Taylor Myers - Three, two, one... action !

TW : Attention, l'histoire de Taylor aborde des sujets sensibles comme la mysogynie, le machisme, le sexisme, les violences conjugales, physiques et verbales.

Rien ne prédestinait Taylor Myers à faire une carrière d'acteur. Absolument rien. Et surtout pas le contexte dans lequel il vit le jour, en ce 3 août 1987. Bien qu'il poussa son premier cri vers 7h30, la chaleur étouffante de la canicule ambiante enrobait déjà l'atmosphère de la maternité privée où Evelyn Myers et son époux Warren Wilkinson s'étaient rendus dès les premières contractions. L'histoire d'amour entre ses deux là était à sens unique. Elle l'aimait, mais pas lui. Il ne s'intéressait qu'à son argent, pour servir ses intérêts personnels. L'argent... ça dictait la ligne de conduite des Wilkinson depuis des générations. Il en fallait toujours plus, encore et encore... Au point que cela conduisait à des guerres fratricides quand il existait plus d'un héritier. Warren avait excellé dans ce domaine. Il avait fait toutes les crasses du monde pour grapiller la part qui devait normalement revenir à ses soeurs. Si elles avaient été des hommes, il en serait allé autrement. Parce que ce qui caractérisait cet entrepreneur spécialisé dans l'exploitation minière, c'était sa mysogynie. Les femmes ? De simples "pondeuses" comme il aimait à le dire ouvertement. A l'égard d'Evelyn, il n'exprimait de sentiments que lorsqu'il avait besoin de liquidités. Et aujourd'hui, parce qu'elle allait lui "pondre" un héritier, un mâle, un vrai, qui pourrait dignement prendre la relève de son empire, une fois qu'il serait adulte, il se montrait attentionné. Il avait d'ores et déjà l'intention de faire de sa progéniture, un bon petit soldat cupide, capable de toutes les bassesses. Et s'il avait pu savoir à ce moment précis combien il s'était trompé, nul doute qu'il aurait prôné l'avortement, lui qui pourtant se mettait vent debout contre ce "droit de tuer" accordé aux femmes. A cette époque-là, la seule position admise pour Evelyn était la soumission. C'est ainsi qu'il avait sélectionné lui-même les prénoms : Warren Junior, Robert. Il ne voulait pas entendre parler de cette horreur : Taylor ! Et puis quoi encore ? Mais, ce jour-là, se sentant sûrement de bonne humeur parce qu'il voyait ce petit gaillard de 4,8 kg et de 53 cm, péniblement sorti des entrailles de son épouse, il accepta de lui faire plaisir et ajouter ce "sobriquet" en derrnière position pour l'état civil.

Chez les Wilkinson, les traditions se transmettaient telles des maladies vénériennes dans de vieux bordels parisiens. L'appartenance du patriarche, cet illustre arrière grand-père que l'on soupçonnait d'avoir faire "disparaitre" son frère aîné, à la Convention des Baptistes du Sud, se voyait soigneusement perpétrée depuis des générations. La secte, appelons ça comme il se doit, s'immisçait dans les aspects liés à l'environnement familial. Parce qu'il était grande gueule, Warren parvenait quand même à faire valoir sa loi. Personne n'osait vraiment le contredire. Plus créationniste que pouvaient l'être les prêtres, plus fondamentaliste que ses semblables, il gérait tout d'une poigne de fer, inflexible, intolérant à toute forme de contradiction, même raisonnée et argumentée. Il n'en était pas à penser que la Terre était plate, mais il était persuadé que l'Homme n'avait jamais mis le moindre pied sur la Lune, que tout ça était un complot des communistes infiltrés dans le Gouvernement des États-Unis. Les "salauds de rouge" étaient partout ! Ce fut dans ce cadre que Taylor commença sa vie. Inutile de dire qu'un enfant n'a pas conscience de tous ces sujets d'adulte. Il n'est que le spectateur. Par chance, ce fut davantage sa mère qui s'occupa de lui. Pendant que Warren était occupé à racheter des sociétés en difficulté pour en virer le personnel et ne garder que les clients, il lésinait un peu cet être "puant et pas utile"... oui, nous parlons bien de son rejeton et des mots durs qu'il utilisait à son endroit. Alors Evelyn profita d'avoir cette liberté pour l'instruire. Ce fut elle qui lui apprit à parler, à marcher, à lire et à écrire. Elle aussi qui l'initia au piano, au chant, à la poésie. Elle encore, qui lui racontait des histoires fascinantes où déjà, le petit garçon se projetait dans le rôle du héros, voulant écrire un peu l'épopée à sa sauce. Quand il approcha des six ans, son père décida que son éducation devait être donnée par un précepteur. Finies les contes. Il fallait travailler dur, apprendrer à compter, pour gagner beaucoup d'argent plus tard. Pas besoin de s'embarrasser de choses inutiles comme la littérature, l'art ou encore la créativité artistique, un truc de femmes. Parce qu'il n'était pas passionné par ce qu'il apprenait, Taylor manifesta bientôt des faiblesses, des lacunes... Et ça fâcha son paternel.

