Je n'aime pas spécialement parler de moi, alors vous racontez ma vie. Alors, je vais vous faire de la façon la plus simple pour moi. Je vais vous conter mon histoire parce que oui, je n'ai pas vraiment le choix. Ma famille est loin du parfait petit conte qu'on raconte aux enfants. Ni des jolies histoires que Disney nous fond miroitées aux enfants. Non, nous sommes plus proches des contes de Perrault ou des  frères Grimm. Bon, tu enlèves le côté sanglant de la chose.

Donc, mon histoire commence au Mexique, plus précisément à Juárez. Bon, d'accord, vous ne me voyez pas encore, mais est-ce que je dois vous faire un dessin ou vous connaissez votre biologie. Une jeune femme du nom de Marianna et d'un jeune ouvrier plutôt charmant se rencontre. C'était le coup de foudre et ce qui donna le grand amour. (Je vous l'avais bien dit que ça ressemble un peu à un conte de fée. Bien sûr, vous allez comprendre pourquoi ce n'est pas le genre Disney.) Aucun des deux ne venait d'une famille riche ou avec une fortune colossale. Ils se marièrent et s'installèrent à Tijuana, où ils essayent de vivre une vie tranquille en essayant de rester discrets. Leur bonheur fit qu'elle tomba enceinte. (oui, je sais, c'est si joliment dit.)

Le Mexique n'est pas un des endroits les plus sécuritaires pour élever un enfant. Alors, comme beaucoup, le couple décide d'aller vivre ailleurs. Il croyait certainement un peu trop au conte de feu ou regardait un peu trop la télé. Il croyait à la réussite du rêve américain. Ils traversèrent la frontière, parlant très peu le dialecte du pays. Elle était enceinte jusqu'au yeux, pratiquement sur le point d'accoucher.

 Nous sommes tous les cinq né sur la terre promise. Nous vivions à Los Angeles, le problème, c'était qu'on était dans un conte de fée. Bon, d'accord, je vous le dis souvent, mais c'est vrai après tout. Nous n'avions pas une fée qui ne sortait dont ne sait où pour améliorer notre vie. Au contraire, nos parents, ont trimé dur pour qu'on puisse vivre. Qu'on puisse être habillé et surtout qu'on mange à notre faim. Bon, j'étais petite et à part mes poupées ou mes livres. Je ne faisais pas vraiment attention à ce qui se passait autour de moi. J'étais très proche de mon père et oui, je suis une fille à papa.

J'avais huit ans, quand mon père est parti sans laisser de mots ni de trace. Il nous a juste embrassés comme si de rien n'était le matin en allant au travail et n'est jamais revenu. Mon petit cœur de fille à papa s'est brisé et j'ai eu du mal à ne pas pleurer quand on a déménagé. J'avais juste trouvé un vêtement, un gilet qui appartenait. Je ne l'ai pas quitté pendant des jours voir des mois. Puis, je regardais toujours à la fenêtre dans l'espoir qu'il revienne. Quand j'ai enfin compris qu'il ne reviendrait pas. J'ai fini par m'enfermer dans mes livres. Bon, je faisais des efforts pour parler avec mon frère et mes sœurs.

Mon adolescent, je n'ai pas vraiment de choses à vous dire. Je dois dire que je n'ai pas réellement beaucoup d'amis autour de moi. Juste quelques personnes avec qui je m'entends extrêmement bien. Puis, je n'aime pas tout ce qui est sport. Je préfère l'art et surtout me plonger dans un bon livre. J'avais commencé à écrire un journal intime, mais je me suis ennuyée rapidement. Alors, j'ai transformé mon journal intime en écrit que je cachais comme je pouvais dans ma chambre. Tout comme quand je dessine, je ne suis jamais satisfaite que ce que je fais. Je trouve que ses mauvais, voilà pourquoi je ne veux pas qu'une personne les lise.

Après le lycée, j'ai été à l'université pour partir sur une faculté de littérature. Je ne voulais pas être un poids pour la famille, donc j'ai pris un petit job étudiant. Je travaillais dans un coffee shop bibliothèque. Le concept boire son café tout en lisant des livres. Après les études, je suis rentré dans l'entreprise qui m'avait prise en stage. Encore aujourd'hui quand j'ai du temps. Je peins, j'écris ou je m'amuse à faire une nouvelle recette et invite un membre de ma famille à venir à manger avec moi. Sinon, quand je ne fais pas ce que je vous ai raconté, un peu plutôt. Je vais une bibliothèque ou bien une librairie.

C'est dans cet endroit que je l'ai rencontré. C'était un moment comme dans les livres romantiques ou dans certains films. Vous savez, ce moment-là où deux mains se rapprochent d'un même livre au ralenti. C'était un peu près dans ma tête, un peu cette image-là. Depuis, on se donne souvent rendez-vous dans des endroits plutôt calmes qui conviennent à tous les deux. Ça ne fait qu'une semaine et je n'en ai parlé encore à personne de ma famille.

Il m'arrive encore de souhaiter que mon père revienne. Je garde toujours un espoir, et parfois surtout au moment des fêtes. De vouloir encore me souvenir des moments qu'on passait avec cet homme. Alors, j'en parle plus avec Emma, qui est celle qui s'en souvient le plus parmi  mes sœurs. Avec Théo, je pourrais, mais j'ai du mal à parler de ces choses-là avec lui.