(Andrew+Emily) Please Don't Ever Become A Stranger

Please Don't Ever Become A Stranger

C’est un vrai plaisir de faire jouer du Taylor Swift pour régaler les oreilles de Chris alors qu’on roule vers Hilton. Il l’a cherché, bien entendu, comme il a voulu me convaincre que New York était meilleur que Los Angeles en utilisant une de mes artistes préférées qu’il avait supposément vue (ou eu connaissance de) dans un nightclub. Oui oui, bien sûr. Je peux bien croire qu’il traîne dans des nightclubs assez exclusifs et tout, mais de là à rencontrer la femme que certains appellent l’industrie de la musique? Oui, oui. (Sarcasme.) Alors bon, maintenant je le fais “payer” en lui imposant mes super playlists. De toute manière, je pense pas que ça lui dérange réellement comme sa petite amie est au moins aussi fan que moi (je l’admets). (Et j’admets aussi que je suis d’accord, New York est vraiment cool sur plusieurs aspects, mais il fallait bien que je défende la ville dans laquelle j’habite et que je le contredise rien que pour avoir raison.) À mi-chemin à peu près, du coin de l’oeil, je le vois sourire en regardant son téléphone. Me doutant qu’il est en train de texter Gab, je décide, d’une main et l’autre sur le volant, d’aller chercher la chanson Love Story sur mon Spotify, chantant (gueulant) la chanson pour bien lui faire comprendre le sens. C’est tout comme si je lui criais Chris est amoureuuuux, Chris est amoureuuuux rien que pour l’embêter. En vrai, je suis bien contente qu’ils se réconcilient après ce qu’il s’est passé dans les derniers jours, parce qu’ils sont vraiment adorables. Est-ce que je suis jalouse? Un peu. Naaaaan, pas du tout. J’en ai déjà assez sur mes épaules avec l’école et les cours de ballet que je donne, et ma vie sociale est déjà bien assez remplie. Pas le temps pour un petit ami; de toute manière, c’est encore mieux avoir un gars sur qui compter quand on a, disons… certains besoins, et ce, sans attaches.

Après l’avoir déposé, je file traîner chez mon père afin de me reposer, lire quelques articles sur mon sujet d’études et me préparer un petit snack avant d’aller donner mon cours de ballet. Je me demande si mon père a revu la brune que j’ai vue de dos l’autre jour alors qu’elle partait… pourquoi ça me fait tout drôle, sérieux? Il a le droit de voir d’autres femmes que ma mère, ils sont séparés depuis trois ans maintenant. Mais est-ce qu’elle le sait? J’ai l’impression que ça lui ferait de la peine qu’il aille voir ailleurs. Arrrf, je sais pas. Tant qu’il veut pas me la présenter genre, demain (ou jamais), moi ça me va parfaitement. Je claque la porte du frigo et m’en rends compte seulement en entendant les bouteilles à l’intérieur vasciller l’une sur l’autre.

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Je circule de long en large dans la salle de répétition, donnant mes instructions le plus clairement possible et observant chacun des mouvements des tout-petits d’environ quatre ans pour qui je donne un cours aujourd’hui. Cinq filles et deux garçons. Madeline est une petite qui se prend très au sérieux, elle sait garder férocement sa concentration par rapport aux autres et tous ses gestes sont si bien dramatisés pour imiter probablement les ballerines de niveau professionnel que je dois me retenir pour ne pas éclater de rire. Si elle offre la même dévouement à son art dans les prochaines années, je pense qu’elle pourrait sincèrement devenir très bonne. « Justine, les bras un peu plus haut », je dis doucement en m’approchant pour lui montrer ce que je veux dire. Elle s’exécute, je la félicite et on passe bientôt à un autre exercice.

