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 Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny

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Alexander Ryle
⇝ Admin ∞ Le torturé ⇜
Alexander Ryle


∞ Date d'arrivée : 05/06/2021
∞ Pseudo : Mathilde
∞ Messages : 382
∞ Avatar : Jamie Dornan
∞ Multicomptes : Un adorable ambulancier, un avocat sexy et un tatoueur sarcastique
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∞ Statut civil : Divorcé
∞ Âge : 39
∞ Habitation : 201 Emerson Street
∞ Métier : Conservateur à l'Hilton Art Museum
∞ À toi la parole : RP en cours :
[6] Good deeds in good company => Camila Wilson
[7] Down Memory Lane => Laureen Peterson
[8] Dropping by => Ava Ryle


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MessageSujet: Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny   Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny EmptyVen 8 Oct - 22:56

To find yourself, think for yourself
Winter
Nom : Ryle.
Prénom : Alexander.
Surnom : Alex.
Âge : 36 ans.
Date de naissance : 7 mai 1985.
Lieu de naissance : Hilton.
Nationalité :américaine.
Situation familiale : divorcé depuis trois mois, pas franchement prêt à faire de nouvelles rencontres.
Orientation sexuelle : hétérosexuel.
Métier/Études : conservateur au département d'art du monde occidental du Moyen-Age à l'époque moderne de l'Hilton Art Museum.
Statut financier : vient d'un milieu aisé et s'en sort toujours très bien dans la vie.
Caractère : créatif, indécis, conciliant, influençable, généreux, apathique, bienveillant, anxieux, bosseur, timoré, perfectionniste.
À Hilton depuis : toujours en dehors d'une période d'études à Stanford puis quelques années passées à Los Angeles.
Avatar : Jamie Dornan
Crédit de l'avatar : fait moi-même.
Inventé, pré-lien ou scénario : inventé.
réserve ton avatar

Code:
« <réservé> Jamie Dornan</réservé> ● <norm> Alexander Ryle </norm>»
ton histoire

On dit généralement que l'enfance est le temps de l'insouciance. Qu'on en profite pour découvrir le monde de deux grands yeux émerveillés sans s'encombrer de la moindre préoccupation, libre comme l'air. Je ne saurais dire si j'avais été cet enfant bercé d'illusions et d'un imaginaire débordant, auréolé d'une joyeuse légèreté. Je ne pouvais pas dire que j'avais été malheureux à proprement parler ; on ne m'avait nullement volé mon innocence et le contexte dans lequel j'avais grandi aurait difficilement pu être qualifié de "dur". Pourtant, d'aussi loin que je me souvienne, on ne m'avait jamais permis d'être insouciant et de me laisser porter par la vie. Les règles avaient rapidement été posées dans toute leur lourdeur écrasante et la pression m'avait étouffé, me privant de forger librement ma personnalité...

*****

C'est un beau jour d'été que j'ai fait mon entrée dans le monde sans vraiment qu'on m'ait demandé mon avis. Le sept mai 1985, ma mère donna naissance, un peu en avance, à un frêle garçon qu'on appela Alexander Ryle. Mes parents étaient fiers d'agrandir leur petite famille qu'ils avaient commencé à fonder quatre ans plus tôt avec la naissance de mon grand frère Alistair et qu'ils complétèrent trois ans après mon arrivée avec ma sœur Alana. Et la fierté a toujours été une caractéristique qui les a animés. Ma mère était une éminente bactériologue toujours fourrée dans son laboratoire ou à assister à des conférences scientifiques internationales, tandis que mon père gagnait grassement sa vie comme analyste financier dans une banque. Nous n'avons jamais manqué de rien, mais cette situation "prestigieuse" s'accompagnait d'un certain goût pour l'excellence qui n'a pas toujours été facile à tenir.

Très tôt dans ma vie, on m'a apporté bien plus d'attention que je ne l'aurais probablement jamais désiré. La meilleure des nourrices a veillé sur moi, puis j'ai été inscrit dans le meilleur jardin d'enfants avant d'être envoyé dans l'école maternelle la plus sélective du coin. Parce qu'apparemment, il n'était jamais trop tôt pour viser la perfection. J'étais le petit garçon qui avait déjà un planning surchargé du haut de ses cinq ans : cours de piano, de peinture, de français, de gymnastique... Rien n'était trop bon pour mon éveil et pour développer mon esprit. On m'a appris à me tenir, à converser, à paraître en société. Rien n'était laissé au hasard. J'étais un garçon sage aux manières minutieusement soignées, à la chemise toujours bien boutonnée et aux cheveux méticuleusement peignés. Je ne faisais pas de vagues et ne me faisais remarquer que pour mes bonnes dispositions et mon ardeur au travail.

De la maternelle au lycée, toute ma scolarité s'est déroulée dans des établissements privés stricts, non-mixtes et religieux qui encadraient le moindre aspect de nos vies, brimant notre individualité. Mes parents attendaient beaucoup de moi et j'en avais pleinement conscience. Ils régulaient tout ce que je faisais, envahissants. Poussé par eux, j'ai rejoint le club de débat, celui de latin et celui d'aviron de mes collège et lycée tout en poursuivant mon apprentissage du piano, de la peinture et du français. Rien n'était jamais assez bon. Il ne suffisait pas d'être deuxième, il fallait être premier en toutes circonstances. Et à ce petit jeu-là, mon frère aîné particulièrement brillant a toujours été plus doué que moi. Combien de fois avais-je entendu mes parents me demander de prendre exemple sur lui ? Combien de fois m'étais-je senti moins intelligent, moins charismatique, moins sportif, moins bon, moins important ? Il n'y avait pas une occasion où je ne pouvais pas me dénigrer face à lui. Lorsque je maîtrisais une langue, un instrument, un sport, il doublait la mise. La course était perdue d'avance. J'étais dans son ombre. Et je ne pouvais nier que j'avais toujours admiré ce frère prodige. Ses exploits m'avaient toujours paru inatteignables, et pourtant, il trouvait toujours le temps de se montrer sympathique et bienveillant envers moi là où il aurait pu aisément me rabaisser. C'était mon grand frère et il était avec ma sœur et moi aussi protecteur et complice qu'il le pouvait. Il a été mon modèle pendant des années.

