(Rita+Finn#1) Can't Take My Eyes Off You

Can't Take My Eyes Off You

Ça me fait plutôt étrange d’être de retour à Hilton en réalité. En même temps, je suis de retour à chaque été et c’est le cas maintenant, mais la différence, c’est que je dois rester à l’automne aussi pour une fois. Je ne retournerai pas à l’internat ou à l’université dans quelques semaines. Non, mon temps aux études et terminé et je peux me concentrer sur le hockey à 100%. Bon, 100% peut-être pas, je veux bien mettre des heures et des heures de pratique par semaine, mais le repos est important aussi. Et socialiser me fait du bien.

Aujourd’hui, j’ai congé de pratique de hockey, et je ne travaille que ce soir au resto. J’ai donc toute la journée devant moi et, comme à ma chère habitude, je suis hors de mon lit plutôt tôt. J’ai bien beau mettre tous les efforts du monde, je suis incapable de me lever passé neuf heures, et même là, c’est un peu généreux. Huit heures, peut-être plus. Ma soeur et mon grand-père dorment encore, alors que ma grand-mère prend son café tranquillement sur le balcon en lisant un roman. Wade sur les talons — ça ne fait que quelques semaines que j’ai ce chien, mais il dort déjà toutes les nuits avec moi et me suit partout —, je sors la rejoindre et me laisse tomber sur le fauteuil à côté d’elle après l’avoir embrassée sur la joue. Le soleil est déjà pas mal haut dans le ciel, je n’imagine pas quand il sera carrément midi. Elle pose son livre sur la petite table de vitre devant elle et se tourne vers moi, ses yeux me scrutant de la tête aux pieds. « Tu sembles fatigué, Finn », commente-t-elle en se redressant sur le fauteuil. Toujours aussi observatrice, ma grand mère. Je me contente de sourire doucement à son intention. « C’est beaucoup de pratiques par semaines. Tu ne penses pas que tu pourrais en enlever un peu? » Sa suggestion me fait rire et, pendant une fraction de seconde, elle semble un peu insultée de ma réaction. Oups. « Ça ne fonctionne pas comme ça, mamie », je commence à lui expliquer. « Je n’ai pas le choix si je veux avoir ma place dans le Reign cet automne. » C’est en effet beaucoup de pratiques par semaine, pour tenter d’impressionner les coachs au final. C’est aussi beaucoup de préparation en-dehors des pratiques, comme je dois continuer de m’entraîner ou juste veiller à bien manger et bien dormir. Je m’en voudrais beaucoup si je faisais quelque chose qui anéantirait mes chances. Ma grand-mère se contente de hocher la tête, mais je ne suis pas certaine qu’elle comprenne réellement. Elle ne suit pas le hockey comme mon grand-père, par exemple; elle vient à la majorité de mes matchs, mais je ne suis pas certain si elle comprend le jeu même à ce jour. Mais ce n’est pas grave, son support est juste très, très apprécié. « Que vas-tu faire, ce matin? » me demande-t-elle finalement. Je lui explique que je ne sais pas trop, j’avais pensé aller faire un tour à la plage avec Wade, m’installer à mon endroit préféré avec mon iPad, peut-être, pour dessiner. « J’adore cette idée. Ça va te faire du bien, de penser à autre chose que le hockey. » Je ris en secouant la tête, sans toutefois rien répondre. Je finis par m’éclipser à ma chambre pour me changer en sweat et jogging. Ça ne fait même pas dix minutes que je marche en direction de la plage que j’ai déjà enlevé mon sweat. C’est fou quand même, il est si tôt encore et il fait déjà chaud comme ça. Vive la Californie pour ça, sérieux. J’imagine pas si j’ai à aller au Colorado en plein hiver pour jouer un match! Je vais mourir de froid.

Je me promène un certain temps avec Wade, il s’aventure même dans l’eau et se secoue directement à côté de moi en revenant, m’aspergeant de goutelettes qui me font reculer automatiquement en riant. Après un certain moment, je commence à m’éloigner et il me suit directement, on marche un peu plus et nous voilà à mon coin préféré de cette plage. Il est moins ouvert que le reste, un peu plus caché par des arbres, bien que plusieurs rayons de soleil arrivent à chauffer la place. Je dépose mon sac sur “mon” rocher habituel avant de m’y installer moi-même. Ça fait quelques fois que je reviens ici, mais pas tant que ça, et mon chien est déjà habitué, au point où il s’installe tout de suite au pied du rocher pour sommeiller. Je sors ensuite mon iPad et ouvre l’application Procreate pour continuer les esquisses de la bande-dessinée que je suis en train de créer. J’en suis à peu près à la moitié, mais je veux intégrer un nouveau personnage féminin, une superhéroïne qui a le pouvoir de contrôler l’élément de l’eau. Ça fait un moment que j’essaie de trouver comment l’illustrer et, si je dessinais sur papier, il y aurait probablement une multitude de boulettes autour de moi. Mais comme mes pinceaux sont digitaux, je ne fais qu’ajouter calque après calque, en espérant que je trouverai éventuellement. Chaque fois, quelque chose me déplait, bien que je ne sache pas l’expliquer. Ce n’est juste pas elle.

