amie se pose sur moi et elle hausse les épaules. « Il va falloir t'y faire, tata Tess est bien plus cool! que tonton! » De nouveau, je roule des yeux, mais gardant toujours le sourire. Okay, okay… je l’admets (dans ma tête): Elles sont vraiment mignonnes ensemble. Une petite moue boudeuse déforme mes traits, exprès. « C’est pas vrai, hein, Abby? Tonton est vraiment le plus cool… » Mais c’est dur de résister à Tata Tess quand celle-ci lui caresse la joue. Abby referme ses bras autour de son cou en gloussant, presque toute gênée. « Je vais garder Heihei avec moi, alors, lui il me trouve cool », je dis en serrant la peluche contre moi, petit sourire espiègle sur les lèvres. « Noooooon », dit Abby, presque paniquée, en tendant les bras vers moi. Je ris, avant de lui tendre la peluche. Faudrait quand même pas lui en priver, non plus. Je ne suis pas cruel, surtout pas avec elle. « J'allais me prendre une glace, vous en voulez une? Elle est pour moi! » Je force un petit soupir. « Si tu insiste, bien entendu », je dis, les yeux pétillants. « Qu’est-ce que t’en penses, Abby? » Elle se met à applaudir, c’est clair qu’elle ne passera pas cette offre délicieuse. « Ouiii! Glace! » Mon regard se bloque dans celui de Hawkins. « Ce sera dans un bol ou un cornet pour moi, pour aujourd’hui », je laisse tomber, sourire malicieux, repensant à cette fameuse nuit chez elle. De la glace, j’avais pu en gouter directement sur elle… mmm… Mon regard veut tout dire, mais je le détourne pour le poser sur ma nièce. Changement de sujet. « Tu veux quelle saveur, Abby? Fraise? Mangue? Framboise? » Je suis conscient que je lui propose que des saveurs de fruits, mais c’est ce que ma nièce préfère. Entre un dessert et des légumes, elle choisit les légumes, alors si dessert il y a — comment résister à de la glace? —, elle choisira toujours ce qui ressemble le plus à des fruits. « Famboise », qu’elle répond. Pas de chocolat pour elle, comme prévu. Pour moi, c’est autre chose… « Chocolat-caramel pour moi, s’il te plaît. » Genre, le truc le plus sucré ever. On commande au monsieur, qui tend une glace à la mangue à Tess. « Merci », je lui dis, avant qu’on aille s’installer sur un banc. Avec une enfant, c’est peut-être plus sage qu’on ne soit pas en mouvement. J’installe ma nièce dans sa poussette et lui donne sa glace. La connaissant, elle ne sera pas capable de la terminer, et qui se retrouvera à la manger? Eheh. « Tu nous as suivis? » je demande à mon amie pour la taquiner. C’est quand même chouette qu’on se retrouve ici sans s’être consultés avant. « Tu viens faire les tortues volantes avec nous après? » je lui demande en parlant du manège pour enfants qui se trouve à quelques pas de là.

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@Tess Hawkins  

Yes we ride or die, but can you sail too?

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Il faudra que je m’y fasse, je crois, Heihei aura toujours la priorité sur moi dans la vie d’Abby. Qu’est-ce que vous voulez, ce petit coq a son charme. Je la menace gentiment de le garder avec moi et elle tente de le récupérer. Ne voulant pas qu’elle tombe des bras de Tess tellement elle se tortille, même si celle-ci la tient bien, et aussi parce que je suis incapable de me montrer cruel avec ma nièce ne serait-ce que deux secondes et pour le fun, je lui rends sa peluche. Mon regard croise celui de Tess et on se sourit, pleins de complicité dans les yeux. Certaines personnes — en l’occurence, moi par exemple — ne sont pas à l’aise du tout avec les bébés des autres, ceux qui ne font pas partie de la famille s’entend, mais c’est tout le contraire avec Tess. Elle agit avec Abby comme si c’était tout naturel, avec cette douceur qui lui est propre. Je lui fais cent pour cent confiance avec la petite, pour être franc. Pour tout, en fait. J’ai l’impression de la connaître depuis beaucoup plus longtemps que quelques semaines à peine. On se rejoint sur tellement de trucs. Qu’elle le veuille ou non, elle arrive toujours à me faire sentir plus… léger. Quand elle propose une glace, je fais genre qu’elle m’oblige, mais on sait bien que je ne refuserai jamais de dessert. Surtout de la glace… *raclement de gorge* Tess étouffe un rire et Abigail s’enthousiasme. Elle a des goûts vraiment bizarre je trouve, pour une enfant de deux ans, mais même elle n’est pas capable de résister à de la crème glacée. Du moins, pour quelques bouchées au moins. Hawkins nous entraîne vers le camion et on commande les glaces; Abby choisit celle à la framboise — pardon, famboise. Je ne peux pas m’empêcher de faire une allusion sur notre fameuse nuit ensemble — la deuxième —, où… mmm. Rien que d’y penser, j’en ai des frissons. Disons seulement que c’était délicieux. Tess et moi ne sommes peut-être que des amis à présent, n’ayant jamais vraiment cherché à coucher ensemble de nouveau — pas parce que ce n’était pas agréable, au contraire, mais par principe je suppose —, mais ça n’enlève pas les bons souvenirs (ceux n’ayant pas été engloutis par l’alcool). Voulant la provoquer un tout petit peu, ou la taquiner, au choix, je précise que je préférerais ma glace dans un bol ou un cornet, aujourd’hui. Ça avait une toute autre saveur sur son corps. « Je vous ai connu plus ambitieux que ça Monsieur Brown » dit-elle, et un petit sourire en coin flotte sur mes lèvres. Un petit frisson pas très discret me prend en la voyant passer la langue sur sa glace à la mangue et me faire un clin d’oeil — et je n’ai même pas entamé la mienne. Damn, elle me cherche, non? « Je… choisis mes jours. » Je me racle la gorge, avant de prendre Abby dans mes bras. « Vas y mon ange, tu peux, y'a jamais trop de glace. » Je pousse un soupir mélangé d’un petit rire. Avec Tess, on a pratiquement passé le reste du pot de glace, l’autre jour — et c’était pas un petit, style Häagen-Dazs ou Ben & Jerry. J’installe ma nièce dans sa poussette, elle y sera plus confortable pour manger. Elle ouvre grand la bouche comme si elle voulait la manger au complet en une bouchée et elle s’en met sur le menton. Mais pour une enfant, je trouve, elle est quand même assez propre, tout de même, mais elle reste une enfant. Je prends ma première bouchée en posant mon regard sur Tess, qui essuie un peu de glace sur la joue de ma nièce, avant de mettre son doigt dans sa bouche. « T'as raison ma puce, c'est meilleur quand on en met partout. » Je manque de m’étouffer aux paroles de Tess, je ne sais pas si c’est la surprise ou bien le fait que oui, elle me cherche c’est clair, ou bien c’est qu’en réponse à ce que j’ai dit un peu plus tôt. Je ris en m’essuyant la bouche du revers de ma main. Normalement, j’aurais répondu quelque chose comme oui, tellement meilleur, en la regardant direct dans les yeux, des idées plein la tête. Mais c’est Tess. Et elle est peut-être absolument géniale, et je m’entends peut-être super bien avec elle, mieux qu’avec n’importe quelle autre fille pour être franc, mais ça ne veut pas dire pour autant que je veux être en couple. Et certes, on pourrait être sexfriends, ça serait top, mais au risque de gâcher notre amitié? Mmmm. Nope. Alors plutôt que de la chercher d’avantage, je lui donne un petit coup sur le bras en riant. « Ahaha, oui Tess, t’as raison. » Comme si elle venait de dire la blague la plus drôle du monde. Et je détourne le regard parce que… c’est quoi ça, Nick?? J’en profite pour sortir mon téléphone pour répondre au texto de ma mère. Je roule des yeux en la lisant me rappeler de lui mettre de la crème solaire. Je lui réponds que oui (après lui avoir dit que bien sûr qu’Abigail est heureuse, elle est avec son oncle pref — sorry twin bro), mais me penche pour prendre le sac derrière la poussette, d’une main. « Faut lui mettre de la crème solaire, après », je dis tout haut, bien que c’est plus un rappel à moi-même. Sac sorti, je penserai à lui en mettre après. De toute manière, je suis sûre que ma mère lui en a mis aujourd’hui déjà.