*****

Mon enfance s'est passée sans heurts. J'étais modelable, discret et je faisais entièrement confiance aux adultes. Je faisais ce qu'on me disait, pensant que c'était pour mon bien et pour le mieux. J'étais un peu naïf et je n'avais pas beaucoup d'amis. Je m'entendais bien avec mes camarades lorsque nous ne nous laissions pas tous trop porter par la compétition, mais mes mille-et-une activités me laissaient peu de temps pour sociabiliser comme les autres enfants, puis adolescents, de mon âge. Quant aux filles, c'était un peu une autre espèce pour moi à cette époque. Etant dans des établissements pour garçons, j'en entendais plus parler que je n'en voyais ! J'avais tout juste vécu des petits flirts pendant des vacances d'été mais elles restaient un grand mystère pour moi.

En terminale, j'ai postulé sans grande surprise pour entrer à Stanford. Mon frère y étudiait et mes parents me poussaient à fréquenter moi aussi cette université prestigieuse. Je ne me suis même pas posé la question d'où je voulais aller, comme si je n'avais pas vraiment d'autre choix ou que ça ne tenait pas à moi. Bien sûr, j'avais également postulé à Harvard et Yale, au cas où je ne sois pas admis mais mon dossier et mes excellents résultats ne m'ont pas fait défaut. Ma place à Stanford était assurée.

J'ai un peu honte de l'admettre, mais quitter Hilton et le cocon familial m'a fait un bien fou. Bien sûr, Stanford était un endroit où la pression était constante, mais pour la première de fois de ma vie, j'avais l'impression de pouvoir échapper au regard sévère et inquisiteur de mes parents et profiter d'un soupçon de liberté. J'avais la sensation que je pouvais enfin commencer à vivre, à respirer et à découvrir qui j'étais et ce que je voulais faire. Enfin... j'avais encore un long chemin à parcourir à ce moment-là. Mon père m'a poussé à étudier la finance, et c'est ce que j'ai fait, avec brio certes, mais sans grande passion. Il n'y avait que la peinture et le piano que je prenais véritablement plaisir à pratiquer, mais à cette époque je n'aurais pas imaginé un seul instant pouvoir faire carrière dans un domaine artistique, alors je suis resté pragmatique.

L'université m'a permis aussi de faire de nouvelles rencontres. Sur le campus, je partageais une chambre avec un autre étudiant de première année qui suivait le même cursus que moi à quelques cours près. Nous sommes rapidement devenus très proches, passant la majorité de notre temps ensemble. C'était assez salutaire pour moi, il m'apprenait à décompresser et à relativiser là où j'avais toujours été sérieux et soucieux. Et il m'incitait à fermer mes bouquins pour me traîner à une fête lorsque j'étudiais trop longtemps. Et si vous croyez que les étudiants studieux de Stanford sont trop sages pour organiser des fêtes ahurissantes, vous vous trompez lourdement. Toute cette pression pour atteindre l'excellence et ces interminables heures de travail peuvent vite faire tourner la tête et je me suis moi-même pris au jeu, me lâchant au-delà de ce que mon caractère ne pourrait laisser présager. Et pour tenir toute la nuit, que ce soit pour étudier ou pour s'amuser, il y avait tout un tas de cachets, de comprimés et de pilules qui circulaient sur le campus. J'étais tout à fait inconscient de tout ce que cela pouvait impliquer, ou je plongeais la tête dans le sable, mais quoi qu'il en soi, j'en ai avalé une belle quantité. Jamais je n'aurais pu tenir autrement...