Puis, tout semble se passer au ralenti. Je lève le regard pour fixer l’horizon par-dessus l’océan comme chaque fois que je me sens bloqué et que je cherche l’inspiration, et cette fois-ci, une personne se trouve un peu plus long devant moi, en train de pousser une planche à voile sur l’eau. Une jeune femme, bien que je ne saurais pas dire de quel âge comme elle fixe elle aussi l’horizon et que je ne vois que ses cheveux bouclés tomber dans son dos. Ses cheveux bouclés, justement, qui me donnent immédiatement envie de les dessiner, qui sait, de possiblement les intégrer dans ma superhéroïne. Je ne sais pas pourquoi exactement, mais ils me fascinent. On dirait qu’ils bouclent à cause de l’eau salée, mais genre, en permanence on dirait. Ce n’est pas la première fois que j’intègre ce type de cheveux-là dans mes dessins. Je crois que, plus jeune, j’avais justement trouvé une modèle quand mes parents nous avaient emmenés à la plage et que je m’amusais à dessiner les gens que je voyais.                  

Pendant que je continue de dessiner, Wade continue de sommeiller à mes pieds, observant la fille lui-aussi, qui est maintenant dans l’eau à faire de la planche à voile, surfant sur les nombreuses vagues qu’il y a aujourd’hui. Elle a vraiment choisi sa journée pour en faire. Après avoir testé différentes illustrations de postures de ma nouvelle super-héroïne sur mon iPad, je passe maintenant à la couleur, testant differentes palettes qui iraient bien avec le style de ma bande-dessinée tout en gardant le style du personnage. Puis, Wade se redresse soudainement, jappe, et je suis son regard des yeux. Où est donc la fille avec sa planche à voile? Il y a deux secondes, elle était encore sur l’eau… J’ai beau la chercher sur la plage, elle ne semble pas y être. Est-ce sa plache à voile que je vois revenir vers le sable? Wade se précipite dans sa direction alors qu’une tête bouclée émerge. Je relâche mon souffle, elle semble aller bien, juste peut-être avoir bu la tasse. J’attrape mon sac, y glisse mon iPad et vais les rejoindre, refermant finalement mes doigts sur le collier de mon chien pour qu’il évite de trop s’imposer à elle, bien qu’il ait déjà essayé. « Est-ce que ça va? » C’est plus une question pour la forme, elle semble bien aller, mais ne sait-on jamais. « Mon chien — Wade — te regardais pendant que j’étais en train de dessiner… hum… m’enfin, que j’étais là-bas. » Je pointe vaguement dans la direction du rocher où j’étais installé. Puis, je me gratte la nuque, réalisant que j’ai spécifié que je dessinais, alors que d’habitude, c’est le genre de détail que j’évite de mentionner. C’est pas le genre de trucs qui intéressent les gars du hockey, et puis plus jeune, j’ai été encouragé davantage vers la voie de ce sport. Je sais en théorie que ce n’est qu’une illusion que je me fais, mais j’ai l’impression que je ne peux pas mélanger les deux mondes. L’art et le sport. Les Romeo et Juliette des hobbies. « Je m’apppelle Finn », je me présente, espérant que je vais connaître son prénom à son tour. Oui, mon prénom est Finn, pas Finnegan. « Tu viens souvent faire de la planche à voile par ici? » Parce que j’imagine la croiser de nouveau alors, si c’est le cas. Sauf que je me demande brièvement si je ne devrais pas songer à me trouver un autre endroit pour dessiner — ou lui demander de se trouver un autre endroit pour faire de la planche ahah —, pas parce que sa présence me dérange réellement, mais je vais avoir l’impression de me sentir observé pendant que je dessine. Même si elle ne m’accorde pas le moindre regard.