Je range mon téléphone et laisse mon regard se poser de nouveau sur Tess, lui demandant si elle nous a suivis, joueur. « You wish I was Brown! » Je ris un peu, avant de prendre une autre bouchée de ma glace. « Peut-être bien, Hawkins. T’as la tête d’une stalkeuse… », je la taquine, petit sourire aux lèvres. « J'étais parti faire un plongeant et j'avais besoin de m'évader un peu alors, me voilà! » « Oh, t’es venue avec ton bateau alors? Une raison en particulier pour l’envie de t’évader? » Je regarde en direction de l’eau, cherchant son moyen de transport des yeux. Je lui demande ensuite si elle veut venir faire les tortues volantes avec Abby et moi; c’est plutôt, il faut dire, une manière de lui demander si elle compte rester avec nous cet après-midi. J’en serais bien heureux, et Abby aussi, j’en suis certain. C’est justement pour elle que je demande de base, hein. *Nouveau raclement de gorge.* Il y a aussi de bonnes chances que la petite s’endorme cet après-midi, ce sera son heure de sieste, mais bon. On a encore un peu de temps avec elle pour faire des manèges et des jeux. « Avec plaisir! J'ai toujours rêvé de monter dedans lui », me répond Tess.

Je termine à mon tour ma glace et remarque qu’Abby ne mange plus, mais s’est mise à regarder ailleurs, distraite par les gens, les sons et les lumières autour. « T’as terminé, Abbychou? » Je lui demande avec espoir. « Oui! » Dit-elle en s’apprêtant à laisser tomber son cornet par terre… que je m’empresse d’attraper avant qu’il ne finisse au sol. Il est dégoulinant de partout, mélange de bave et de glace fondue. « Hum… » Je songe à le terminer, mais à dire vrai, il a vraiment commencé à fondre sur les côtés du cornet et ça me donne moins envie. « T’en veux? » Je demande à Tess, riant doucement, et me lève pour aller le jeter après avoir vu sa tête. J’en profite pour répondre à ma mère, à qui je partage qu’Abby n’a pas fini sa glace. Étrange. Contrairement à toi, Abby n'est pas une bibitte à sucre, c'est une bibitte à légumes crus, qu’elle me répond avec un émoji qui rit. Ça me fait rire doucement et je range mon téléphone juste avant d’arriver à hauteur des deux autres. Tess s’occupe de nettoyer les mains de l’enfant et, quand j’aperçois le sac par terre, je me rappelle qu’il faut que je lui mette de la crème solaire. À Abigail, ahah. Alors que je me débats un peu avec elle pour lui en mettre (elle tourne sans cesse le visage), Tess me demande comment je vais et si j’ai des nouvelles. Des nouvelles. Je sais exactement ce qu’elle veut dire, surtout qu’elle s’en enquiert régulièrement. Mon sourire retombe le temps d’une fraction de seconde, et je me concentre à mettre de la crème sur les bras de ma nièce en secouant la tête. « Non… » Pas de changement, pas d’espoir. Nada. Comme c’est pas vraiment un sujet sur lequel j’aime m’éterniser, je décide de répondre à la première question plutôt, en passant mes mains sur le bras de Tess parce que j’ai encore plein de crème solaire plein les doigts. Autant ne pas gaspiller, ahah! « Ça va. On a réussi à placer cinq chiens et onze chats en famille cette semaine. » Mon sourire revient de plein feu. J’adore mon boulot, savoir que des animaux ont trouvé la famille avec qui ils passeront le restant de leurs jours. Assumant qu’ils ne soient pas tombés sur des cons qui prennent les animaux pour des peluches qu’on peut jeter quand on a terminé. Mais au refuge PAWS, on prend le temps de choisir les familles. « Et toi alors, ça va? T’as bronzé tu sais, depuis la dernière fois qu’on s’est vus — » Il y a quoi, quelques jours à peine? Je lâche un petit rire. « Tu passes pas mal de temps dehors? T’as des vacances cet été, d’ailleurs? » On s’est remis en marche et on arrive à présent aux tortues. Abby les regarde avec fascination s’élever vers les airs. « Tu veux y aller? » La petite ne me répond pas, trop occupée à suivre les tortues volantes des yeux. Je prends ça pour un oui. Tess, Abby et moi avançons vers l’une d’elles quand vient notre tour. On s’installe, et le manège comment à bouger… et Abby à paniquer. Sa petite main s’agrippe sur le top de Tess et elle se met à pleurer. Je regarde autour de nous, mal à l’aise, alors que la tortue dans laquelle on se trouve monte et descend, beaucoup trop conscient des autres autour de nous, même si personne ne semble nous prêter attention. Abby est installée entre nous deux et je prends sa main dans la mienne. « Shhh… Abby… ça va, le manège est presque fini… » Je me sens maladroit, et elle ne veut rien entendre. Enfin, le manège s’arrête et on s’empresse de sortir. Abby dans mes bras, ses sanglots commencent à se calmer et je tente de ne pas grimacer alors que je sens que c’est tout mouillé dans mon cou. Hmmph. Les enfants. Je caresse son dos et marche en me tournant vers Tess. « Je pense qu’on peut oublier de faire d’autres manèges, j’espère que tu n’es pas trop déçue », je dis dans un petit rire en déposant Abby dans sa poussette, qui s’empresse de serrer son nouveau Heihei contre elle. Plein de morve sur la peluche, miam.

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@Tess Hawkins  

Yes we ride or die, but can you sail too?