Chez lui, l'état de grâce ne durait jamais bien longtemps. Assez vite, et malgré le jeune âge de son garçon, Warren commença à manifester de la violence verbale. Dire à un enfant de 8 ans qu'il n'était qu'un incapable, un imbécile, ça n'était pas très constructif. Puis, insidieusement, les coups firent leur apparition. De simples gifles au départ, qui se transformèrent en brutalisations régulières, dès que Taylor ne faisait pas les choses exactement comme souhaité, il se voyait violemment bousculé. Evelyn tenta bien de s'interposer mais elle aussi, elle prit des coups. Si jusqu'à son adolescence, le garçon se replia sur lui-même, essayant de faire de son mieux pour plaire à cette figure paternelle qui le terrorisait, l'arrivée de la puberté bouscula bien des choses. Physiquement déjà, il dut faire face à une forte poussée de croissance. A 13 ans, il mesurait déjà 1m65. Ce ne fut pas sans problème. Parcouru de douleurs articulaires, abonné aux tendinites et aux élongations, Taylor était aussi particulièrement maigre. Au point que cela inquiéta sa mère et qu'elle demanda en secret à un médecin extérieur aux baptistes de l'examiner de façon régulière. Cela renforça le mépris de son père à son égard qui le considérait comme faible. Les coups qu'ils lui portaient faisaient aussi plus de dégâts. Côte fêlée, tibia cassé, entorses diverses, hématomes... le moins que l'on puisse dire c'est qu'il prit cher. Et n'étant pas inscrit dans une école publique, Taylor ne put malheureusement compter sur le soutien d'un corps professoral pour mettre un terme à cet enfant. Mais la tolérance aux brimades, aux humiliations et à la violence se consumait à vitesse grand V à mesure que l'adolescent grandissait. Bientôt, grâce à son amour pour le sport, il fut suffisamment grand et robuste pour stopper les coups et bien s'en protéger. A la maison, l'ambiance était devenu électrique. Il répondait de plus en plus, suscitant l'ire de son paternel. Tout ce qui était imposé, il prenait un plaisir revendiqué à ne pas le respecter : les heures des repas, quitte à être privé d'eau et de nourriture, les ordres, les règles stupides, la religion... Il fut très souvent privé de sortie, d'abord parce qu'il était puni et ensuite parce que Warren avait compris que le laisser dehors pouvait nuire à son image de père "parfait" et inflexible. Quelle tête aurait-il fait si Taylor lui avait balancé qu'il se moquait bien des baptistes et que tout ça n'était que du bullshit ? Non mieux valait planquer ce gosse décidément décevant sur toute la ligne. Révolté en permanence, Taylor ne fut pas non plus très tendre avec sa mère, à cette période là, qu'il accusait de complicité de par son attitude passive. Avec le recul les mots durs qu'il utilisa, il les regrette encore aujourd'hui.