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@Rita Pearson  

Can't Take My Eyes Off You

Il n’y a rien comme les matins paisibles à la plage, quand il est encore trop tôt pour que l’endroit soit bondé. De toute manière, ce rocher où j’aime me poser pour dessiner, il est un peu à l’écart et, même en plein milieu de l’après-midi, il n’y a pas trop de monde. Même si j’évite de venir en après-midi comme il fait trop chaud pour juste dessiner sous le soleil de toute manière. Sauf que, ce matin, il s’avère que je partage ce petit coin de plage avec une femme aux cheveux très bouclés qui m’inspirent finalement pour ma nouvelle héroïne. Je n’ai qu’esquissé la tête et les cheveux que Wade se dirige en courant sur le bord de la plage pour accueillir celle qui me l’a inspiré et qui, à l’évidence, vient de boire la tasse. À ma grande surprise, elle se met à rire et à tousser en même temps, et je réalise que mon chien collait son museau sur elle, et je l’éloigne un peu pour donner un peu d’espace à la fille. Elle me répond que ça va, avant d’ajouter qu’elle avait un peu soif. Toujours un peu préoccupé par sa chute et à essayer de contenir Wade, je réalise un peu après qu’elle plaisantait, et j’étouffe un rire. « L’eau salée est ma préférée, elle est un peu plus hydratante, tu trouves pas? » N’importe quoi. Elle dégage ses cheveux de son visage et je peux donc observer un peu plus les traits de celui-ci. Elle est vraiment très jolie, en tout cas, et je note mentalement quelques uns de ses traits pour possiblement les attribuer à ma nouvelle super-héroïne comme un creep. J’en profite pour lui présenter Wade, avant de préciser, à mon grand regret, que j’étais en train de dessiner. Argh. Il n’y a rien de mal à ça, que je me répète, mais c’est tellement un hobbie que je garde secret, d’habitude, que c’est juste bizarre que je l’aie révélé à une pure inconnue. En même temps, c’est justement peut-être la bonne personne à qui parler de ça, comme elle ne me connaît pas et qu’elle ne cherchera sans doute pas à investiguer. Je montre rarement mes dessins à quiconque. Elle s’amuse avec mon chien et il s’énerve un peu en retour, ce qui est plutôt drôle à voir. « Je comptais justement l’entraîner pour être sauveteur », je plaisante dans un petit sourire en coin quand elle dit qu’il ne laisserait personne mourir. Je suis sûr que beaucoup de personnes à la place de cette femme auraient été embarassés que quelqu’un les aies vus tomber, mais ça ne semble pas être son cas à elle, ce que je trouve plutôt cool. Mais bon hein, je suis même pas sûr que ça serait mon cas si je tombais, disons, sur la glace à l’aréna. Pas que ça risque d’arriver tousse. Quand elle mentionne que Wade est son beau super-héros, il me vient à l’esprit que ça pourrait être intéressant, un animal qui a des pouvoirs dans ma future BD. À suivre.

Je finis par me présenter, tant qu’à commencer une discussion avec cette belle inconnue, et okay, un peu dans l’espoir d’avoir son nom à elle. Et elle me le donne, en me précisant même son surnom. Je souris en retour, avant de lui demander si elle vient souvent faire de la planche à voile par ici. Je ne suis pas trop certain si je cherche à voir si elle reviendra par ici ou si c’est parce que je devrais peut-être me trouver un nouvel endroit afin de dessiner sans que personne ne m’observe. Un peu des deux, sans doute. Mes sourcils se haussent bien haut quand elle parle de stalker, et… elle blague? J’espère bien, parce que… est-ce que j’ai la tête d’un stalker? Pourtant, elle poursuit en me pointant littéralement sa maison un peu plus loin, spécifiant qu’elle y habite et qu’elle vient donc à peu près tous les jours. « Tu sais que si je suis un stalker, tu es littéralement en train de me donner toutes les amunitions pour te stalker sans aucune difficulté? » je lui fais remarquer en me retenant d’éclater de rire. En vrai, c’est drôle, parce que sa maison, justement, je la vois du rocher d’où je dessine et je me suis passé la réflexion à plusieurs reprises que ça doit être le rêve de vivre là-bas, dans cette jolie maison sur le bord de la plage. « Attend… j’suis pas sur un terrain privé, quand même? » je demande, bien que certain d’avoir vérifié cette information avant de faire de ce coin mon repère pour dessiner il y a quelques années (quand je n’étais pas au pensionnat). (Okay, c’est ma soeur qui m’a fait penser à vérifier quand je leur ai annoncé que j’avais trouvé un super coin.) N’empêche, elle a raison, ce sont de belles vagues aujourd’hui, parfaites pour surfer ou faire de la planche à voile, comme elle. Je me suis déjà essayé au surf, et j’ai même déjà accompagné mon frère et sa meilleure amie, mais je me débrouille un peu, sans plus. Rita, elle est peut-être tombée à cause des énormes vagues, mais on voit quand même son expertise quand elle est sur sa planche.