C'est dans les premiers mois de mon entrée à l'université, au cours d'une soirée, que j'ai également rencontré ma première vraie copine. Au départ, je n'ai pas tellement osé aller vers elle, mais encouragé par mon ami, je me suis jeté à l'eau. La discussion s'est faite d'elle-même, agréable et naturelle. Elle me plaisait, je lui plaisais, et même si j'aimais me compliquer la vie, c'était aussi simple que ça. Si vous croyez au coup de foudre, c'était sans doute ce qui s'en rapprochait le plus, et je me suis lancé dans cette relation à corps perdu. Pendant des mois, la vie universitaire m'a bien réussi : de bons résultats, de l'amusement, des personnes qui comptaient pour moi, qu'aurais-je pu souhaiter de plus ? Je faisais ma vie et je trouvais ma place. Mes relations semblaient au beau fixe.
Mais pendant les périodes d'examens, j'ai commencé à inquiéter mon partenaire de chambrée et ma copine. Je prenais beaucoup trop de stimulants pour rester concentré et étudier au maximum de mes capacités. A vrai dire, j'en consommais comme s'il s'agissait de bonbons. Et très vite, leurs effets néfastes se sont fait sentir, je faisais des insomnies, j'étais nerveux, toujours sur les nerfs et j'avais des palpitations cardiaques. Mais je ne me voyais pas m'en passer, j'avalais tout ce qui me passait sous la main, Ritaline, Adderall, j'étais devenu familier de tous ces médicaments détournés de leur usage. J'avais la sensation d'en avoir réellement besoin. J'étais immature et je laissais le contrôle m'échapper petit à petit, lâchant toujours plus de lest, trop de lest. Et peu à peu, j'ai aussi eu l'impression de m'éloigner de mon colocataire et de ma copine, comme si notre relation n'était plus exactement ce qu'elle était. Mais j'ai préféré ignorer le souci, comme si ne pas s'y confronter pouvait m'éviter ses désagréments. Jusqu'au jour où je n'ai plus pu l'ignorer. J'étais parti pour un cours qui devait durer trois heures, mais le prof était absent. Puisqu'il s'agissait de mon dernier cours de la journée, je suis passé chez le traiteur pour prendre de quoi manger et je suis rentré. Quand j'ai ouvert la porte, j'ai tout de suite remarqué que mon compagnon de chambre n'était pas seul... et que c'était ma copine qui était dans son lit ! Ce serait un euphémisme de dire que je ne m'y attendais pas. Je n'avais jamais songé une seule seconde que mon plus proche ami et ma copine pourraient me trahir comme ça, je tombais de haut. Sous le choc, je n'ai pas dit un mot. J'ai laissé la nourriture dans l'entrée, j'ai fait demi-tour et j'ai claqué la porte tandis qu'ils m'appelaient tous les deux. Je ne voulais pas entendre ce qu'ils avaient à me dire. Aucune explication ou justification ne pourrait tenir la route. J'ai erré sur le campus un long moment, obnubilé par ce que j'avais découvert. Je ne pouvais simplement pas tenir en place et tourner mes pensées vers autre chose. Il s'agissait des premières personnes qui comptaient vraiment pour moi dans ma vie en dehors de ma famille et j'avais l'impression que je ne pourrais plus jamais me lier à qui que ce soit. C'était comme si quelque chose s'était brisé en moi. Lorsque j'ai fini par rentrer, ma désormais ex n'était plus là, Dieu merci, mais mon ancien ami m'attendait. Il s'est immédiatement levé lorsque je suis entré et il s'est dirigé vers moi avec un air désolé. Il s'est excusé, m'expliquant que ce n'était pas prémédité mais qu'il avait développé des sentiments pour elle. Il a parlé, parlé et parlé inlassablement tandis que je me taisais. Il m'a dit qu'il espérait qu'on pourrait rester amis et m'a demandé de dire quelque chose, n'importe quoi. Je n'ai rien dit, je ne l'ai même pas regardé.

- Je préférerais que tu me foutes ton poing dans la tronche ou que tu me hurles dessus et qu'on passe à autre chose plutôt que tu m'ignores, m'a-t-il dit.

J'ai tourné la tête vers lui, impassible. Je n'avais juste pas envie de ça, je n'avais pas la force d'entrer en conflit pour... pour quoi ? Quand bien même je l'aurais frappé, ça n'aurait rien changé au fait que j'avais perdu mon ami et ma copine. Il ne pouvait pas comprendre.

- Tu trouves pas que t'en as assez fait ? Fous-moi la paix, lui ai-je simplement répondu.

Sur ces mots, je lui ai tourné le dos et j'ai vaqué à mes occupations, comme s'il n'existait pas. A partir de cet instant, j'ai mis un point d'honneur à l'ignorer, une tâche assez difficile à réaliser lorsqu'on partage un espace de quelques mètres carrés avec quelqu'un. Mais il a fini par comprendre le message puisqu'un jour, il a cessé d'essayer... Après ça, je me suis senti incroyablement seul. Je m'impliquais toujours autant dans mes études et je me rendais de temps à autre à des fêtes, mais ça n'avait plus la même saveur. Je ne parvenais simplement plus à y prendre goût. Pour couronner le tout, mon ex et mon compagnon de chambre ont fini par s'afficher ensemble. Comme si leurs actions n'avaient pas suffi, il fallait qu'ils remuent le couteau dans la plaie en exposant leur relation. J'en avais ma claque de tout ça, cette année était juste un calvaire, je voulais que ça s'arrête. Mais c'était loin d'être terminé, la vie avait encore des choses en réserve pour moi...

Un soir, après une journée d'une affreuse banalité, des policiers sont venus frapper à la porte de mon dortoir. Ils avaient un air grave et extrêmement sérieux. J'ai d'abord pensé qu'ils venaient pour mon camarade de chambre. Quand ils ont déclaré que c'était bien moi qu'ils cherchaient, j'ai un peu paniqué intérieurement. A ma connaissance, je n'avais rien fait qui me vaille des ennuis avec la police... A moins que ce soit lié à tous ces comprimés que j'avais consommés. Mais ça me paraissait insensé. Si j'avais bien eu des soucis, ayant même perdu connaissance une fois après en avoir abusé, la police n'avait pas tellement les moyens d'être au courant. A moins d'avoir été dénoncé, mais ce serait si bas...

- Vous avez entendu ce que nous venons de vous dire ?

J'ai secoué légèrement la tête, me tirant de mes pensées pour me concentrer sur la conversation. J'étais ailleurs. Ce n'était pas la première fois depuis quelques mois que je laissais mon esprit divaguer. J'avais bien du mal à rester focalisé sur quelque chose.

- Désolé, vous pouvez répéter ? ai-je demandé poliment.

- Nous avons retrouvé votre frère inanimé. Les secours ont tout essayé, mais ils ne sont pas parvenus à le réanimer. Il est décédé, je suis désolé, m'expliqua-t-il doucement.