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Normalement, je n’aurais pas eu de mal à répliquer quelque chose de croustillant à une jolie fille comme Tess, à faire des allusions sur notre soirée. Mais c’est Tess, justement, et je l’aime bien, mais il est plus raisonnable qu’on n’aille pas vers la voie de l’autre soir de nouveau. Je m’emmêle un peu dans mes mots et mes pensées, et ma réponse/réaction à son allusion est pitoyable. Vraiment pas du Nicholas Brown habituel. J’ai envie de me taper le front. Et Tess, elle étouffe son rire, et je sens sont regard sur moi alors que je détourne le mien. Je me distrais quelques secondes de mes pensées sur Tess et la glace qui fondait sur sa peau… okay, stop. Je prends quelques secondes pour répondre aux textos de ma mère, qui me rappelle de mettre de la crème solaire à Abby, rappel que je partage avec mon amie pour qu’on soit deux à s’en rappeler.  Et pour changer de sujet. Un sourire amusé étire mes lèvres alors qu’elle m’appelle capitaine.

On continue de se taquiner et je lui dis finalement qu’elle a la tête d’une stalkeuse, ce qui la fait rire, et elle m’adresse un clin d’oeil. Tiens donc, je suis sûr qu’elle approuve, ahah! Je suis bien content qu’Abby et moi soyons tombés sur elle aujourd’hui, c’est quand même vraiment un beau hasard. J’adore passer du temps avec ma nièce en tête-à-tête, mais j’ai toujours du fun avec Tess, sa joie de vivre est contagieuse. Et gros bonus, Abby l’adore. Je la sens se pencher sur moi et son souffle me caresse l’intérieur de l’oreille quand elle me murmure qu’elle pourrait passer à l’acte. Un petit frisson parcoure mon échine, pas à cause de ses paroles, mais bien à cause de son souffle sur ma peau. La seconde d’après, je me redresse et tourne mon visage légèrement dans le sien pour que nos regards connectent. « Tu fais tellement peur », je réplique d’un ton plutôt sarcastique pour la taquiner. Tess est teeeellement menaçante. Quoi que… Peu après, tout le monde a terminé de manger sa glace et, pourtant, celle d’Abby est loin d’être terminée. Bingo, je vais pouvoir me régaler. Nope. Parce que quand je m’empare de son cornet, je remarque qu’il est tout dégoulinant et ça me coupe un peu l’appétit. Je propose quand même à Tess de prendre le relais si elle le souhaite et je ris quand elle mentionne la saveur de bave de bébé, juste avant que mon visage ne se déforme légèrement dans une grimace de dégoût. J’adore ma nièce à l’infini, mais j’ai mes limites, la saveur de bave de bébé ne m’intéresse pas plus que ça.

La question de Tess lui vaut une petite réponse de ma part. Je n’aime pas trop parler de ma soeur, du moins pas de cette manière-là, de son état, du fait qu’elle est dans un lit d’hôpital depuis plus d’un an et que personne ne sait si elle se réveillera ou pas. Une blessure qui ne semble pas guérir chez ses proches ni moi, puisqu’on baigne dans l’incertitude. Et cette pauvre Abby qui sait qu’il s’agit de sa maman, mais qui ne se rappelle probablement pas tous les beaux moments qu’elle a eus avec elle parce qu’elle était trop jeune. Tess pose sa main sur mon épaule, je me sens quelque peu me détendre avant de passer à un autre sujet, car je n’aime pas m’étendre sur celui-ci. Je sais très bien que s’il y a une personne qui pourrait comprendre, c’est bien elle, avec ce qu’elle a vécu concernant sa maman… Mais je sais très bien qu’elle comprend très bien mon presque silence, elle non plus ne me parle pas beaucoup de celle qu’elle a perdue. Mais on se comprend, silencieusement. Je lui parle donc plutôt des nouvelles du refuge, j’en suis fier, pas parce que j’en suis spécifiquement l’initiateur, mais bien parce que l’équipe est top et tellement dévouée. Ce n’est peut-être pas le job avec le meilleur salaire, mais j’y suis bien parce que les victoires comme celles de cette semaine me font vraiment sentir comme si on fait une grande différence. Je souris doucement aux paroles de Tess, qui me dit être admirative de ce que je fais, avant d’ajouter qu’elle serait heureuse de venir nous aider, mais suivi d’un « mais » qui me laisse perplexe. « C’est gentil de dire ça, mais c’est vraiment le travail de toute une équipe, je suis bien entouré », je précise. J’aime bien faire genre que je suis prétentieux juste pour blaguer, parfois, et m’accorder bien du crédit pour de faux, mais quand il s’agit du refuge et des animaux qui s’y trouvent, je n’ai même pas le coeur de faire semblant d’en tirer toutes les médailles. « Mais? » Je demande, intrigué par la fin de sa phrase. Peut-être qu’elle a un horaire trop chargé, après tout elle a sa propre boîte d’architecture — ce qui est, à mes yeux, vraiment impressionnant —, mais quelque chose me dit que ce n’est pas ça. De ce que je connais de mon amie, elle n’est pas du genre à laisser ce genre de détails contrôler sa vie, si une cause lui tient à coeur, elle trouvera le moyen de la supporter.

J’enchaîne plutôt sur son bronzage, moyen détourné pour lui demander des nouvelles des derniers jours depuis qu’on s’est vus la dernière fois. Tess me dit de ne pas se moquer et, les yeux rieurs, je laisse échapper un petit rire. « Je me moque pas », je me défends. Je pense sincèrement qu’elle a pris un peu de bronzage, bien que j’exagère mes propos quelque peu, quand même. Elle ajoute s’être accordée une petite semaine off et je lui donne un petit cup de coude joueur. « Bon! Il était temps », je dis dans un petit rire. Pendant ce temps, Abby, toujours dans sa poussette, regarde partout autour d’elle, fascinée, avec Heihei dans les bras, serré contre elle, et je me rappelle qu’il faut que je lui mette de la crème solaire. « T’as fait quoi? » Je demande, curieux. Elle me demande si je lui demande ça parce que je m’ennuie déjà d’elle en se mordillant la lèvre, et je me force à garder mon regard dans le sien, ne pouvant m’empêcher un petit coup d’oeil de toute manière. À sa prochaine phrase, je roule des yeux, néanmoins amusé. « Ça va les chevilles, Tess? Pas trop enflées? » J’éclate de rire, avant de lui adresser un petit sourire, les yeux pétillants. « Tu sais quoi, je pense que je vais fonder une club, le TAA, le Tess Addicts Anonymes, t’en penses quoi? » je demande, moqueur, en lui mettant le reste de la crème solaire sur le bras. Il est quand même vrai que, dans les dernières semaines, je me suis habitué à la voir régulièrement; en même temps je passe un bon moment avec elle à chaque fois.