« Huh? » est tout ce que j’arrive à répondre quand elle me demande ce que je dessinais et si je viens souvent dessiner ici avec Wade. Moi qui pensais qu’elle ne reviendrait pas sur ce sujet… Les inconnus sont généralement peu curieux d’habitude. « Je viens un peu plus souvent depuis que je suis revenu de l’uni », j’explique. « Je n’allais pas faire les deux heures de route entre San Diego et ici pour m’installer ici… même si c’est un endroit tout plein de charme », j’ajoute en riant. Ni les environ 8h de route entre le pensionnat où j’ai été et Hilton. « J’ai adopté Wade il y a quelques semaines, donc c’est son premier été sur ce petit trésor de bout de plage. » Je me mordille quelque peu la lèvre avant de répondre à sa prochaine question. « Et… je ne dessinais rien de particulier », je tente d’éviter d’entrer dans les détails en étant évasif sur le sujet. Oui, je sais, j’aimerais que ma bande-dessinée soit publiée un jour, et pourtant je n’arrive pas à avouer tout haut que je dessine des super-héros. « Bon… Wade et moi, on va te laisser à tes occupations, on allait rentrer bientôt de toute manière », j’invente, peut-être pour éviter qu’elle ne pose davantage de questions, qu’elle laisse tomber, je l’avoue. Parce que bon, si elle se montre trop curieuse, elle finira peut-être par savoir que je l’ai prise en modèle et… malaisant, non? Sauf que Wade a décidé qu’il n’était pas prêt à laisser sa nouvelle amie, et il aboie joyeusement en la regardant elle, et la grosse vague au loin, en alternance, sautillant pratiquement sur place. Ce chien est fan de la mer, c’est fou quand même.

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@Rita Pearson  

Can't Take My Eyes Off You

C’est peut-être Wade qui a forcé notre rencontre, à cette jolie inconnue et moi, mais je ne le regrette pas du tout. Non seulement elle est très belle, mais elle a incroyablement de l’humour et semble prendre les choses quelque peu à la légère. Ce que j’adore, ça fait changement des gens tout aigris qu’il y a malheureusement parfois dans la vie. J’éclate de rire quand elle renchérit sur mon sarcasme, affirmant qu’elle ne sait pas pourquoi l’eau salée n’est pas commercialisée. « Je comprends pas non plus, mais chose certaine, à la source c’est toujours meilleur », j’ajoute dans un haussement d’épaules.

Elle me fait davantage rire en me pointant sa maison après m’avoir possiblement traité de stalker, ce que je lui fais remarquer aussitôt. « Uh — » Je passe une main sur ma nuque, cherchant à savoir si elle ment ou pas, finalement. Je me doute bien qu’elle n’est pas une menteuse compulsive, il me semble qu’elle ne me dirait pas ça sinon, mais j’adore son sens de la répartie. Et surtout vu le sourire qui étire ses jolies lèvres. Focus, Finn. « Il faudra que je te stalke un peu plus pour le savoir, j’imagine. » Je hausse les épaules, comme si c’était une évidence. Bon, si j’étais réellement un stalker, je ne doute pas que je saurais déjà exactement où elle habite, où est sa chambre même. (Ew. C’est vraiment terrifiant quand on y pense.) Je m’informe alors si je suis sur un terrain privé, bien que je suis pas mal certain de connaître la réponse. Son ton et son regard se font une peu plus sérieux, et je fronce les sourcils parce que… je me suis peut-être trompé, finalement? Mais la prochaine phrase me confirme qu’elle plaisante encore. Je lui tends la main comme pour qu’on fasse réellement un marché. « Je te promets de ne plus te stalker, Rie. » C’est elle qui m’a donné son surnom, je ne me gênerai pas pour l’utiliser, même si on se connaît à peine.

