Rita semble comprendre que je pointe un peu beaucoup sa curiosité quand je lui dis que je pourrai lui prêter ma biographie.
« Juste un peu », je dis, amusé, en pinçant l’index et le pouce à quelques millimètres l’un de l’autre. Pas que ça me dérange, on s’entend. J’éclate de rire quand elle va même jusqu’à inventer un titre pour ma biographie. En plus d’être curieuse, cette fille a définitivement de l’imagination aussi.
« C’est exactement ça. Mais shhhh, c’est un secret jusqu’à sa publication, d’accord? » je dis en posant un index devant mes lèvres. En vrai, ça sonne quand même bien, non? Bien que ça ne soit pas très flatteur d’être un
stalker, sans doute.
J’en révèle quand même un peu plus sur moi, lui partageant mes plans pour ma carrière de hockey. J’oscille des sourcils à répétition quand elle dit qu’elle est en présence d’une réelle star. En chair et en os, ahaha! Du moins, un jour peut-être. Je ne pourrais pas dire que la célébrité ne me tente pas, mais atteindre la Ligue Nationale de Hockey est un objectif que je veux atteindre parce que c’est le plus haut des “échelons” qu’un joueur de hockey peut avoir, en quelque sorte, et non parce que je serais riche et célèbre. C’est ce que mon père visait, et donc moi aussi.
« Tu le veux où? Sur ton bras? » je plaisante, attrapant mon
Apple Pencil pour faire mine de signer dans les airs.
« Depuis pratiquement toujours, je pense que je suis monté sur la glace vers mes trois ans, un truc comme ça. » Mon frère n’ayant pas trop voulu essayer le sport préféré de notre père, je pense que celui-ci s’est tourné vers moi. Et pour ma part, j’ai accroché.
Quand je lui dis que je suis en train de la tester en tant que
stalker, elle fronce les sourcils et plisse les yeux comme pour déceler si je dis la vérité ou pas. Quand elle me parle de son domaine d’études à elle, je lui dis en gros qu’elle pourrait aspirer à devenir le roi Triton. Ou, du moins, à devenir sa compétitrice; elle me dit que c’est sa mission
#1 de prendre sa place.
« Bien sûr », je dis dans un petit hochement de tête que je veux sérieux, bien que mes yeux pétillent de malice.
« Une couronne de coquillages t’irait vraiment bien! » Idée pour ma super-héroïne dans ma bande-dessinée…? Bon, ça y est, elle a remarqué que je connais La Petite Sirène.
« Ma grande soeur m’a forcé à le regarder. Elle m’a même tenu les paupières comme ça là — » Je lui montre en tenant mes paupières vers le haut comme si je tentais de rester éveiller.
« L’an passé », je pouffe. Okay, y’a beaucoup de faux là-dedans. Elle m’a forcé à le regarder une soirée où elle me gardait, quand j’était beaucoup, beaucoup plus jeune. Je muse que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire son journal intime, et Rita réplique en parlant de cahier de note de
stalker.
« Je ne peux confirmer ou dénier l’existence d’un tel carnet. Mais je dénie totalement le mur de photos! Tu me prends pour qui? » je fais, une main sur le coeur. En vrai, on voit ça parfois pendant les films, c’est plus
creepy qu’autre chose. Et mille fois plus
creepy que de dessiner un personnage inspiré d’elle, s’entend.
Elle me confie alors qu’elle part bientôt pour une compétition de voilier. Je l’écoute, impressionné qu’elle ait autant de
guts de partir à l’aventure comme ça. Ce n’est clairement pas tout le monde qui le ferait, mais ça se voit dans ses yeux qu’elle y tient, que cette aventure l’emballe. Mon visage se décompose
légèrement quand elle mentionne qu’elle a un copain, mais je me rattrape bien je pense. Bon, je devrais peut-être avoir l’air de moins
flirter avec elle si elle est en couple. Déception, vraiment.
« C’est vraiment très cool comme plans, en tout cas. Tu vas pouvoir te pratiquer à régner sur les mers! » je plaisante. Je ris doucement quand elle parle de me faire une petite place sur le voilier. Moui, bon, peut-être pas avec son copain à côté.
