Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny

Alexander est né le 7 mai 1985 à Hilton. Très tôt, il a été envoyé dans les écoles les plus sélectives du coin et inscrit en cours de piano, de peinture, de français et de gymnastique. On lui a appris à se tenir, à converser, à paraître en société. C'était un petit garçon sage aux manières minutieusement soignées, à la chemise toujours bien boutonnée et aux cheveux méticuleusement peignés qui ne faisait aucune vague et ne se faisait remarquer que pour ses bonnes dispositions et son ardeur au travail. Plus tard, il a rejoint le club de débat, celui de latin et celui d'aviron de ses collège et lycée tout en poursuivant son apprentissage du piano, de la peinture et du français. Débordé, il se sentait étouffé par la pression et se dénigrait toujours lorsqu'il se comparait à son frère Alistair. C'était son véritable modèle, mais ils parvenaient à rester très complices. Son enfance s'est passée sans heurts. Il était modelable, discret et faisait entièrement confiance aux adultes. Il faisait ce qu'on lui disait, pensant que c'était pour son bien. Il était un peu naïf et n'avait pas beaucoup d'amis.

En terminale, sans vraiment avoir la sensation d'en avoir le choix, Alexander a postulé à Stanford, poussé par ses parents et suivant la même voie qu'Alistair. A l'université, pour la première fois de sa vie, Alexander a eu l'impression de pouvoir échapper au regard sévère et inquisiteur de ses parents et de pouvoir respirer. Là-bas, il a également fait de nouvelles rencontres, devenant très proche du garçon avec qui il partageait une chambre sur le campus. Ce nouvel ami l'a incité à décompresser et à faire la fête et Alexander s'est pris au jeu. Tout un tas de cachets, de comprimés et de pilules circulaient sur le campus et il s'est laissé prendre à en consommer une belle quantité pour rester éveillé des nuits entières pour faire la fête ou étudier. Les premiers mois ont été heureux et il a même rencontré sa première vraie copine lors d'une fête universitaire. Mais pendant les périodes d'examens, il a commencé à prendre beaucoup trop de stimulants pour rester concentré et étudier au maximum de ses capacités, en consommant comme s'il s'agissait de bonbons. Et très vite, leurs effets néfastes se sont fait sentir, il faisait des insomnies, était nerveux, toujours sur les nerfs et avait des palpitations cardiaques. Mais il ne pouvait s'en passer et avalait tout ce qui lui passait sous la main, Ritaline, Adderall, devenu familier de tous ces médicaments détournés de leur usage. Il avait la sensation d'en avoir réellement besoin, laissant le contrôle lui échapper petit à petit, lâchant toujours plus de lest, trop de lest. Il s'est peu à peu éloigné de son colocataire et de sa copine mais a préféré ignorer le souci, comme si ne pas s'y confronter pouvait lui éviter ses désagréments. Jusqu'au jour où, rentrant d'un cour annulé, il a trouvé son ami et sa copine dans le même lit. Sous le choc, il s'est senti profondément trahi et s'est mis un point d'honneur à les ignorer le reste de l'année.

Un soir, des policiers sont venus toquer à la porte de sa chambre pour lui annoncer le décès de son frère Alistair. Il a eu la sensation de recevoir un coup de massue et s'est senti flotter pendant un moment, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. Et puis, il a eu besoin de savoir, au grand dam de ses parents. Il a tenté pendant des jours d'interroger les personnes qui le connaissaient, puis il est tombé sur un carnet d'Alistair en débarrassant sa chambre sur le campus. En le lisant, il a fini par comprendre que son frère souffrait et que la raison de sa souffrance résidait dans sa scolarité avant d'arriver à Stanford. Alistair avait été abusé par l'un de ses professeurs, et il n'avait jamais pu s'en relever.

Après le décès de son frère, les passages d'Alexander à Hilton se sont fait plutôt rares. Encore en froid avec ses parents, il venait principalement pour voir sa petite sœur Alana. Il a rencontré Laureen, la femme qui deviendrait son épouse, à l'âge de 19 ans dans une galerie d'art d'Hilton. Ils sont tout d'abord devenus amis, se fréquentant de temps en temps dans des galeries et lors d'expositions. C'est grâce à elle qu'il a réalisé qu'il n'était pas fait pour la finance et qu'il a décidé d'étudier l'histoire de l'art à Los Angeles, sous les cries d'orfraies de ses parents. A l'université de Los Angeles, il a rencontré de nouvelles personnes, complètement différentes de celles qu'il avait fréquentées jusqu'à présent. La pression et la compétition semblaient être un passé lointain. L'univers qu'il découvrait était complètement nouveau et bien plus accueillant. C'est d'ailleurs là qu'il a rencontré Lucy, une camarade de classe gentille, discrète et mignonne qui est devenue sa petite amie. Tout se passait bien dans un premier temps, leur relation était beau fixe, mais Alexander avait l'impression qu'il lui manquait quelque chose. C'est en discutant avec Laureen qu'il a compris. Lorsqu'elle lui a demandé s'il aimait vraiment Lucy, il a senti que ce qui lui manquait, c'était cette petite étincelle qui faisait la différence. Alors aussi simplement que cela, il a mis fin à leur relation.