« Je viens tout juste de graduer, en communications », je réponds, prédisant du même coup — peut-être à tort — une autre question qui pourrait arriver par la suite. Ça vient souvent ensemble. « T’es aux études, toi? » Je parle de la route entre Hilton et San Diego, à quel point c’est beaucoup de temps rien que pour venir sur un petit coin de plage désert alors qu’il n’en manque pas un peu plus dans le sud non plus. « Il y en a tout plein, c’est vrai! Mais rien n’équivaut à ce petit coin de plage à côté de chez toi », je tente de dire le plus sérieusement du monde. Je lui avoue ensuite que je viens tout juste d’adopter Wade, et Rita en profite pour s’accroupir près de lui. Je vais presque commencer à me demander si mon propre chien va vouloir rentrer avec moi ce soir, plutôt que de la suivre chez elle, dans sa belle grande maison sur le bord de l’eau. « On pense qu’il a environ 8 ans. Je l’ai adopté dans un refuge et il a été abandonné dans son ancien appartement parce que ses propriétaires ne pouvaient pas l’amener avec eux, on pense. » Je roule des yeux en serrant la mâchoire. C’est le genre de trucs qui me frustrent au plus haut point, ça, les gens qui abandonnent leurs animaux comme ça. Je ne comprendrai jamais je pense.

Bon, voilà que Rita revient sur le sujet de mes dessins, sujet que j’ai tenté soigneusement d’éviter. Et vu sa tête, elle ne semble pas convaincue de ma réponse du tout. Bon, okay, ma réponse était très vague, je dois l’admettre. J’aurais peut-être dû juste lui donner une réponse un peu plus élaborée, mais tout de même banale, plutôt que d’éviter sa question? Mais il ne manquerait plus qu’elle me demande de lui montrer mes illustrations. Et je les montre à si peu de personnes… Je pense que je me débrouille bien, bien que je sois loin du niveau de Sara Pichelli par exemple. Mais Finnegan Baker est un joueur de hockey, pas un illustrateur professionnel. Et ouais… et si mes dessins ne sont pas si bien que ça, finalement? « Tu te trompes, je suis plus comme Jiminy Cricket, à insuffler les bonnes décisions à prendre aux gens. Comme boire de l’eau salée pour se garder hydraté », je muse dans un petit sourire amusé, évitant toutefois son regard. Moi, ça, éviter la question? Nan, du tout. « Mais je me débrouille, c’est tout. J’suis pas un professionnel, loin de là. », j’ajoute rapidement. Avant qu’on s’éternise sur mes habilités ou pas d’utiliser un crayon (ou Apple Pencil), je dis que Wade et moi devrions peut-être rentrer et la laisser à ses occupations. Mais comme elle me fait remarquer, mon chien ne semble pas d’accord, il semble tout heureux de voir de nouvelles vagues arriver. Rita s’installe avec lui. « Nannn, il n’est pas question, je veux bien reconnaître qu’il t’aime bien, mais il n’aurait plus son doudou comme il est chez moi, t’imagine à quel point il serait malheureux? » j’argumente pauvrement dans une petite moue. Je dépose mon sac avec mon iPad un peu plus loin pour m’assurer qu’il soit au sec, avant de m’installer à côté d’elle. « Je veux bien rester, alors, pour Wade », je plaisante, les yeux pétillants. « Faudrait surtout pas que je le prive de passer du temps avec sa nouvelle amie », je dis. Et avec un peu de chance, j’obtiendrai peut-être son numéro, ou son Instagram? « Tu as des animaux, toi? Pour savoir si Wade peut espérer avoir des playdates ou pas, tu vois », je dis. Peu subtilement, peut-être? Yolo, comme certains disent, il faut croire.

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@Rita Pearson  

Can't Take My Eyes Off You

C’est d’abord difficile de voir si Rita plaisante ou pas quant au terrain privé. Bon, en soi, serait-ce la fin du monde si ça fait des années que je viens par ici et qu’en fait je suis sur le terrain de quelqu’un? Mais je ne tiens à déranger personne, au final. On fait genre qu’on fait un deal en se serrant la main, la sienne n’est pas désagréable dans la mienne. Bien entendu, je ne m’empêche pas de l’appeler par son surnom, comme si on se connaissait depuis un bon moment. De toute manière, ce n’est pas pour m’avancer, mais j’ai l’impression que je vais la revoir. Autant commencer tout de suite avec la familiarité, non? Elle me pose des questions et je prends ça comme quoi elle veut apprendre à me connaître. Et ma réponse lui fait poser une autre question, instaurant un petit sourire amusé sur mes lèvres. « Je pourrai te prêter ma biographie, si tu veux », je plaisante dans un petit rire. Ça ne m’embête pas du tout de lui répondre, mais c’est plutôt tentant de la taquiner sur sa curiosité au passage. « Idéalement, je n’aurai pas à utiliser mon diplôme en communications. J’ai un camp d’entraînement de hockey en septembre, et assumant que je suis pris pour cette équipe — le Reign —, ça pourra être ma porte d’entrée pour les Kings de Los Angeles. » L’équipe préférée de mon père, ce que je ne mentionne pas tout haut.