Le choc était tel que j'avais l'impression d'avoir reçu un coup de massue sur la tête. Les heures qui ont suivi cette annonce restent un flou total pour moi. Je flottais complètement. Mon corps me portait d'un point A à un point B et je faisais des gestes mécaniques, mais je n'étais pas vraiment là. Tout ce que je sais, c'est que le lendemain, mes parents ont fait le déplacement et je me suis retrouvé avec ma sœur qui sanglotait dans mes bras tandis qu'on nous expliquait qu'Alistair avait décidé de mettre fin à ses jours et que son colocataire l'avait retrouvé pendu dans la chambre qu'ils partageaient. Aucun des mots que j'entendais ne semblait avoir de sens. Alistair, mon modèle, la prunelle des yeux de mes parents, l'excellence incarnée. Ce geste était incompréhensible. Sa vie semblait parfaite et son avenir radieux. Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?

Au bout de quelques jours, j'ai ressenti un profond besoin de savoir. Mes parents, quant à eux, ne voyaient pas d'un bon œil le fait que je tente, selon leurs termes, de "remuer tout ça". Même s'ils ne l'auraient jamais dit ainsi, je pense qu'ils n'étaient pas très fiers de ce qui s'était passé. En plus d'avoir perdu un fils, ils étaient religieux, et le suicide n'était pas très bien vu dans ce contexte. C'était aussi une question d'image, aussi froide que cette idée puisse sembler.

Pendant des jours, j'ai tenté d'interroger toutes les personnes qui le connaissaient. Personne ne semblait être au courant de rien, mis à part son colocataire qui paraissait vouloir cacher quelque chose. J'ai insisté, sans succès, il ne voulait rien révéler. En devant débarrasser la chambre de mon frère, j'ai minutieusement analysé chacune de ses possessions, jusqu'à tomber sur un carnet rempli de son écriture. J'ai hésité un moment, tant lire ses écrits me semblait être une intrusion dans va vie privée. Mais je devais savoir. J'ai donc lu ses hauts et ses bas, sa détresse que je n'avais jamais pu déceler. Son affliction me déchirait le cœur. Et je me sentais coupable d'avoir été si aveugle. Je ne comprenais pas pourquoi il n'avait pas songé à se tourner vers moi, n'avait-il pas confiance en moi ? Au fil de ma lecture, j'ai compris qu'il s'était passé quelque chose dans sa scolarité avant qu'il n'arrive à Stanford, mais c'était flou, décousu, il ne mettait jamais vraiment les mots sur l'événement. J'ai passé des heures à tout lire et à essayer de relier les informations. Quand j'ai fini par comprendre, j'ai eu envie de vomir. J'aurais aimé me dire que je me faisais des idées mais malheureusement, je ne pensais pas me tromper. Lors de sa scolarité, dans le même établissement que j'avais fréquenté, il avait été abusé par un de ses professeurs. Tout ce qui restait de ma naïveté et de la confiance aveugle que j'avais accordé aux adultes pendant mon enfance s'est envolée. Tout cet environnement me dégoûtait...

*****

Depuis quelques temps, j’appréciais de moins en moins rendre visite à mes parents. Les non-dits étaient omniprésents, le silence pesant. Si j’allais à Hilton, c’était principalement pour voir ma sœur, dont je m’étais beaucoup rapproché depuis le décès de mon frère. Ce jour-là, pour échapper au domicile familial, j’ai décidé de me rendre dans une petite galerie d’art d’une ruelle peu fréquentée du centre de Hilton. Il y avait quelques personnes à l’intérieur, dont certaines discutaient. J’ai déambulé un peu entre les œuvres, y jetant un œil sans vraiment m’appesantir, avant d’être attiré par un groupe visiblement animé par une jeune femme qui parlait avec passion d’un tableau. Je me suis approché un peu machinalement et j’ai tendu l’oreille. Elle décrivait à son auditoire les techniques qu’avait utilisé l’artiste et les émotions que son œuvre laissait transparaître. Elle semblait s’y connaître et paraissait complètement portée par son discours. Au bout d’un moment, elle a remarqué que je l’écoutais moi aussi et elle s’est arrêtée, un peu surprise, avant d’afficher un sourire au coin des lèvres.

- Salut, me dit-elle simplement avec un regard appuyé, comme si j’avais été impoli de l’observer sans signaler ma présence.

Les quelques personnes qui l’entouraient se sont toutes tournées vers moi pour voir qui était l’intrus qui avait interrompu cette description exaltée. Je fis un petit sourire timide et désolé.

- Salut, répondis-je de même. Pardon, je ne voulais pas vous perturber. J’ai juste trouvé… que vous disiez des choses intéressantes.

- Ah, je suis ravie de dire des choses intéressantes, s’amusa-t-elle. Peut-être devrais-je faire payer la visite guidée, ajouta-t-elle avec espièglerie.

Elle continua ensuite un peu à parler du tableau et je l’écoutai avec attention. Je ne l’ai pas forcément remarqué à ce moment-là, mais mes yeux étaient bien plus rivés sur elle que sur l’œuvre sur laquelle elle discourait. Lorsqu’elle termina, je me détournai pour me diriger vers une autre toile. Un instant après, elle m’a rejoint. Elle a commencé à me demander comment je m’appelais et si j’étais du coin parce qu’elle ne m’avait jamais vu à cette galerie alors qu’elle la fréquentait souvent. Je décelais une pointe de curiosité chez elle, même si je n’aurais su dire pourquoi ça pouvait l’intéresser. Elle s’appelait Laureen et elle étudiait l’histoire de l’art à l’université d’Hilton. On a discuté un peu d’art et puis elle a fini par me demander ce que j’étudiais. Quand je lui ai dit que j’étais dans la finance à Stanford, elle a haussé les sourcils, visiblement étonnée. Elle ne m’imaginait pas du tout dans ce domaine après la conversation qu’on venait d’avoir. J’ai tenté de me justifier, mais elle ne semblait pas du tout convaincue. Elle en tira même la conclusion que ça n’avait pas l’air de me rendre très heureux. Lorsqu’on se dit au revoir, j’étais un peu perturbé par les paroles qu’elle avait prononcées. Elle n’avait eu besoin que de quelques minutes pour voir que quelque chose n’allait pas. Alors évidemment, avec le décès de mon frère, l’explication était toute trouvée. Mais s’agissait-il uniquement de ça ? Je n’avais pas attendu cet événement tragique pour traverser des moments difficiles. Stanford, mon entourage, la finance… est-ce que c’était vraiment des choses qui pouvaient me rendre heureux ?