Quelques mois plus tard, Laureen est passée chez Alexander après une exposition pour qu'il lui montre ses esquisses et ses peintures. Elle y a découvert un dessin qui la représentait, il s'est justifié avec embarras et elle a gentiment rigolé avant de le complimenter sur cette réalisation.
Et puis un jour, Alexander a commencé à ressentir des sentiments nouveaux pour elle. Sa relation avec Laureen était précieux et il avait peur de la perdre, mais il savait qu'il s'en mordrait les doigts s'il ne tentait rien. Alors, il l'a invitée au restaurant alors qu'ils étaient tous les deux célibataires depuis peu. Le cadre était intimiste et romantique, il voulait la surprendre, lui faire plaisir et lui faire comprendre que ce n'était pas juste une sortie comme ça. Lorsqu'il l'a raccompagnée chez elle, il l'a embrassée et elle a répondu à son baiser, à son plus grand soulagement. C'était une sensation indescriptible, comme s'il avait attendu ça pendant bien longtemps.

Laureen et Alexander ont ensuite entamé une relation à distance, tâchant de se voir autant que possible, avant de finalement s'installer ensemble à Hilton une fois leurs études terminées. Après quelques années ensemble, c'est à Venise qu'il lui a demandé sa main. Lorsqu'elle a remarqué que les parents d'Alexander lui mettaient la pression sur l'organisation du mariage, elle lui a proposé de laisser tomber et de célébrer leur union en secret et en petit comité. C'est ainsi qu'ils se sont dit oui à 25 ans, auprès des personnes auxquelles ils tenaient le plus.

Les premières années du mariage ont été très heureuses, puis est venu un très fort désir d'enfant. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Après une longue année d'essais infructueux, ils se sont tournés vers les médecins qui ont détecté des anomalies et ont prescrit des injections d'hormones à Laureen. Après quelques nouveaux mois d'essais, Laureen a fini par tomber enceinte. Mais quelques jours après la première échographie, et alors que tout semblait aller pour le mieux, Laureen a commencé à ressentir des douleurs dans le bas ventre. Le temps de s'en inquiéter et de consulter, il était trop tard, elle avait fait une fausse couche. Laureen et Alexander étaient anéantis, mais ils se sont serré les coudes pour se relever.

Quelques mois plus tard, et dans la plus grande surprise, Laureen est retombée enceinte. Comme ça, le plus naturellement du monde, sans hormones et sans calculs infinis pour connaître les meilleurs moments pour procréer. Après une grossesse sans anicroche, Laureen a mis au monde une jolie petite fille en pleine santé. Emily faisait le bonheur de ses parents, plus unis et amoureux que jamais.

Les années ont passé, belles et heureuses, jusqu'à ce qu'Emily, alors âgée de 5 ans, tombe malade. Après une longue série de tests, les médecins ont détecté une leucémie. Au fil des traitements et des médicaments, les choses ont commencé à se gâter entre Laureen et Alexander. Difficile d'entretenir leur couple alors qu'ils étaient entièrement focalisés sur Emily. Et puis un jour, Laureen a eu envie d'avoir un second enfant. C'était un désir profond, viscéral, mais Alexander ne partageait pas du tout ce désir. Il ne se voyait pas refaire des tentatives pendant des mois avec des injections d'hormones et de potentielles fausses couches. Il n'avait pas la force de se battre sur deux fronts à la fois. Un sujet de discorde comme ils n'en avaient jamais eu jusque là, qui a viré à de sérieuses disputes et du ressentiment.

Moins d'un an après le diagnostic d'Emily, la petite s'est éteinte à l'hôpital sous les yeux d'Alexander. Aux funérailles, il était ailleurs, à peine conscient de ce qui l'entourait, se disant qu'il aurait préféré être à sa place. Il se sentait vide, détaché de la situation, comme détruit de l'intérieur. Sur les semaines qui ont suivies, Laureen a continué à déverser des litres de larmes. De son côté, il n'y parvenait pas, il avait l'impression de flotter, avait parfois des idées noires et ressentait une totale asthénie. Laureen a commencé à suivre une thérapie pour se reconstruire et ils se sont éloignés peu à peu. Il avait du mal à la regarder sans qu'elle ne lui rappelle Emily et il se sentait incapable d'avancer. Alexander était là physiquement, mais c'était comme s'il était absent. Elle avait besoin de son mari. Elle avait besoin de lui parler d'Emily, de se confier comme ils l'avaient fait l'un avec l'autre pendant des années, mais il ne pouvait pas. Laureen l'a incité consulter lui aussi, sachant que ça lui ferait du bien, il a refusé. Elle avait besoin de se tourner vers l'avenir, mais il ne pouvait même pas l'envisager. La question n'était pas de savoir s'ils s'aimaient encore ou non, mais si leur relation les épanouissait ou les faisait souffrir. Et la réponse était toute trouvée. Laureen a fini par demander le divorce. Même s'il s'y attendait, il a pris la nouvelle en pleine face. Mais il a signé les papiers sans broncher, pas de cris, pas de reproches, ni de tentatives de se justifier ou de recoller les morceaux. Il savait que c'était la meilleure solution.

Trois mois après le divorce, Alexander est toujours au même point, avec la sensation de flotter au-dessus de son corps et de ne plus vraiment être là. Il ne parvient plus à peindre et peine à trouver une motivation à son quotidien. Laureen lui rend visite de temps en temps pour s'assurer qu'il va à peu près bien. Il refuse toute thérapie, ayant seulement consenti à prendre des somnifères pour palier ses insomnies quotidiennes.