Il avait 15 ans, quand, après une violente dispute, il asséna un direct du droit à son père, après que celui-ci ait violemment giflé sa femme pour une histoire de tâche ménagère mal faite. Warren eut la lèvre éclaté et sans doute pour la première fois depuis des années, la peur changea de camp. Taylor tira de cette situation un plaisir malsain. Il jubilait de voir son père saigner et se replier, mais en même temps il fut terrifié à l'idée de devenir comme lui... un être cruel, dénué de sentiments et d'humanité.  Sa sentence fut sans appel. Une semaine après, Taylor fut placé dans un camp de rééducation militaire, où le seuil de tolérance était proche de 0. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il passa des mois douloureux, sans pour autant se calmer. Il avait trouvé le moyen de faire le mur, de façon régulière et profitait de la nuit pour rejoindre la ville d'à côté et traîner dans les bars. En avance sur les autres de son âge, les hormones complètement détraquées, il se laissa un peu entraîner à boire et à draguer des femmes. Celles-ci étaient majeures mais pas lui. Pour autant, ayant été précoce, il ressemblait déjà à un jeune homme. Sa première fois, il n'en est franchement pas fier. Il avait piqué le portefeuille d'un type pour payer une prostituée. Seulement, une fois face à elle, il ne sut pas du tout ce qu'il devait faire et outre le fait qu'elle eut lieu près d'une benne à ordures dans une rue adjacente au bar animé, il avait complètement perdu ses moyens. Les fois d'après furent mieux, parce qu'il tomba sur des femmes qui l'éveillèrent un peu au plaisir. D'un point de vue moral, il comprit rapidement que ce qu'il faisait n'était pas génial. La majeure partie de ces femmes étaient là sous contrainte. Une vie interdite, débridée, qui fait toujours scandale quand il en parle aujourd'hui. Oui, il était mineur, oui, il faisait plus grand que son âge et il en jouait volontairement. Il avait tellement de frustration en lui qu'il voulait découvrir ce que c'était le sexe... et en cela, il ne fut pas déçu. Son seul regret fut d'avoir été complètement chaotique, déstructuré. Avec une autre éducation, il n'aurait probablement pas été dans le même état d'esprit en y resongeant. Il n'a jamais été très fier du contexte entourant ces années là de sa vie. Il se cherchait une identité, sans véritable modèle sous la main, puisque soyons clair, son père était une figure à fuir, par tous les moyens.

Vers ses 16 ans, il se rapprocha d'un de ses camarades présent dans le centre lui aussi. Cette amitié se mua en autre chose... première expérience homosexuelle, loin d'être déplaisante. Ils furent dénoncés par un garçon de leur dortoir. Et là, les problèmes s'accumulèrent. Le centre en informa son père et prononça son exclusion. De retour à la maison, Warren fit venir quelques connaissances pour l'emmener directement en thérapie de conversion, sans le moindre mot. Pour Evelyn, ce fut la goutte de trop. Elle se rebiffa, et le jour où elle parvint à extraire Taylor de cette sorte d'hôpital psychiatrique sensé le reprogrammer et exorciser le démon en lui, où il avait été gavé de comprimés, elle demanda le divorce et se refugia chez une amie avec son fils. Il lui fallut des semaines pour se remettre des traitements médicamenteux, mais quand il retrouva ses forces, il se transforma en véritable rempart entre sa mère et son géniteur. Il lui servit de garde du corps où qu'elle aille. Warren ne pouvait plus l'approcher sans se confronter à son fils qui n'était plus le môme chétif sur lequel il pouvait cogner. Non, maintenant, il était un colosse, avec une sacrée carrure et un regard dur, glacial quand il le portait sur lui. Le fait qu'Evelyn prenne une avocate et commence à faire valoir toutes les violences subies eut pour effet de rendre Warren beaucoup plus docile et de le ramener à la table des négociations. Il concéda la garde de Taylor à son ex et lui fit signer un document dans lequel elle renonçait à des poursuites et à une pension alimentaire. Sur ce dernier point, elle se serait battue si Taylor ne l'avait pas convaincue de renoncer, pour "ne rien devoir à ce fumier". Elle récupéra une jolie somme pour elle, qui vint réapprovisionner son compte en banque régulièrement pompé par Warren. Une séparation qui avait mal commencé mais qui trouva sa conclusion de façon amiable. Forcément, avec les bonnes armes à disposition, ce n'était gère compliqué et ça, le jeune homme le comprit rapidement. En tout cas, c'est à ce moment-là qu'il officialisa aussi son nom d'usage : Myers comme sa mère et Taylor comme prénom principal. Divorce acté, mère et fils quittèrent le Texas pour s'installer en Californie, à San Francisco. Cette journée-là, il se fit la promesse de rayer définitivement son père de sa vie. Il découvrit la joie du lycée, les difficultés que cela impliquait, notamment pour respecter le règlement. Mais il fut plus enclin à être exemplaire dans la mesure où les consignes étaient justes, et qu'il en allait aussi de son avenir. Quelques semaines après son inscription, il renoua avec son enfance, en rejoignant le club de théâtre et le "glee club" où il joua principalement du piano en faisant office de seconde voix.