*****

Ma première année d’études validée, j’étais tout bonnement lessivé. Tous mes examens étaient réussis, sans la moindre exception, mais je ne ressentais pas la moindre motivation à l’idée de renchérir pour une année supplémentaire. C’est dans ce contexte que j’ai pris la décision de changer de voie et d’étudier l’histoire de l’art à l’université de Californie à Los Angeles sous les cris d’orfraie de mes parents. Ils ne parvenaient pas à comprendre que je puisse vouloir changer « pour moins », mais je savais que j’allais devenir dingue si je continuais comme ça. Me tourner vers l’art était sans doute l’une des meilleures décisions de ma vie.

Pendant l’été, je me suis mis plus régulièrement à fréquenter les galeries d’art d’Hilton, et notamment celle où j’avais rencontré Laureen. Je la croisais de temps en temps et nous prenions presque chaque fois un instant pour discuter. Elle a été agréablement surprise lorsque je lui ai annoncé que j’abandonnais la finance. Il était vrai que c’était un peu elle qui me l’avait soufflé après tout. Nous faisions connaissance peu à peu, même si nous restions principalement cantonnés aux mêmes lieux. C'était un peu comme si on se donnait des rendez-vous informels. En dehors, j'ai repris plaisir à peindre pendant mon temps libre. Je me laissais porter par mon inspiration et mon pinceau semblait glisser de lui-même sur la toile. C'était une sensation infiniment satisfaisante. Malgré l'année abominable que je venais de passer, je me sentais apaisé.

A l'université de Los Angeles, j'ai rencontré de nouvelles personnes, complètement différentes de celles que j'avais fréquentées jusqu'à maintenant. La pression et la compétition semblaient être un passé lointain. L'univers que je découvrais était complètement nouveau et tellement plus accueillant... Je me faisais des nouveaux amis, même si j'étais un peu plus sur la réserve depuis que mon plus proche ami avait mis le grappin sur ma copine. Et puis, il y avait Lucy, une camarade de classe dont j'étais plutôt proche. Elle était gentille, discrète, mignonne. Un jour, une amie en commun m'a signalé qu'elle avait le béguin pour moi. Je devais avouer que je n'avais rien remarqué du tout. L'idée a germé dans mon esprit et j'ai fini par lui proposer d'aller boire un verre en tête à tête. Et de fil en aiguille, nous nous sommes mis en couple. Tout se passait bien, notre relation était au beau fixe et ma vie était beaucoup plus sereine de manière générale. Je faisais ce que j'aimais, sans stress, sans drame, mais bizarrement, j'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose. C'est en discutant avec Laureen que j'ai compris quel était le souci, ou qu'elle me l'a fait comprendre tout du moins... Je parlais de Lucy et elle m'a demandé, sans tourner autour du pot, si j'aimais cette fille. Ca pouvait paraître vraiment con, mais je ne m'étais jamais arrêté un instant pour me poser sincèrement la question. Je l'aimais bien, évidemment, mais est-ce que je l'aimais tout court de profonds sentiments inconditionnels ? Non. Elle était super et notre relation était "parfaite", mais il n'y avait pas cette petite étincelle qui faisait la différence. Et si j'étais honnête avec moi-même, je devais l'être avec Lucy. Je ne voulais pas la blesser et pour cela rompre était sans doute la meilleure solution.

Quelques mois plus tard, Laureen et moi avons convenu de nous retrouver à mon appartement après une exposition pour que je lui montre mes esquisses et mes peintures. Nous étions en train de discuter lorsqu'elle a tiré un dessin que j'avais complètement oublié d'une pile de mes réalisations. Elle a haussé les sourcils, un peu surprise, avant de tourner la feuille dans ma direction, un sourire en coin.

- Tu m'expliques ? a-t-elle demandé, amusée.

C'était une esquisse d'elle, un peu trop détaillée pour que le doute soit possible. Je ne savais pas trop pourquoi je l'avais dessinée, ça m'était venu un jour comme ça, mais je pouvais comprendre que ça puisse paraître bizarre. J'ai bégayé des explications incompréhensibles. Elle a eu un petit rire, mais elle n'a pas insisté, me disant simplement que le dessin était plutôt réussi. Je lui ai proposé de le garder et elle est repartie avec.