Et quand je lui retourne la question — parce que cette femme me rend aussi curieux qu’Andrea Alvarez —, Rita me retourne toute cette question de stalker contre moi. « Je voulais seulement te tester », je lui réponds dans un petit haussement d’épaules. La tester pour quoi exactement, c’est un grand mystère, comme c’est plutôt elle qui devrait me tester en bon stalker que je suis. « Trop cool la biologie marine. Tu seras donc une experte de la vie sous l’eau, en gros, tu pourrais pratiquement avoir le poste du roi Triton un jour », je dis dans un air de fausse réflexion, les yeux pétillants. Parce que oui, c’est connu, le roi Triton sait tout de ses petits paysans marins. Et pour ma défense si je n’ai pas totalement bien résumé le film de La Petite Sirène — tousse —, c’est parce que je m’en rappelle seulement parce que ma soeur m’a forcé à le regarder quand j’étais petit. « Tu prévois rester dans le domaine après? Ou tu as d’autres plans? Et avant que tu ne me dises quoi que ce soit, même un vrai stalker ne saurait pas ces informations. J’ai pas eu l’occasion de lire ton journal intime encore », j’ajoute à notre enchaînement de plaisanteries. Je lui offre un regard de tu vois, c’est évident quand elle dit être d’accord avec moi, que ce bout de plage vaut totalement le deux heures de trajet à partir de San Diego.

Le sujet passe sur Wade — ce charmeur —, et j’explique à Rita que je viens de l’adopter. Pourtant, j’ai l’impression de l’avoir avec moi depuis beaucoup plus longtemps. Je n’aurais pas pu espérer mieux. J’agréé dans un air triste quand elle dit qU’il y a beaucoup de gens cruels sur cette terre. Mon pauvre chien qui a été abandonné comme tant d’autres animaux… malheureusement, je sais bien que tous n’ont pas la chance de Wade (sans vouloir me vanter, ahah) d’avoir été recueilli par quelqu’un. Quand elle lui fait des grattouilles, j’en fais de même, il est définitivement le chien le plus heureux de la planète en ce moment. « Et éventuellement, quand je ferai partie du Reign — » Je n’ose pas imaginer le contraire. « — on se prendra notre endroit à nous, mais on devra aller prendre plus de marches si je n’ai pas de cour arrière comme chez mes grands-parents », je réfléchis tout haut. Mon compagnon a décidé qu’il n’était pas l’heure de partir et, en fait, je suis en train de me dire que c’est le meilleur wingman ever. Les deux s’installent bien confortablement et je suis “forcé” d’en faire la même chose. Elle ne semble pas me croire quand je déclare que je suis plus Jiminy Cricket. « Quoi? Tu vois tant que ça mon nez s’allonger? » je marmonne en tapotant mon nez, prenant le même regard que si j’avais été pris sur le fait. « Mais c’est un fait scientifique, Rie, voyons. Tu devrais le savoir, madame la biologiste marine. » Je lui adresse un grand sourire espiègle.

Je manque de rougir quand elle me demande ce que je dessine. Toi, que je devrais lui répondre. Elle, et tout plein de gens, en fait. J’aime bien m’inspirer de vraies personnes. Toutefois, elle va réellement croire que je la stalke si je lui révèle ça. « On peut dire que je dessine depuis longtemps », je réponds finalement, évitant soigneusement la deuxième question de madame-la-curieuse, avant de changer de sujet en parlant du doudou de Wade. « Tu dirais pas juste ça parce que t’as envie de savoir où j’habite? » je la taquine quand elle suggère qu’on peut passer chercher le jouet favori de Wade sans problème. Le pire, c’est qu’il a l’air bien d’accord comme il jappe, ce qui me fait rire. Je fais mine de lui ébouriffer le poil au dessus de sa tête et il s’enthousiasme un peu plus. Entouré des bras de Rita comme ça, on dirait qu’il est au Paradis. « Bien sûr pour ta personnalité charmante, mais je n’osais pas le dire trop fort. J’ai l’impression que tu t’en servirais contre moi », je lui explique très (pas) sérieusement. Je lui demande finalement si elle a des animaux, faire passer une possible playdate pour une belle occasion de la revoir. Ça la fait rire et je me contente de sourire. « C’est suffisant, Wade adore les poissons », je réponds. Bon… à confirmer. Mais ce chien aime tout le monde, tous les êtres vivants, donc… « Écoute, si t’insiste… » je dis en levant les deux paumes dans les airs, comme si c’était son idée, la playdate. « Bien sûr que ça compte! » je dis en riant. J’observe ses cheveux qui commencent tranquillement à sécher sur sa tête, de nouvelles petites bouclettes émergeant de l’eau salée collée à sa chevelure. Je tente d’en prendre note dans ma tête. Creep, Finn. T’es creep. « C’est un rendez-vous, alors, pour Wade et la jolie sirène. Et moi », je conclus dans un hochement de tête. Et en guise de réponse, mon chien lève la tête pour lécher le visage de Rita.