Je pense qu’Abby est fascinée par les tortues volantes, ses grands yeux les suivent alors qu’elles tournent autour du centre en volant. Il n’y a pas beaucoup d’attente pour monter et nous y voilà, ma nièce entre Tess et moi. Mon souffle se coupe une fraction de seconde quand les doigts de la brunette frôlent les miens, mais c’est si court que je le remarque à peine et décide de ne pas m’y attarder — sur mon souffle, pas sur les doigts de Tess. De toute manière, je respire très bien, thank you very much. Le manège vient à peine de commencer sa ronde qu’Abby prend peur, sa petite main s’accroche à Tess et les larmes coulent en grands flots sur ses joues. Mon corps en entier se crispe, ses pleurs résonnent fort dans mes oreilles. Je n’ai pas trop l’habitude avec les crises d’enfants, et normalement ma mère est toujours là pour la calmer, la rassurer. Et elle a le tour. Je ne suis pas certain que je l’ai. N’empêche, mon coeur se serre de la voir si mal que ça, la culpabilité me prend, et je serre sa petite main dans la mienne en lui soufflant que tout va bien aller. Ça ne change rien à sa panique, mais heureusement, les manèges pour enfants ne durent jamais bien longtemps. Quand on s’arrête, sa petite tête blonde est enfouie contre le flanc de Tess, qui tente au mieux de la rassurer. Moi, je suis bien rassuré de savoir que mon amie est présente, je ne sais sincèrement pas comment j’aurais pu gérer ça tout seul. Lorsqu’on met un pied à terre, je prends ma nièce dans mes bras et je tente de la consoler au mieux, m’excusant au passage à Tess en lui annonçant qu’il vaudrait mieux ne pas faire d’autres manèges. Elle ne semble pas bien troublée par ça, je pense qu’elle l’avait déjà compris. Elle nous propose plutôt de monter sur son bateau et qu’on se fasse une fin d’après-midi plus tranquille, avant de se pencher sur ma nièce pour lui essuyer les joues. « Pas de bière pour Abby, j’espère », je blague. Tess ajoute qu’elle ne veut pas nous accaparer et me promet que la petite ne risque rien. Je hausse les épaules, à vrai dire ça ne m’inquiète pas du tout, je pense même que c’est une bonne idée. « Il faut que je vérifie avec ma mère si c’est okay pour Abby pour le dîner, mais je trouve que c’est une super idée. » Je tourne la tête vers ma nièce, qui a toujours le visage enfoui dans mon cou, et lui chuchote à l’oreille: « Ça te dit d’aller sur un bateau, Abby? Comme Moana? » À la mention de son héroïne préférée, elle relève la tête dans un reniflement, mais pourtant avec un petit sourire timide sur les lèvres et les yeux pétillants. « Moana? » Fait-elle d’une petite voix. « Oui, Abby, comme Moana, on va aller sur l’eau. » Je ne pense pas qu’elle ait fait du bateau jusqu’à maintenant, et tout d’un coup, elle semble toute excitée et on dirait bien qu’elle a oublié le mauvais souvenir des tortues volantes. « Je pense que tu as ta réponse », je dis à Tess en relevant la tête vers elle. Je remets ma nièce dans sa poussette et nous voilà en direction du quai. « Je pourrai aussi aller porter Abby plus tard, on pourra passer la soirée que tous les deux », je suggère, de manière plutôt nonchalante, alors qu’on marche. J’adore la fille de ma soeur, elle est adorable, mais elle est habituée à se coucher assez tôt et c’est sûr qu’on est plus limités quand une enfant de deux ans est présente, no offense.

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@Tess Hawkins  

Yes we ride or die, but can you sail too?

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C’est fou comment, d’un côté, j’ai l’impression de connaître Tess depuis des années, alors que d’un autre côté, je me rends parfois compte que j’ai encore beaucoup à apprendre sur elle. Quelque chose semble la retenir de venir donner un coup de main au refuge et, la connaissant, ce n’est pas par manque d’envie d’aider les animaux. Il y a quelque chose d’autre et je l’encourage à poursuivre sur sa lancée. Elle ne peut quand même pas me laisser sur ma faim comme ça? Et c’est surtout que je me demande ce qui peut bien la tracasser comme ça. Elle lève les yeux au ciel, avant de me dire que son ex bosse là-bas. Je me repasse tous les gars du refuge en tête, employés comme bénévoles. À moins qu’elle ne soit aux filles aussi, là je n’ai pas fini de m’en sortir avec ma liste imaginaire. « C’est Aidan ton ex? Max? Peter? Hum… Nate? » À son expression, je comprends que c’est lui. « Je ne savais pas que vous vous connaissiez, de base », je commente. Si elle a envie de me parler davantage de leur passé, elle est la bienvenue, mais je n’insisterai pas. Ah, les exs…

Chose certaine, des vacances lui feront du bien, et son visage s’illumine d’un sourire quand je lui donne un petit coup de coude complice dans les côtes. Je hoche la tête à sa réponse, prendre du temps pour soi, c’est la vie, on devrait toujours se réserver plusieurs moments de ce genre, même quand on n’est pas en vacances. Je doute pas que ça lui ait fait du bien. La TAA serait franchement une bonne idée, non? Tess me dit que la gente masculine m’en serait reconnaissante. Je lève les yeux au ciel. « Je ne dis jamais de conneries, Hawkins », je réplique, néanmoins un petit sourire flottant sur mes lèvres. « Et t’as pas compris… je serai le seul membre de cette association, du moins le seul membre admis, je garde l’exclusivité », j’ajoute en lui décochant un clin d’oeil. Mon sourire s’agrandit quand elle demande si je suis ready for takeoff. « Toujours », je réponds.

Le manège aux tortues ne se passe pas comme je l’aurais espéré, je croyais vraiment qu’Abby aurait vécu the time of her life, mais ça termine néanmoins en larmes et je ne peux m’empêcher de me sentir un peu mal d’avoir voulu l’embarquer là-dedans. Le réflexe de la petite a été de s’accrocher à Tess et je me rends compte que ça me fait plaisir de voir à quel point les deux s’entendent bien comme ça, de voir Hawkins toute tendre avec la petite, comme si elle la connaissait depuis toujours. Elle propose de nous faire monter sur son bateau, et je vends la chose à ma nièce en comparant l’expérience à son film préféré, et il n’en faut pas plus pour qu’elle s’enthousiasme à prendre part à cette activité. Tess me fait remarquer qu’elle a de la place pour Abby si la petite a envie de dormir. « Ce serait la totale pour elle, tu sais, dormir sur un bateau », je plaisante doucement, bien qu’en fait, ça pourrait être totalement vrai. L’expérience Moana totale, quoi demander de mieux? Mais une partie de moi a envie de n’être qu’avec mon amie, car même si Abby dort, il faudra faire attention à notre ton de voix, nos éclats de rire, nos sujets de conversations, et je n’ai pas envie de me retenir avec Hawkins. M’enfin, si, me retenir pour autre chose, c’est très bien… Elle fait remarquer d’un ton plutôt autoritaire que si je bois, il est hors de question de déposer Abby après. « C’est certain », je réponds dans un premier temps, ne voulant même pas plaisanter à ce sujet. Je repense à ce qui s’est passé avec Aidan, bien que ça soit un peu flou dans ma tête vu tout l’alcool que j’avais ingérée, mais surtout comment s’il n’avait pas été là, j’aurais très fortement pu prendre le volant alcoolisé et… qui sait. Chose certaine, le faire moi tout seul, c’est une chose, mais jamais de la vie je ne l’aurais fait en sachant que j’avais quelqu’un à bord avec moi (bien que j’aie proposé un lift à Aidan… oups). Et bon, avouons-le, si je n’avais pas eu cette semaine de merde-là, je serais resté dormir chez mon ami comme prévu au lieu de vouloir prendre le volant. « T’inquiète pas pour ça, Tess, et puis au pire ma mère ou mon frère pourront toujours passer la récupérer », je lui assure. C’est quand même pratique avoir de la famille qui réside pas loin, si?