Si une chose était certaine, c'était que je me sentais bien avec Laureen. Nous nous entendions parfaitement et étions de très bons amis. Mais je commençais à me demander si c'était tout ce que je voulais que l'on soit. Lorsque je l'avais rencontrée, je n'avais pas tellement la tête à ça, puis elle avait été en couple, moi aussi. Maintenant que nous étions tous les deux libres, je la découvrais presque d'une autre manière. Je me demandais s'il s'agissait vraiment de sentiments nouveaux ou si j'avais toujours ressenti ça au fond mais que je n'avais pas voulu l'admettre. Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de tenter ma chance, même si j'avais peur de perdre ce qu'on avait, je me devais d'essayer. Alors, je l'ai invitée au restaurant, dans un cadre sympa, intimiste et un peu romantique. Je voulais la surprendre, lui faire plaisir et lui faire comprendre que ce n'était pas juste une sortie comme ça. Lorsque je l'ai raccompagnée chez elle, je l'ai embrassée. Et pour mon plus grand soulagement, elle a répondu à mon baiser. C'était une sensation indescriptible, comme si j'avais attendu ça pendant bien longtemps. Après cette soirée, nous avons fait le trajet entre Los Angeles et Hilton bien plus souvent qu'à l'accoutumée. Nous prenions chaque moment que nous pouvions passer ensemble. C'était le début d'une belle et longue histoire.

Une fois nos études terminées, et alors que nous nous étions installés ensemble à Hilton après ces quelques années de relation, j'ai décidé de lui demander sa main. C'est très cliché, mais j'ai profité de vacances à Venise pour faire ma demande. C'était tellement un voyage merveilleux que je n'aurais pas pu rêver d'une meilleure occasion. Elle a dit oui et à notre retour, nous nous sommes plongés dans les préparatifs. Ce n'était pas toujours facile depuis que j'avais obtenu de nouvelles responsabilités en tant que conservateur dans un musée, mais je savais où étaient mes priorités. Ma vie personnelle primerait toujours sur ma vie professionnelle. Malheureusement pour moi, mes parents ont un peu voulu s'immiscer dans l'organisation du mariage et j'avais du mal à leur dire non, même si leurs plans "grandioses" étaient loin de me donner envie. A vrai dire, ça me stressait plus qu'autre chose. Quand Laureen s'en est aperçue, elle m'a fait une proposition qui pourrait paraître assez surprenante : laisser tomber tous les préparatifs et faire un mariage tout simple en petit comité avec ma sœur et deux-trois amis dans le plus grand des secrets. Et c'est ce qu'on a fait. C'était très simple, mais c'était tout ce dont nous avions besoin, nous et notre bonheur. Nous avions tout juste 25 ans, mais nous savions exactement ce qu'on voulait ensemble, et nous savions que nous étions faits l'un pour l'autre.

On a vécu nos premières années de mariage dans un bonheur absolu. Nous faisions des voyages, nous voyions nos amis, nous profitions de la vie sans que notre amour l'un pour l'autre ne faiblisse. Et puis est venu notre désir d'enfant. A peine ce désir formulé, nous nous sommes imaginés parents. Malheureusement pour nous, les choses n'ont pas été si simples. Après plus d'une longue année d'essais infructueux, nous nous sommes tournés vers les médecins. Nous avons passé toute une série de tests et les résultats n'étaient pas tout à fait ceux que nous avions espérés. Ceux de Laureen présentaient quelques anomalies. Bien que n'étant pas stériles, nous savions que nous aurions des difficultés à concevoir et ça nous a foutu un coup au moral. Les médecins nous ont expliqué nos options et nous avons opté pour les injections hormonales. Ce n'était pas facile, c'était même épuisant, mais nous rêvions tellement de ce bébé...

Après quelques mois d'essais sous hormones, Laureen est enfin tombée enceinte. Nous étions fous de joie et l'avons annoncé à tout le monde. Nous pensions déjà à des prénoms et nous nous sommes mis à aménager la chambre du bébé. Nous nous projetions à 100 % et rien n'aurait pu nous faire descendre de notre petit nuage. Ou presque... Quelques jours après la première échographie, et alors que tout semblait aller pour le mieux, Laureen a commencé à ressentir des douleurs dans le bas ventre. Le temps qu'elle s'en inquiète, elles se sont accompagnées de saignement. Nous avons consulté immédiatement, mais malheureusement, il n'y avait rien que l'on puisse faire. Laureen avait fait une fausse couche. Quelques minutes ont suffi à faire s'envoler tous les espoirs que nous avions portés sur cette grossesse et toutes nos projections. Evidemment, nous étions anéantis, mais nous nous sommes serré les coudes pour nous relever...

Quelques mois après, et alors que nous ne nous y attendions pas une seule seconde, Laureen est retombée enceinte. Comme ça, le plus naturellement du monde, sans hormones et sans calculs infinis pour connaître les meilleurs moments pour procréer. Nous étions un peu entre deux émotions. Nous étions forcément ravis de cette nouvelle perspective d'enfant, mais dans le même temps, nous avions du mal à nous réjouir, de crainte de trop nous emballer et que ça ne fonctionne pas. Mais mois après mois, la grossesse tenait bon et échographie après échographie, nous ne pouvions nous empêcher de nous projeter. Quand on a appris que c'était une petite fille, on s'est remis à chercher des prénoms, laissant complètement de côté ceux auxquels nous avions songé lors de la précédente grossesse. Nous avions besoin d'un nouveau départ. Emily est arrivée à terme, après un accouchement qui s'est déroulé sans anicroche. C'était une jolie petite fille en pleine santé. La première fois que j'ai posé mes yeux sur elle, j'ai pleuré. Ce n'était pas habituel chez moi, mais je n'avais jamais ressenti quelque chose d'aussi puissant. Elle était merveilleuse et je savais que je l'aimerais et la protégerais jusqu'à la fin de mes jours.