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@Rita Pearson  

Can't Take My Eyes Off You

Rita semble comprendre que je pointe un peu beaucoup sa curiosité quand je lui dis que je pourrai lui prêter ma biographie. « Juste un peu », je dis, amusé, en pinçant l’index et le pouce à quelques millimètres l’un de l’autre. Pas que ça me dérange, on s’entend. J’éclate de rire quand elle va même jusqu’à inventer un titre pour ma biographie. En plus d’être curieuse, cette fille a définitivement de l’imagination aussi. « C’est exactement ça. Mais shhhh, c’est un secret jusqu’à sa publication, d’accord? » je dis en posant un index devant mes lèvres. En vrai, ça sonne quand même bien, non? Bien que ça ne soit pas très flatteur d’être un stalker, sans doute.

J’en révèle quand même un peu plus sur moi, lui partageant mes plans pour ma carrière de hockey. J’oscille des sourcils à répétition quand elle dit qu’elle est en présence d’une réelle star. En chair et en os, ahaha! Du moins, un jour peut-être. Je ne pourrais pas dire que la célébrité ne me tente pas, mais atteindre la Ligue Nationale de Hockey est un objectif que je veux atteindre parce que c’est le plus haut des “échelons” qu’un joueur de hockey peut avoir, en quelque sorte, et non parce que je serais riche et célèbre. C’est ce que mon père visait, et donc moi aussi. « Tu le veux où? Sur ton bras? » je plaisante, attrapant mon Apple Pencil pour faire mine de signer dans les airs. « Depuis pratiquement toujours, je pense que je suis monté sur la glace vers mes trois ans, un truc comme ça. » Mon frère n’ayant pas trop voulu essayer le sport préféré de notre père, je pense que celui-ci s’est tourné vers moi. Et pour ma part, j’ai accroché.

Quand je lui dis que je suis en train de la tester en tant que stalker, elle fronce les sourcils et plisse les yeux comme pour déceler si je dis la vérité ou pas. Quand elle me parle de son domaine d’études à elle, je lui dis en gros qu’elle pourrait aspirer à devenir le roi Triton. Ou, du moins, à devenir sa compétitrice; elle me dit que c’est sa mission #1 de prendre sa place. « Bien sûr », je dis dans un petit hochement de tête que je veux sérieux, bien que mes yeux pétillent de malice. « Une couronne de coquillages t’irait vraiment bien! » Idée pour ma super-héroïne dans ma bande-dessinée…? Bon, ça y est, elle a remarqué que je connais La Petite Sirène. « Ma grande soeur m’a forcé à le regarder. Elle m’a même tenu les paupières comme ça là — » Je lui montre en tenant mes paupières vers le haut comme si je tentais de rester éveiller. « L’an passé », je pouffe. Okay, y’a beaucoup de faux là-dedans. Elle m’a forcé à le regarder une soirée où elle me gardait, quand j’était beaucoup, beaucoup plus jeune. Je muse que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire son journal intime, et Rita réplique en parlant de cahier de note de stalker. « Je ne peux confirmer ou dénier l’existence d’un tel carnet. Mais je dénie totalement le mur de photos! Tu me prends pour qui? » je fais, une main sur le coeur. En vrai, on voit ça parfois pendant les films, c’est plus creepy qu’autre chose. Et mille fois plus creepy que de dessiner un personnage inspiré d’elle, s’entend.