Abby de nouveau dans sa poussette, on suit notre Tess jusqu’à destination, et la petite s’excite en voyant l’eau et les bateau qui y reposent. Enfin, le voilà: celui de Tess dont elle m’a parlé à plusieurs reprises, le bateau qui appartenait à sa mère, si j’ai bien compris. Elle y grimpe déjà, s’éloignant quelque peu pour aller déposer ses affaires, et j’en profite pour détacher ma nièce de sa poussette, car elle commence à s’impatienter. La tenant par la main, sa poussette dans l’autre, on avance un peu plus près du bateau pour attendre notre hôte. « Abbychou tu viens avec moi ma puce? » Je soulève Abby et la tend en direction de Tess, qui la serre contre elle, nous souhaitant ensuite la bienvenue. Mon regard se pose sur la poussette alors que je me demande si je devrais la monter ou… Avant même que je n’aie pu poser la question, mon amie semble lire mes pensées, car elle me dit que je peux laisser la poussette sur le quai. « Hum… d’accord », je dis finalement, espérant qu’elle ait raison, parce que ma mère va me tuer si on se fait voler la poussette. Mais Hilton n’est vraiment pas le genre de ville où on doit surveiller ses affaires H24, alors je doute que quiconque prenne la poussette. Tess me tend la main et je la prends, toute chaude dans la mienne, pour monter à bord, lui souriant pour la remercier. J’observe les alentours, faut dire que je trouve ça plutôt cool de me trouver sur un bateau, ce n’est vraiment pas tous les jours que ça arrive. « C’est génial », je commente, juste avant qu’elle m’invite à s’installer et qu’elle s’éclipse dans la cabine avec Abby après lui avoir demandé si elle voulait un jus. Petit sourire tendre sur les lèvres, je prends place sur la banquette en les regardant s’éloigner, bien content qu’Abby fasse confiance à ce point à la brune même si je ne suis pas dans son champs de vision. C’est une enfant qui aime les gens de base, toute pleine d’amour, mais Tess fait décidément partie des gens avec qui elle se sent super à l’aise. En même temps, comment faire autrement… Elles reviennent et j’attrape les deux bouteilles de bière quand mon amie me demande de les ouvrir. Je sors mon porte-clés de mes poches, sur lequel j’ai toujours un ouvre-bouteille de bière d’accroché, juste au cas. Bien pratique quand je sais que, souvent les weekends, je me rends à une soirée. Tess s’installe avec Abby sur ses genoux, l’aidant avec son verre, pendant que je m’exécute. Chacune son tour, parce qu’elle dépose le goblet — plus sage comme il n’y a pas de couvercle — et attrape sa boisson à elle. « À la tienne », je dis en cognant ma bouteille contre la sienne. Son regard se plante ensuite dans le mien et je le soutiens, ne voulant pas être le premier à le détourner, et aussi parce que c’est loin d’être désagréable. « Alors moussaillon, si vous souhaitez lever l'ancre, c'est avec plaisir que je vous montre comment faire, tu as déjà navigué d'ailleurs? » Je souris en prenant une autre gorgée de ma bière. « Écoute, je me suis tapé une dizaine de vidéos YouTube pour apprendre, hier soir — » Oui oui, avant même de savoir que j’allais embarquer sur un bateau. « — Et j’étais sans doute un capitaine de bateau tel Jack Sparrow — en moins alcoolique, tout de fois, ahah — dans une ancienne vie, alors… mais pour ne pas brusquer votre égo, Mlle Hawkins, je vous laisse avec plaisir me montrer comment faire. » Riant légèrement pour montrer que je ne suis guère sérieux, je reprends: « En vrai, je n’ai pas eu l’occasion de monter sur un bateau souvent… je dirais pas non pour que tu me montres. » Je me tourne ensuite vers ma nièce. « Abby, te rends-tu compte, on pourrait tomber sur Maui… » Ça la fait rire, bien que je crois qu’elle y croit pour vrai. Oups. « Tu comptes nous emmener où, d’ailleurs? »

Les heures défilent, le soleil tombe peu à peu, jusqu’à laisser un magnifique ciel rose et orangé. Abby est fan de son tour de bateau, Tess nous concocte même un petit dîner qu’on mange sur la banquette. Ma nièce croque dans un morceau de pain, mais je remarque que ses petits yeux commencent à se fermer tout seuls. La journée a été épuisante. « Oh, j’ai oublié de te dire », j’annonce soudainement, la pensée venant d’apparaître dans mon esprit. « Anthony te propose de couvrir ton tattoo si tu le veux… tu sais, Nick was here », j’explique dans un petit rire nerveux, attrapant ma bière — ma deuxième seulement, avec Abby dans les parages.

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@Tess Hawkins  

Yes we ride or die, but can you sail too?

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Le temps semble se figer quand je suis avec Tess. Il ne passe ni trop vite ni trop lentement, c’est juste parfait. J’aime bien vivre dans le moment présent, mais avec elle, ça ne pourrait être plus vrai. Être en sa compagnie est juste très agréable. Qui aurait cru qu’un jour, Nicholas Brown, non seulement reverrait une fille avec qui il a couché, mais la considérerait comme sa meilleure amie? (Sans pourtant le dire tout haut, parce que bon, je n’ai jamais été du genre à catégoriser les gens comme ça, mais je ne peux nier que je suis plus proche de Tess que de, disons, Samantha, que je croise de temps à autre à des soirées. La différence entre les deux est énorme.) Je mentirais si je disais que je n’étais pas quelque peu intrigué par le fait qu’un ex de Tess travaillait au refuge avec moi, et j’essaie donc de deviner en énumérant tous les gars qui bossent avec moi, que ce soit des employés ou même des bénévoles. Quand je mentionne Aidan, ça la fait rire, ou presque, mais elle secoue la tête en affirmant qu’il ne le sait pas, mais il est son futur mari. Je hausse un seul sourcil, petit sourire amusé sur les lèvres, bien qu’une drôle de sensation m’envahisse tout d’un coup. Aurait-elle un crush sur Aidan? Si oui… pourquoi ça m’agace, au moins un tout petit peu? Et bon, le mariage, bof bof de toute manière. Je poursuis mon énumération et découvre alors qu’il s’agit de Nathaniel, son ex, rien qu’en voyant l’expression qui se pose sur son visage et son petit soupir, ainsi que son absence de réponse. J’aimerais bien lui poser plus de questions, je l’admets, mais je me garde bien de le faire, puisque de l’autre côté, je déteste qu’on insiste quand je n’ai pas envie de parler d’un sujet.