Il commença véritablement une nouvelle vie, passionnante. Bien qu'ayant des difficultés sur certaines matières, il affichait un tel enthousiasme et un tel désir de progresser que ses professeurs l'y encouragèrent et furent parfois plus indulgents qu'avec d'autres élèves. Il rejoignit l'équipe de waterpolo, pour se défouler et aussi parce que, comme il disait à sa mère, en plaisantant à moitié, c'était toujours sympa de voir des mecs en maillot. Sportif, sociable, il n'eut pas de mal à se faire des amis. Assez rapidement, il trouva sa vocation : devenir acteur. Sa mère l'y encouragea en lui payant des cours en dehors de l'école. Ce fut également elle qui l'inscrivit à des auditions. Au début, il fut surtout contacté pour faire des prises de vue dans le cadre de manneniquat. Il n'échappait à personne que son physique pouvait faire vendre. Taylor fit quelques séances auprès de lignes de prêt-à porter, l'argent ainsi récolté partit sur son épargne. A 18 ans, désireux de voler de ses propres ailes, il décida de rejoindre l'Université de Californie de Los Angeles afin d'y faire des études en théâtre. Assez rapidement, son quotidien commença à tourner autour de ça. Animé d'une passion dévorante à l'idée de jouer les rôles qui s'offraient à lui en cours, il s'y jeta à corps perdu. Ce fut une époque particulièrement chérie, pour lui. Il apprenait à se débrouiller seul, à s'accomplir après s'être affranchi. Il prenait toujours des nouvelles de sa mère et de temps en temps ils se retrouvaient chez l'un ou chez l'autre pour profiter de leur temps libre. Ce fut à cette période là qu'il apprit que sa mère avait une soeur ainsi que des neveux et nièces, au détour d'une conversation sur la famille. Assez surpris par cet aveu, Taylor demanda pourquoi il n'en avait jamais entendu parler auparavant. Sa mère lui expliqua que depuis son mariage elle s'était retrouvée complètement isolée. De toute façon, ce n'était plus envisageable désormais, puisque sa soeur était décédée depuis un moment. S'il comprit la situation, il l'encouragea cependant à y réfléchir, d'autant que si le reste de sa famille habitait en Californie, ça serait dommage de laisser Warren gagner sur ce point précis. Elle avait l'opportunité de reprendre sa vie en main, alors autant la saisir. Il ne sut pas vraiment si elle renoua contact ou non par la suite, mais comme elle n'en parla pas beaucoup, Taylor commença à faire quelques recherches généaologiques, pas très poussées. En fait, après ses études, il reprit les auditions. Il ne s'attendait pas à être retenu pour une série télévisée, où il campait un rôle secondaire. Il incarna Chad Campbell, un adolescent un peu rebelle, surfeur et donc séducteur, parce que de tout temps, le septième art a aimé entretenir les clichés. Le succès de la série fut remarquable. Son personnage lui attira de nombreux fans. Il dut faire avec cette célébrité naissante au départ. Mais il s'en accomoda volontiers sans vraiment en abuser.

Si la série ne fit que 3 saisons, son nom commença à circuler comme une révélation. Les critiques lui accordaient, malgré la jeunesse de son jeu, une justesse et un capacité à transmettre les émotions particulièrement "époustouflante". Sa mère lui recommanda de prendre un agent, pour ne pas avoir à gérer la partie négociation. Un conseil sage, vu la quantité de propositions qui commencèrent à arriver. On proposa à Taylor de jouer à nouveau dans des séries, mais il refusa. Il savait très bien comment ça fonctionnait ici. A trop jouer dans le même registre, on finissait avec une étiquette et plein de portes qui se formaient. Il n'accepta que les offres pour des films, même s'il s'agissait de petits rôles. Une stratégie judicieuse qui paya. Malgré quelques bides retentissants, il ne regrettait aucun de ses choix et les assumait tous en interview. Il a 25 ans quand il obtient son premier rôle, dans un film indépendant sur Harvey Milk. L'occasion pour lui d'assumer sa bisexualité et d'annoncer qu'il reversait 90% de son cachet sur ce film à une association. Et ce fut aussi l'opportunité pour lui d'évoquer son enfance... la biphobie dont il avait été victime, en citant expressément son père. Ni une, ni deux, Warren déposa une plainte contre lui pour diffamation et fit circuler des rumeurs à son sujet, sur de prétendues violences. Cela n'empêcha pas Taylor de persister et de signer. Les caméras auxquelles il était habitué, se détournèrent alors sur son père. Warren Wilkinson, magnat texan, ne pouvait plus compter ses ennemis sur les doigts de ses mains depuis bien longtemps. Ce fils si décevant et si pathétique venait d'allumer l'étincelle qui allait se transformer en brasier. Acculé, accusé par plusieurs personnes, d'abus de confiance, de détournements de fonds, de travail dissimulé, d'agressions, la descente aux enfers commença pour Warren. Et bien que Taylor n'ait pas cherché à se venger, il en tira une satisfaction qu'il ne masqua pas quand on l'interrogeait sur le sujet. Il avoua même que s'il avait su à quel point la cuve était remplie d'immondices, il aurait ouvert sa bouche beaucoup plus tôt. Il laissa faire la justice et alors que les condamnations pleuvaient, il se focalisa davantage sur sa carrière. Celle-ci décolla au point qu'il dut refuser certains projets par manque de temps. On se mit à dire de lui qu'il avait pris la grosse tête mais il n'en fut rien. Au contraire, plus le temps passait, plus Taylor utilisa sa notoriété pour de bonnes causes. Il participa à plusieurs évènements sportifs caritatifs, il réalisa plusieurs voyage dans des pays d'Afrique pour aider à creuser des puits de forage permettant d'atteindre l'eau coincée dans les nappes souterraines.