« Je m’imagine sur le pont — ou peu importe comment ça s’appelle, je sais pas trop — du bateau avec mon cahier, les cheveux dans le vent — » Je secoue mes cheveux bouclés qui deviennent plutôt longs depuis quelques temps pour lui montrer mon point. Je soupire rêveusement.
« Une autre fois, peut-être, j’ai mon camp d’entraînement bientôt », je termine dans un haussement d’épaules.
Je lève un sourcil quand Rie prend en compte que j’habite chez mes grands-parents.
« Woah, il est un peu tôt pour les rencontrer, là, dans notre relation », je plaisante en levant une main pour ponctuer mes paroles.
Arrête de flirter, Finn, ÇA SUFFIT. « Mais oui, pour l’instant. C’est plus simple. Et on ne dira pas non aux petits plats de Mamie, hein », je dis en penchant la tête, petit sourire amusé sur les lèvres.
Elle soutient que je suis plus Pinocchio et ose même me dire qu’elle a peur que je ne vois plus Wade avec un aussi long nez.
« Je le verrai toujours ici », je dis en hochant la tête, tapotant mon torse cette fois-ci, là où mon coeur se trouve. Okay… je suis pas en train de dénier que je peux mentir, oupsie. Je lui offre un regard du genre
bon, tu vois, quand elle se demande comment elle a pu passer à côté de ce fait scientifique.
Rita remarque malheureusement que j’ai esquivé la moitié de sa question.
« Non, j’avais pas remarqué », je dis innocemment. Je ris quand elle me demande si je dessine des choses compromettantes. Elle est loin de s’imaginer que je dessine un personnage inspiré d’elle, mais je ne suis pas sur le point de le lui révéler non plus.
« Ton imagination va bien loin, madame-la-reine-future-triton », je réponds tout simplement. Je lui demande plutôt si elle ne voudrait pas venir chercher le doudou de Wade avec moi, elle est bien pressée d’aller chez moi, ahah.
« Écoute, je peux t’enseigner l’art du stalking », je plaisante dans un grand sourire.
« Humm, je vois, question d’égalité. C’est quand même un bon argument, Rie, je te l’accorde. » J’imagine la tête de mes grands-parents si j’invite Rita à la maison, comme je n’ai jamais réellement invité de fille jusqu’à maintenant. J’avais davantage des amis gars à l’école, en fait, avec le hockey, et quand j’avais une petite amie, c’était au pensionnat ou à l’uni, donc loin d’ici. En tout cas, je suis sûre qu’ils se feraient plaisir d’imaginer qu’il se passe quelque chose avec Rie, ce que je trouve plutôt drôle.
« Ah oui, garde partagée de mon propre chien », je dis dans un soupir en secouant la tête. Pourtant, je suis sûr que Wade serait bien heureux, lui. Ce traître.
« Hum-hum », je fais, l’air suspicieux, quand elle fait mine que ce ne serait pas son genre de se servir de mon chien contre moi. En tout cas, malgré le fait qu’elle ait un copain, j’aimerais bien la revoir. On s’entend bien, pourquoi ne pas développer une amitié? Je n’ai pas tant d’amis à Hilton comme j’ai passé tout le lycée au pensionnat, puis l’université à San Diego. Elle sourit quand je la qualifie de jolie sirène.
« Me déguiser en animal? » je répète en éclatant de rire. J’aurai tout entendu. Wade s’enthousiasme quand elle l’interpelle pour lui demander son approbation.
« Je serais vraiment mignon en Polochon, j’pense, non? » Je ris.
« Écoute, si t’insistes », je dis dans un petit sourire en coin quand elle me propose de s’échanger nos instas.
« Baker. Toi? » Je sors mon téléphone pour lui ouvrir mon insta pour qu’elle entre le sien, et je vois au passage un message de ma grand-mère qui me dit qu’elle a vraiment besoin de mon aide pour un truc. Je tends mon tél à Rita.
« Tiens, tu peux te trouver là-dessus, ça sera plus simple? Et je te jure que ce n’est pas que je le veux, mais on va devoir rentrer, désolés », je dis dans une petite moue.
« Ma grand-mère a besoin de mon aide comme mon grand-père est parti pour la journée. »