Sur le bateau, la possibilité d’apprendre à le naviguer m’emballe, bien que ça soit trop tentant de faire genre que je me suis tapé des tutoriels sur Youtube la veille pour  ne pas paraître comme étant ignorant de tout ce qui se rapporte à diriger le bateau. Et bon, tout pour entendre le rire de Tess, honnêtement, j’ai l’impression que je ne m’en lasserais jamais. À ma question sur notre destination, elle se fait mystérieuse, et je résiste à l’envie de rouler des yeux, refoulant ma curiosité et mon agacement de ne pas savoir où on va. « … to insist?? » Je complète sa phrase, sachant très bien que ce n’est pas ça, grand sourire sur les lèvres. Elle me dit être certaine que je vais adorer et… je lui fais confiance. Alors je hoche la tête, portant ma bouteille de bière à ma bouche, riant doucement quand Abby réclame sont verre à elle. On finit par se mettre debout et, après avoir lever l’ancre, Tess me montre comment tenir la barre et finit même par me laisser gérer tout seul pendant qu’elle surveille Abby pas loin, sur le filet, fascinée par sa balade en mer. Vraiment, c’est plutôt cool que de “conduire” un bateau. Mon regard se perd sur la silhouette de Tess quand elle plonge dans la mer, et je lui souris quand, enfin, ses yeux se posent sur moi en sortant la tête de l’eau. Abby lui envoie la main, toute heureuse de voir ma bonne amie dans l’eau salée. Un peu plus tard, on se retrouve avec chacun une assiette de spaghettis, un peu de légumes et un peu de vin pour Tess surtout. Je préfère mille fois mieux la bière et elle me connaît si bien qu’elle m’amène une deuxième bouteille d’elle-même. Je prends mon temps pour manger; aillant ma nièce sur mes genoux, ce n’est pas si simple. Abby n’a même pas terminé son assiette que ses petits yeux commencent à se fermer doucement, comme me le fait remarquer notre hôte. Sa tête s’appuie contre mon torse et, quelques instants plus tard, j’entends sa respiration changer, m’indiquant qu’elle est sur le point de s’endormir. Tess se lève pour commencer à ramasser et m’indique sa cabine si je veux aller coucher Abby. Je hoche la tête, c’est en effet une bonne idée, d’ailleurs mon bras commence à être engourdi. Avant de me lever, j’attrape une serviette pour nettoyer le visage de ma nièce, qui grogne dans un demi sommeil en détournant la tête. La tâche accomplie, je la cale dans mes bras en me dirigeant vers la cabine de Tess, que je découvre du même coup. Quand je tente de la poser sur le lit, Abby accroche ses bras autour de mon cou. « Tu veux dormir dans le lit de Tess, Abby? » Je crois comprendre un oui et, maintenant qu’elle a compris où elle se trouve et dans quel lit elle va dormir, elle me laisse la border. Je lui donne un bisou sur le front et sort en fermant presque complètement la porte, revenant vers Tess qui s’assoit tout juste.

Une drôle de sensation dans mon estomac, je lui fais part de ce qu’Anthony m’a proposé. C’est de ma faute si Tess a mon nom mélangé à des mots louches dans le bas du dos; il ne me doit carrément rien, pourtant il est toujours là pour m’aider. Quelque chose me tique quand je lui fais part de la proposition de mon coloc, mais je ne sais pas quoi. Pourtant, je tente de ne rien laisser paraître. Je pensais que Tess serait ravie de cette proposition, mon nom Instagram est bien cool, mais je suis conscient du double-sens que peuvent porter ces trois petits mots. C’est moi ou son regard semble m’éviter? Le début de sa phrase me laisse sur ma faim, « tu remercieras Anthony, mais… »? Elle commence à jouer avec sa bague, cherchant le reste de sa phrase. Mais… elle va refuser l’offre? Pourquoi une partie de moi semble soulagée? Elle finit par poursuivre, toutefois c’est pour me dire que si moi, ça me dérange, qu’elle appellera Anthony. Sur le point de lui répondre, je sursaute quand mon téléphone sonne sur la table. Fronçant les sourcil, je le regarde sans rien faire, un peu sonné — ahah — de ne pas entendre la suite de la bouche de Tess. Les mots de celle-ci me rappellent que je devrais peut-être décrocher, ce que je fais. « Allô? » C’est ma mère. Je n’ai pas pensé à regarder sur l’afficheur, mais vu le soleil presque déjà couché, j’aurais dû m’en douter. Je lui avais dit que je ramènerais Abby pas trop tard. Oups. Mais définissons pas trop tard… « Salut mon poussin! Je voulais m'assurer que tout se passait bien ? »  Je jette un petit coup d’oeil à Tess, lui adresse un tout mini sourire et articule silencieusement qu’il s’agit de ma mère. « Bien sûr, on est toujours sur le bateau... Abby s'est déjà endormie. » Il est plus tôt, en plus, que l’heure à laquelle ma mère la couche d’habitude, je pense. « Oh ma puce. Grosse journée pour elle. Tu pensais la ramener quand ? » Je me mordille la lèvre en m’interrogeant sur la question. Au départ, c’était ce que je prévoyais. J’adore ma nièce, mais je me voyais bien passer du temps seulement qu’avec Tess aussi. C’est pas la même chose. Mais, maintenant qu’Abby est endormie dans le lit de mon amie, et qu’on n’est pas revenus encore au port, je me disais qu’elle pourrait dormir ici. « Elle s'est bien amusée, en tout cas. Sauf avec les tortues. Oh hum... est-ce qu'elle pourrait dormir sur le bateau, et je te la ramène demain matin? » Je lève les yeux en direction de Tess, espérant que ça soit okay que je dise ça, tout de même. Le long silence de ma mère me donne un aperçu de sa réponse. « Dormir sur le bateau ? ... Je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Elle... » Un petit silence s’ensuit et je me contente d’attendre. « Elle va sortir de ses habitudes sans y être préparée... » Je fronce les sourcils. J’sais pas, mais… j’ai le sentiment que ce n’est qu’une excuse. Mais pourquoi voudrait-elle à ce point qu’Abby rentre chez elle? Peut-être qu’elle ne me fait pas assez confiance pour la garder tout une nuit, ou peut-être que l’idée que la petite dorme sur un bateau ne la rend pas à l’aise… « Elle dort déjà, maman. Je ne pense pas que ça soit un problème. » Déjà, Abby peut être grognonne quand elle ne se réveille pas d’elle-même. « Je... Oui bien sûr... Je... » Je l’entends souffler à l’autre bout du fil. « Je pensais surtout à demain matin. Je peux peut-être passer la récupérer ? Pour ne pas te couper dans ta soirée ? Je ne fais rien présentement ? » Okay, fine, elle tient vraiment à récupérer sa petite-fille ce soir. Je comprends que ça ne sert à rien d’insister et bon… faut dire que c’est ce que je voulais, au départ. Si, bien entendu, Tess veut qu’on continue la soirée après quand même. « Hum... oui, d'accord. Attend deux petites secondes. » Je lève de nouveau le regard sur Tess pour m’adresser à elle. « On peut retourner au port pour laisser Abby à ma mère? » Ayant la réponse de mon amie, je m’adresse de nouveau à ma mère. « On sera là dans une vingtaine de minutes. Rendez-vous au stationnement de la fête foraine? » « Oui c'est parfait. Je serai là dans 20 minutes. Merci. » « À tantôt », je dis avant de raccrocher.