Il s'engagea aussi contre les MST en participant à un clip de prévention où armé d'une banane, il déroulait un préservatif dessus en disant cette ritournelle désormais célèbre : "Hé mec, si malgré ça tu sais toujours pas comment enfiler une capote, appelle-moi". Le ton irrévérencieux au possible eut l'effet escompté : faire parler. La presse people s'intéressa à sa vie sexuelle et en fit ses choux gras. Taylor n'en avait pas honte, il ne se cachait pas d'apprécier passer de bons moments avec des hommes, des femmes, parfois les deux en même temps... Ses frasques étalées au grand jour se confrontèrent pourtant au puritanisme ambiant. Ce fut loin de le faire taire ou de l'impressionner. Au début, il prit le temps de répondre à ses détracteurs et puis à mesure que les années passaient, il fit le choix de les ignorer. La constance de sa personnalité imprima bien auprès du grand public. Il était l'exemple imparfait de l'acteur modèle, poil à gratter, avec des forces, des faiblesses mais surtout une authenticité rare dans le milieu. C'est ce qui le rendit séduisant et populaire. Surfant avec talent sur cette vague de notoriété, il enchaina les rôles. Il déménagea sur Hilton afin de retrouver un peu de paix. Le fait d'être reconnu en permanence et accosté par des fans connaissant l'adresse de son domicile ne lui permettait pas de vivre comme il le souhaitait. A Hilton, où il s'était rendu pour un tournage, les gens le remarquaient mais ils furent moins intrusifs. Alors qu'il venait de fêter ses 33 ans, il apprit que son père venait de faire une attaque. Il décéda quelques semaines plus tard. Taylor ne se rendit ni à son chevet ni à l'enterrement. La mort de Warren ne lui faisait ni chaud ni froid. Il fit quand même livrer une plaque mortuaire avec gravé "Gimme your hate, i'd never spit on your grave. I've other things in mind, than cry over a filthy man" en lettres d'or et signé par un sobre mais parfait "Never Jr.". Il ne fut guère surpris d'apprendre qu'il avait été déshérité. Il n'attendait rien de son côté. Il continua sa route, comme si de rien n'était.  Quelques mois plus tard, en revanche, il apprit une nouvelle qui le fit vaciller. Sa mère était atteinte d'un cancer du sein. Il plaça sa carrière entre parenthèses. Il fit emménager sa mère chez lui, pour pouvoir s'occuper d'elle durant sa chimiothérapie. Pendant toute celle-ci, il se rasa le crâne quotidiennement pour la soutenir. Il ne cessa cela que lorsqu'elle fut déclarée en rémission, un an plus tard.

Il se servit de son image pour faire une campagne d'appel aux dons contre le cancer, publiant sur les réseaux sociaux des photos et des vidéos de cette longue épreuve. Et cette attitude lui valut énormément de sympathie de la part de ses fans mais aussi du milieu du cinéma. Même dans la presse poubelle, on pouvait lire des phrases du style "ce colosse de 2 mètres donne tout pour sa maman". Quand il annonça son retour, il put quasiment reprendre sa carrière là où il l'avait laissé. Aujourd'hui âgé de 36 ans, Taylor le clame. Il a entamé la dernière moitié de sa vie. Il ne veut pas vieillir pour conserver son indépendance. Quitte pour cela à planifier sa propre fin, le jour de ses 69 ans. En attendant, il profite de chaque seconde qui lui est donné, en travaillant avec sa liberté légendaire, sur les projets qui lui plaisent, en usant de sa célébrité pour servir des causes justes et en gardant toujours cette franchise et ce ton direct qui ont fait sa marque de fabrique. Une belle et grande-gueule.