Nous sommes rentrés tous les trois à la maison sur notre petit nuage. Après tous les obstacles que nous avions rencontrés pour concevoir, je crois que Laureen et moi ne réalisions pas encore très bien que ça s'était concrétisé et que nous étions enfin parents. Nous pouvions passer des heures à regarder notre fille dormir. Elle était au centre de notre vie. Nous ne pouvions imaginer être plus heureux.
Les premières années de la vie d'Emily ont été du pur bonheur. Ses premiers mots, ses premiers pas, tous ces petits et grands événements qui marquent la vie d'un enfant ont illuminé notre quotidien. Et même si c'était beaucoup d'implication et de fatigue d'élever un enfant, Laureen et moi étions plus soudés et amoureux que jamais.

Un jour cependant, nous avons commencé à remarquer qu'Emily présentait des symptômes que nous trouvions inquiétants. Elle était souvent pâle et fatiguée et tombait fréquemment malade : angines, bronchites, gingivites, elle nous a tout fait sur une courte période. Mais le pédiatre ne semblait pas plus inquiet que ça, si bien que nous avons pensé que ce n'était pas réellement grave ou anormal. C'est lorsqu'elle a eu des difficultés à respirer et des palpitations cardiaques un jour qu'il a finalement décidé de prescrire des examens complémentaires. Lorsqu'il a étudié les résultats de sa prise de sang, il a fait une drôle de tête. J'étais persuadé qu'il y avait quelque chose qu'il ne nous disait pas mais Laureen préférait positiver et me disait de ne pas me faire des idées. Puis, il y a eu le myélogramme pour faire analyser sa moelle osseuse et je me suis définitivement dit qu'on n'enfonçait pas une énorme tige pointue dans l'os d'une gamine de 5 ans sans raison. Lorsque nous avons revu les médecins, ils nous ont annoncé qu'Emily avait une leucémie. Je regardais ma fille qui jouait tranquillement dans la plus grande insouciance tandis qu'on nous parlait de chimiothérapie. Nous étions complètement abasourdis. La maladie et un enfant de cet âge... c'était tellement un lien improbable, impensable.

Très vite ont commencé les traitements et les médicaments. Nous passions un temps infini à l'hôpital. Notre vie tournait uniquement autour d'Emily. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je voulais être là pour elle à chaque instant pour la soutenir, la rassurer, et profiter de chaque moment avec elle au cas où... je ne voulais pas terminer cette phrase, mais je crois qu'au fond, je redoutais cette éventualité avec une crainte insoutenable. J'essayais de ne pas y penser, de positiver, de penser à l'avenir, à la guérison, mais souvent je restais éveillé toute la nuit avec une boule d'angoisse dans la gorge.

C'est pendant la maladie d'Emily que les choses ont commencé à se gâter entre Laureen et moi. Il était difficile d'entretenir notre couple lorsque nous étions aussi focalisés sur notre enfant. Et puis, nous n'étions plus toujours réellement sur la même longueur d'onde. Un jour, Laureen m'a parlé de son désir d'avoir un deuxième enfant. J'étais tellement préoccupé avec Emily que je ne me voyais pas refaire des tentatives pendant des mois avec des injections d'hormones et de potentielles fausses couches. Je n'avais pas la force de me battre sur deux fronts à la fois. Mais Laureen n'était pas de cet avis et nous nous sommes engueulés à ce sujet comme nous ne l'avions jamais fait. Evidemment, si la situation avait été différente, nous n'aurions jamais réagi de la sorte, mais le mal était fait...

Il n'y eu même pas un an entre le diagnostic de la leucémie d'Emily et son décès. Un an de combat et de souffrances. Elle est partie comme ça, en un instant, si petite, si frêle, si pâle entre les draps blancs de l'hôpital. Les médecins nous avaient préparés à cette éventualité, mais en tant que parent, nous ne pouvions jamais être véritablement prêt à perdre un enfant. Ce n'était pas dans l'ordre naturel des choses. Aux funérailles, j'étais ailleurs, à peine conscient de ce qui m'entourait. Je regardais fixement le petit cercueil. Il me paraissait si minuscule, il n'avait pas sa place ici. J'aurais tout donné pour échanger ma place avec la sienne. Ma femme sanglotait à mes côtés et s'accrochait à moi comme à une bouée. Je l'ai prise dans mes bras machinalement, l'ai consolée comme j'ai pu, mais je me sentais si vide, si détaché de la situation, comme si ce n'était pas vraiment moi qui réalisais ces gestes. Je voyais mal comment j'aurais pu réconforter Laureen alors que j'étais détruit de l'intérieur.

Sur les semaines qui ont suivies, Laureen a continué à déverser des litres de larmes. De mon côté, je n'y parvenais pas, j'avais l'impression de flotter, je ressentais une totale asthénie. Un jour, en cuisinant, je me suis profondément entaillé la main par mégarde. J'ai regardé le sang couler, mais je ne sentais rien. L'espace de quelques secondes, je me suis imaginé me vider complètement de mon sang. Je ne l'aurais jamais formulé, mais cette pensée, au lieu d'être horrifique, m'est apparue apaisante. Je crois que je n'aurais pas réagi si Laureen ne s'était pas aperçue que je saignais abondamment. Je crois qu'elle a pensé que j'étais dingue à ce moment, mais elle a bandé ma main sans rien dire...