Une fois arrivés au port, je vais récupérer Abby qui dort encore. Ses petits bras s’accrochent à mon cou alors qu’elle en a à peine conscience. Tess pose les pieds sur le quai en premier et je lui tends ma nièce pour qu’elle puisse l’installer dans sa poussette, mais elle garde ses bras fermement accrochés au cou de mon amie. Je traîne donc la poussette à côté de Tess qui porte Abby. Après quelques minutes de marche, on arrive au stationnement où ma mère nous attend déjà, prête à récupérer la petite. Je m’approche pour l’embrasser sur la joue en la saluant, puis vais chercher le siège d’auto d’Abby dans ma voiture. « Maman, je te présente Tess, une bonne amie », je dis dans un petit coup d’oeil à la brune. Une bonne amie, j’ai l’impression que ça diminue ce qu’on est réellement, on ne se connait que depuis quelques semaines, mais j’ai l’impression qu’elle fait partie de ma vie depuis beaucoup plus longtemps. Limite, je suis surpris que ma mère ne la connaisse pas encore. « Tess, je te présente ma mère, Romane. » Quelques mots sont échangés, puis Tess tend Abby à ma mère. La petite va tout de suite se nicher contre sa grand-mère qui, en fait, depuis un bon moment déjà, fait plus le rôle de maman, on ne se le cachera pas… Je ravale ce sentiment qui me pèse et remercie ma mère d’être venue récupérer Abby. Comme ça, si on le souhaite, Tess et moi pourrons retourner sur le bateau, ou faire à notre guise. Une fois sa voiture éloignée, je me tourne de nouveau vers ma bonne amie. « Ça te dit qu’on reste ensemble encore? Je n’ai pas particulièrement envie de rentrer », je dis dans un petit sourire en coin. « Tu veux qu’on retourne sur ton bateau, ou on trouve complètement autre chose? Les manèges sont encore ouverts, je pense, bien que je passerai mon tour pour les petites tortues, il n’y a pas assez… de sensations fortes », j’ajoute, le regard pétillant. Enfin, alors qu’on reprend notre marche, les mains dans mes poches, je me tourne vers elle dans un regard un peu plus sérieux, repensant à notre discussion qu’on n’a pas encore mené jusqu’au bout. « Par rapport au tattoo… “mais” quoi? Tu ne veux pas te le faire couvrir? » Je tente de faire genre que j’attends sa réponse patiemment, alors qu’à l’intérieur de moi, je brûle d’envie de savoir.

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@Tess Hawkins  

Yes we ride or die, but can you sail too?

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Bien vite, nous arrivons au port et je tends Abby, encore toute endormie, à mon amie qui la prend dans ses bras et commence à marcher vers le début du quai pendant que je descends à mon tour et reprends possession de la poussette. Nous étions bien sur le bateau, et autant j’aime énormément ma nièce, c’est sans aucun doute une bonne affaire que ma mère vienne la récupérer. Comme ça, Tess et moi allons pouvoir être seuls, boire plus de bières si on le souhaite, être irresponsables comme des gamins si l’envie nous prend ou même crier à tue-tête. Ma mère nous attend déjà quand on arrive au stationnement, je ne suis pas surpris comme elle a l’habitude d’être ponctuelle partout et tout le temps; si on a dit vingt minutes pour retrouver la terre ferme, ça fait déjà au moins cinq minutes qu’elle nous attend, la connaissant, voire dix. Je lui laisse Abby et fais les présentation, et hausse un sourcil en réalisant que les deux se connaissent déjà. Qu’est-ce que le monde — ou Hilton, plutôt — est petit, quand même. « C’est fou que tu connaisses ma mère », je commente en regardant la voiture de celle-ci s’éloigner. Je confie ensuite à Tess que je n’ai pas tant envie de rentrer, il est tôt encore, et puis rien de prévu aux aurores demain, autant profiter de ce moment qu’on a ensemble. Nous connaissant, le temps passera si vite qu’on pourrait très bien aller se coucher aux aurores, justement. Tess hoche la tête, sourire aux lèvres auquel je ne peux m’empêcher de répondre. Je suggère qu’on retourne sur le bateau ou à la fête foraine, les deux options me vont, je sais qu’on aura du plaisir peu importe. Mon amie résume ça en deux options très simples: bière ou barbe à papa? « Ouh là, choix difficile… » Je fais mine de réfléchir, j’avoue que ce sont deux choix assez attirants, en fait. Sauf que, dans le ranking de Nicholas Brown, un vaut plus que l’autre. « Je dirais les deux… mais s’il faut choisir, j’avoue que je te dirais bière. » Même si bon, peut-être certains diraient que j’abuse ou quoi; à l’appart, y’a toujours moi ou Anthony qui s’assure d’en avoir dans le frigo. M’enfin, je m’en lasse pas, et puis c’est parfait pour se détendre et passer un bon moment à tout coup. On marche le long de l’océan, dans cette brise paisible de fin de soirée, les bruits de la fête foraine résonnant au loin. Je tente d’en savoir plus sur son début de phrase avant que ma mère ne m’appelle. Tess s’arrête, regarde au loin, et je m’approche en me demandant ce qu’elle peut bien penser à ce moment-là. Elle hausse d’abord les épaules, mais demeure silencieuse. « Tess? » je souffle, me demandant si elle a envie d’en parler de base, l’encourageant à poursuivre. Je me pose à ses côtés et, enfin, elle relève les yeux sur moi, et c’est à ce moment que je me rends compte que son silence commençait à me rendre légèrement anxieux. Je pince les lèvres quand elle dit que le tattoo qu’elle a de moi est peu flatteur de base. « Hum… je ne peux pas prétendre le contraire », je réponds sérieusement, un peu à contre coeur quand même. J’aurais aimé qu’il soit écrit quelque chose de plus flatteur que mon nom Instragram qui suggère une signification aux rebords inappropriés quand les lettres sont posées dans le bas de son dos, mais on doit se faire à l’évidence qu’il est bel et bien là. « Mais? » je l’encourage à poursuivre. Des larmes commencent à rouler sur ses joues. Ai-je dit quelque chose qu’il ne fallait pas? « Oh… Tess… » Avec un peu d’hésitation, je lève la main dans sa direction, avant de finalement la poser sur son bras, démuni par sa soudaine… tristesse? Elle fait remarquer que ça ne fait pas si longtemps qu’elle m’a vu sur le toit. « Moi ça, arrogant? » Je fais mine d’être surpris qu’elle me dise ça. Mais… on ne se le cachera pas, je sais que je peux paraître arrogant à mes heures, et peut-être que je le cherche un tout petit peu. Je ne suis pas du genre à me prendre trop la tête dans la vie. J’esquisse un petit sourire amusé en l’entendant étouffer un rire, comme si c’était plus fort qu’elle. Mon regard s’adoucit instantanément quand elle poursuit en disant que je suis devenu quelqu’un à qui elle s’est accrochée, que ce tatouage le lui rappelle… Je ne riposte même pas quand elle parle de connerie. Je suis juste sans mots, à court de voix. On le sait depuis un moment qu’on s’apprécie, mais c’est la première fois que l’un d’entre nous le rend aussi clair, verbalement quoi. Je la laisse poursuivre, elle montre mon torse de la tête avant de m’expliquer ce qu’elle pense de nos tattoos. Est-ce que celui que j’ai à cause d’elle me dérange? Non, en fait, je l’aime bien, ça me rappelle cette soirée de Champagne passée ensemble où on a appris un peu plus à se connaître. Ensuite, elle me dit que s’il n’ent tient qu’à elle, elle voudrait le garder. Enfin, je lève la main doucement vers son visage et essuie les larmes sur ses joues du revers de mon index. L’instant d’après, je l’attire dans mes bras, ne sachant pas si, au final, c’est moi qui ais besoin d’une étreinte plutôt. Après un moment, je me recule, pour pouvoir lui parler yeux dans les yeux. « Tess, je… » Je prends déjà une petite pause, incertain de comment formuler mes pensées, au final. « Je tiens à toi aussi, tu sais. Et ces tattoos, autant je les aime beaucoup parce que cette soirée était top et mémorable… » Je ne peux m’empêcher de sourire à ce souvenir. Qu’est-ce qu’il s’en est passé des choses, ce soir-là. « Qu’est-ce que tu dirais si on se trouvait un autre truc, genre… un petit symbole peut-être? Quelque chose qui nous ressemblerait beaucoup tous les deux. » Je prends de nouveau une pause pour jauger sa réaction, plonger mes yeux dans les siens. « Toi et moi, on sait ce que ça représente, Nick was here, mais comme tu as souligné, le monde extérieur non et… j’ai peur que ça finisse par te nuire, ou que ça te colle un drôle d’étiquette dessus. » Je fronce les sourcils, l’air concerné à son égard. « Qu’est-ce que t’en penses? Deux petits verres de Champagne, why not », je suggère, pas tout à fait sérieux, dans un petit rire.