Elle me confie alors qu’elle part bientôt pour une compétition de voilier. Je l’écoute, impressionné qu’elle ait autant de guts de partir à l’aventure comme ça. Ce n’est clairement pas tout le monde qui le ferait, mais ça se voit dans ses yeux qu’elle y tient, que cette aventure l’emballe. Mon visage se décompose légèrement quand elle mentionne qu’elle a un copain, mais je me rattrape bien je pense. Bon, je devrais peut-être avoir l’air de moins flirter avec elle si elle est en couple. Déception, vraiment. « C’est vraiment très cool comme plans, en tout cas. Tu vas pouvoir te pratiquer à régner sur les mers! » je plaisante. Je ris doucement quand elle parle de me faire une petite place sur le voilier. Moui, bon, peut-être pas avec son copain à côté. « Je m’imagine sur le pont — ou peu importe comment ça s’appelle, je sais pas trop — du bateau avec mon cahier, les cheveux dans le vent — » Je secoue mes cheveux bouclés qui deviennent plutôt longs depuis quelques temps pour lui montrer mon point. Je soupire rêveusement. « Une autre fois, peut-être, j’ai mon camp d’entraînement bientôt », je termine dans un haussement d’épaules.

Je lève un sourcil quand Rie prend en compte que j’habite chez mes grands-parents. « Woah, il est un peu tôt pour les rencontrer, là, dans notre relation », je plaisante en levant une main pour ponctuer mes paroles. Arrête de flirter, Finn, ÇA SUFFIT. « Mais oui, pour l’instant. C’est plus simple. Et on ne dira pas non aux petits plats de Mamie, hein », je dis en penchant la tête, petit sourire amusé sur les lèvres.

Elle soutient que je suis plus Pinocchio et ose même me dire qu’elle a peur que je ne vois plus Wade avec un aussi long nez. « Je le verrai toujours ici », je dis en hochant la tête, tapotant mon torse cette fois-ci, là où mon coeur se trouve. Okay… je suis pas en train de dénier que je peux mentir, oupsie. Je lui offre un regard du genre bon, tu vois, quand elle se demande comment elle a pu passer à côté de ce fait scientifique.

Rita remarque malheureusement que j’ai esquivé la moitié de sa question. « Non, j’avais pas remarqué », je dis innocemment. Je ris quand elle me demande si je dessine des choses compromettantes. Elle est loin de s’imaginer que je dessine un personnage inspiré d’elle, mais je ne suis pas sur le point de le lui révéler non plus. « Ton imagination va bien loin, madame-la-reine-future-triton », je réponds tout simplement. Je lui demande plutôt si elle ne voudrait pas venir chercher le doudou de Wade avec moi, elle est bien pressée d’aller chez moi, ahah. « Écoute, je peux t’enseigner l’art du stalking », je plaisante dans un grand sourire. « Humm, je vois, question d’égalité. C’est quand même un bon argument, Rie, je te l’accorde. » J’imagine la tête de mes grands-parents si j’invite Rita à la maison, comme je n’ai jamais réellement invité de fille jusqu’à maintenant. J’avais davantage des amis gars à l’école, en fait, avec le hockey, et quand j’avais une petite amie, c’était au pensionnat ou à l’uni, donc loin d’ici. En tout cas, je suis sûre qu’ils se feraient plaisir d’imaginer qu’il se passe quelque chose avec Rie, ce que je trouve plutôt drôle.

« Ah oui, garde partagée de mon propre chien », je dis dans un soupir en secouant la tête. Pourtant, je suis sûr que Wade serait bien heureux, lui. Ce traître. « Hum-hum », je fais, l’air suspicieux, quand elle fait mine que ce ne serait pas son genre de se servir de mon chien contre moi. En tout cas, malgré le fait qu’elle ait un copain, j’aimerais bien la revoir. On s’entend bien, pourquoi ne pas développer une amitié? Je n’ai pas tant d’amis à Hilton comme j’ai passé tout le lycée au pensionnat, puis l’université à San Diego. Elle sourit quand je la qualifie de jolie sirène. « Me déguiser en animal? » je répète en éclatant de rire. J’aurai tout entendu. Wade s’enthousiasme quand elle l’interpelle pour lui demander son approbation. « Je serais vraiment mignon en Polochon, j’pense, non? » Je ris. « Écoute, si t’insistes », je dis dans un petit sourire en coin quand elle me propose de s’échanger nos instas. « Baker. Toi? » Je sors mon téléphone pour lui ouvrir mon insta pour qu’elle entre le sien, et je vois au passage un message de ma grand-mère qui me dit qu’elle a vraiment besoin de mon aide pour un truc. Je tends mon tél à Rita. « Tiens, tu peux te trouver là-dessus, ça sera plus simple? Et je te jure que ce n’est pas que je le veux, mais on va devoir rentrer, désolés », je dis dans une petite moue. « Ma grand-mère a besoin de mon aide comme mon grand-père est parti pour la journée. »

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@Rita Pearson