*****

On dit que la perte d'un enfant peut briser bien des couples. Ca n'a certainement pas manqué avec nous. Après le décès d'Emily, nous avons tenté chacun de notre côté de nous accrocher comme on le pouvait. Mais il n'y avait plus grand chose à sauver entre nous. Nous n'avions plus la force depuis des mois d'entretenir quoi que ce soit. Comment pouvions-nous espérer être heureux ensemble alors que la plus belle des choses que nous avions créée à deux s'était évaporée ? J'avais bien conscience du fait que nous nous éloignions peu à peu. Malgré toute l'affection que je ressentais pour elle, je ne pouvais plus la regarder sans être envahi d'une profonde tristesse. Elle me rappelait Emily et ce n'était pas quelque chose dont je pouvais me détacher. Un manque s'était formé entre nous et il nous était impossible de le combler. Et puis, Laureen avançait pendant que je faisais du surplace. Elle suivait une thérapie, elle essayait de se ressaisir, j'étais toujours autant vide et anéanti. Elle m'a incité à consulter, me disant que je ne pouvais pas tout gérer tout seul, mais j'ai fait la sourde oreille. Notre séparation était inévitable et je la sentais venir de loin. Mais malgré tout, lorsqu'elle formula sa demande de divorce, je me la pris en pleine face. Tout ce que nous avions construit en dix ans de mariage se réduisait en poussière. Il n'y avait aucun autre constat à faire. Laureen ne pouvait plus supporter mon "absence" émotionnellement. Elle était là pour moi, mais elle avait aussi besoin de son mari. Elle avait besoin de parler de notre fille, mais j'en étais incapable. Elle avait besoin de se tourner vers l'avenir, mais je ne pouvais même pas l'envisager. La question n'était pas de savoir si on s'aimait encore ou non, mais si notre relation nous épanouissait ou nous faisait souffrir. Et la réponse était toute trouvée.

*****

Trois mois après le divorce, j'étais toujours au même point. J'avais toujours la sensation de flotter au-dessus de mon corps, de ne plus vraiment être là. Je ne parvenais plus à rien, même pas à peindre. Laureen me rendait visite de temps en temps, je crois qu'elle s'inquiétait un peu pour moi. Mais je refusais toujours autant son conseil de consulter. A quoi bon ? Je savais ce qui n'allait pas, j'avais perdu ma fille, suivre une thérapie n'allait pas me la ramener. L'unique raison pour laquelle j'ai consulté un médecin a été pour qu'il me prescrive des somnifères, sinon je ne fermais pas l'œil de la nuit. C'était ironique de me dire qu'à une période de ma vie je prenais des cachets pour rester éveillé et que j'en prenais désormais pour m'endormir. Comme s'ils faisaient partie de mon fonctionnement. Mais peut-être qu'après tout, j'avais toujours été un peu brisé à ma manière...

 
La plume derrière le personnage
Coucou les petits Hiltoniens, moi c'est Mathilde, mais on me connaît mieux sous le nom de Mathilde. Je viens de Lorraine originellement, Paris actuellement, et j'ai 26 ans. Je fais du rp depuis plus de 10 ans. J'ai connu Back to Hilton grâce à mes co-admins avant sa création. Ah, et je voulais aussi vous dire que j'ai hâte de RP avec vous  love .  

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Alexander Ryle
Every man has his secret sorrows which the world knows not; and often times we call a man cold when he is only sad.
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Camila Wilson
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Camila Wilson


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∞ Statut civil : Célibataire, le cœur à l'envers.
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∞ Habitation : dans un bel appartement à east valley
∞ Métier : Professeure d'arts plastiques au Hilton middle school
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MessageSujet: Re: Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny   Alexander Ryle - Every man gotta right to decide his own destiny EmptyJeu 14 Oct - 23:50

⇝ Libérée ... je suis validé(e) ⇜

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⇝ Félicitations ⇜



Ce petit Alexander, tu ne l'as vraiment pas épargné sad moh Qu'est-ce qu'il n'a pas eu la vie facile ohno ! Entre compétition et pression énorme sur les épaules dès son plus jeune âge, il y a de quoi devenir fou faint (ou prendre quelques petits stimulants siffle)  Ses parents lui en demandent beaucoup trop pour atteindre l'excellence, quitte à se comparer à son frère sad C'est d'ailleurs horrible ce qu'il lui est arrivé et lourd à porter pour Alex qui connaît la vérité no please
La rencontre avec sa femme est tellement mignonne et leur mariage en petit comité aussi oups Ça fait plaisir de voir Alexander s'engager enfin dans une voie qui lui plait vraiment et où il peut s'épanouir moh
La fausse couche et la perte de leur bébé miracle quelques années plus tard sont simplement atroces brokenheart Il n'y a rien de pire que de perdre un enfant, comment s'en remettre ? sad Après un tel drame, le divorce était inévitable... sad mais j'espère qu'un jour Alex aura l'envie de se reconstruire. En tout cas, si Laureen débarque, ça promet d'être chouette à suivre  angel
J'ai hâte de découvrir Alexander et de le voir évoluer à Hilton  cute

⇝ Ce qu'il faut savoir ⇜


Voilà, le plus beau moment est arrivé, c'est officiel, tu es enfin validé(e), félicitations ! L'étape la plus fastidieuse est maintenant derrière toi. Tu vas désormais pouvoir te familiariser avec le forum. Et comme la team de ce forum est super sympathique, elle va te donner un petit coup de main.
Tout d'abord, tu peux aller créer et poster ta fiche de lien, ensuite tu trouveras dans cette petite rubrique diverses demandes (création de ton logement, création d'un lieu si tu en veux un qui n'existe pas encore sur le forum, recherche de partenaire, recherche de RP).
Pour que tu sois encore plus comblé(e), n'hésite pas à venir créer ton scénario ou pré-lien, qu'ils soit amoureux, familial ou autre.
Et si tu as envie de discuter ou alors de partager ton petit quotidien, c'est dans la partie communication.
Et pour finir, un coin que tout le monde connait, un coin où tout le monde adoooore aller, c'est le flooooooooooooood.


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