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Ma main vient se poser sur son bras, et sa main sur la mienne. Je soupire doucement, discrètement, en réalisant que j’avais oublié d’inspirer pendant une fraction de seconde. Il n’y a pas de doute, le soir où on a eu nos tatouages était mémorable. Un début d’un super lien entre nous, une belle amitié… avec un petit plus à côté. Avant. M’enfin. Il faut admettre qu’une part de moi a trouvé ça vraiment hilarant qu’elle se retrouve avec mon nom Instagram tatoué sur le corps — ce qui est encore plus drôle parce que c’est elle qui me l’a créé et que je n’y vais pratiquement jamais —, mais d’un autre sens, j’ai eu l’occasion d’y réfléchir un peu plus et… j’aime pas l’idée que quelqu’un pourrait mal voir ça sur elle. La mal voir tout court, elle, juste parce qu’on s’est fait tatouer en état d’ivresse. Anthony m’a suggéré de nous recouvrir nos tattoos avec autre chose et je pense que ça pourrait être une idée pas mal, tout compte fait, ce que je partage à mon amie. Mais comme je veux lui assurer que ce n’est pas contre elle, je lui suggère qu’on se trouve un truc plus discret, bien que significatif, comme deux petites coupes de champagne qui représentent bien la soirée qui a tout commencé entre nous. J’adore socialiser, mais il faut dire que je ne cherche pas particulièrement à me faire des amis de manière générale. J’ai de supers potes déjà. Mais avec Tess… ça a juste cliqué, c’est tout, et au-delà du physique, je dois l’avouer, bien que je ne nierai pas que ça a bien démarré notre relation. J’ai beaucoup de difficulté à concevoir que ça ne fait pas longtemps qu’elle est dans ma vie, parce que d’un sens, c’est comme si elle l’avait toujours été. « Deal », je conclus quand elle agréé aux coupes en tatouages, tout en précisant qu’elle les dessinera. Ce n’est certainement pas moi qui l’aurais fait, ça aurait sans doute ressemblé à des taches diformes et laides. Des formes géométriques si on a de la chance. Sinon, j’aurais juste demandé à Anthony de nous les dessiner, mais je suis sûre que celles de Tess seront vraiment parfaites. Sa main glisse dans la mienne et c’est tellement rendu tout naturel que mon réflexe est seulement de sourire, surtout que le sien est totalement contagieux. Je hausse toutefois un sourcil quand elle me dit que ses frères m’aimeraient bien. Je sais qu’ils sont super importants pour elle, qu’ils ont un rôle majeur dans sa vie, et selon ce qu’elle m’a raconté, je sais aussi qu’ils peuvent se montrer, disons… assez protecteurs envers elle. Mais ce n’est pas comme si on sortait ensemble… si? « Bien entendu qu’ils m’aimeraient bien », j’ironise dans un petit sourire malicieux, au final.

Un peu plus tard, des friandises pleins les bras, on marche sur le ponton. La fête se calme peu à peu, le bruit ne m’a jamais dérangé (allô les concerts), mais il faut dire que ça fait du bien que ça soit un peu plus paisible autour de nous. « Si tu promets de ne pas me pousser à l’eau pendant mon sommeil, ce sera avec plaisir », je plaisante dans un petit rire, jetant un regard faussement méfiant vers Tess. Et alors qu’elle regarde son bateau, je ne peux m’empêcher de l’observer, d’observer son visage éclairé par la lune, ses cheveux tomber sur ses épaules, cet air qui s’affiche sur son visage alors qu’elle semble perdue dans ses pensées. Et à ce moment, je ne sais pas ce qui me prend, mais l’envie d’être proche d’elle, dans tous les sens, me traverse l’esprit. Je secoue la tête en fixant mon regard sur l’eau, afin de chasser ces pensées. Autant j’ai franchement aimé passer quelques nuits avec elle, autant je sais que ce n’est pas une bonne idée de continuer. C’est un plan direct pour que ça termine bizarrement et que je la perde… ce qui est hors de question. Elle est beaucoup trop importante pour moi.

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@Tess Hawkins