Le cours terminé, je ramasse mes affaires et file directement chez mon parrain préféré. Il faut dire que je suis bien heureuse qu’il soit rendu vers Hilton lui aussi, c’est beaucoup plus simple de passer du temps avec lui ainsi. J’arrête ma voiture devant sa maison alors que le soleil est en train de se coucher. Arrivée à hauteur de la porte, je l’ouvre sans cogner comme à mon habitude, et je suis immédiatement rejointe par le chat d’Andrew, qui vient réclamer des caresses. « Salut toi », je dis affectueusement en le prenant dans mes bras. Je l’amène jusqu’à mon visage pour coller ma joue sur son pelage et en prendre une bonne bouffée. Il miaule comme pour me raconter sa journée et, après avoir enlevé mes chaussures, je me dirige à la cuisine, où je suis sûre que Drew est. Une bonne odeur flotte dans l’air, comme si… « Hey! Tu as commencé sans moi? » j’accuse (affectueusement) en déposant le chat pour m’approcher du comptoir. Bon, il n’y a pas de repas de prêt ou quoi, mais quelque chose est déjà en train de cuire on dirait. « Ça sent délicieusement bon en tout cas. » Ça, je ne peux le nier. Je salive déjà. « Bon! Par quoi, on commence, m’sieur le chef? » Je lui offre un sourire en me lavant les mains, enthousiaste à l’idée de commencer. « Tout se passe bien de ton côté? » je m’enquiers ensuite.

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@Andrew MacKenzie  

Please Don't Ever Become A Stranger

Je suis loin de détester cuisiner; autant je pourrais facilement me commander des repas chaque jour via UberEats, je préfère manger des petits plats préparés maison, ils me donnent davantage d’énergie pour tout ce que je veux accomplir dans une journée. Ce n’est pas rare que ma mère m’en prépare, d’ailleurs, et m’en laisse dans mon congélateur. Par contre, de grandes séances de cuisine, je réserve ça avec mon parrain. C’est lui l’expert et je sais que je peux apprendre une tonne de choses en sa compagnie. Toutefois, quand j’arrive chez lui, accueillie par son amour de chat Archer, je me rends bien vite compte que ça sent beaucoup trop bon dans la cuisine, et lui reproche gentiment d’avoir commencé sans moi. Comment suis-je censée apprendre s’il ne m’attend pas? « D’accord alors, c’est une une excuse valable », je consens, petit sourire amusé sur les lèvres, quand il m’explique pourquoi il a dû commencé avant mon arrivée. Je lui demande ensuite ce qu’il veut que je fasse; comme je ne sais pas encore ce qu’il a en tête, je préfère ne pas m’imposer. Mais rythme cardiaque s’accélère quelque peu quand il me dit que je peux y mettre ce que je veux dedans, qu’il est sûr que je vais le surprendre. « Va pour une salade! Par contre, hum… t’es sûr que tu veux pas quelque chose de spécifique? » L’improvisation et moi, ce n’est vraiment pas le meilleur des matchs. Tout doit être planifié, calculé. Et si je faisais un mélange qui était loin d’être bon? Ou même, qui était médiocre? Ça serait gâcher de si bons ingrédients, et tout ça parce que je n’ai pas assez l’âme d’une chef cuisinière pour improviser. Andrew, lui, c’est une autre histoire; il pourrait cuisiner les yeux fermés que ça serait délicieux, je n’en doute pas une seconde. Je sais, je sais, ce n’est qu’une salade, c’est dur à manquer, mais… je ne voudrais pas être responsable d’un empoisonnement alimentaire. Ou décevoir Andrew. Rapidement, je cherche une recette sur mon téléphone, une recette d’inspiration française, apparemment, comme mon parrain m’a annoncé le thème de ce soir. « J’en ai trouvé une avec des pommes, du camemberts et des noix. Ça semble bien, non? » je suggère, ouvrant le frigo, puis le garde-manger pour vérifier qu’il y ait tous les ingrédients. Le truc, avec Andrew, en bon cuisinier qu’il est, c’est qu’il y a à peu près tous les ingrédients qu’on pourrait imaginer.

Commençant par rincer et essorer les différentes feuilles pour la base de la salade, je lui demande si tout se passe bien de son côté. « La passion est souvent le moteur de bien des succès », je dis dans un petit sourire. Si ça n’avait pas été de la passion, je ne pense pas que j’aurais poursuivi d’aussi grandes études en psychologie, et il lui a fallu bien de la passion en plus des efforts pour ouvrir ses restaurants, les retaper, aussi. « Tu comptes en ouvrir d’autres, des restaurants? » Parti comme il est là, ça ne m’étonnerait même pas, il semble dans une bonne lancée. Il me retourne alors la question et je lève un sourcil en l’entendant me demander si j’ai un petit copain. « Des choses à te raconter… rien de très nouveau », j’admets en répartissant le feuillage dans un grand bol, avant de commencer à couper les noix en tout petits morceaux. « J’ai été nominée pour une des plus grandes bourses d’entrée aux études supérieures », je dis dans un grand sourire, impossible de cacher ma fierté. Bon, hein, ça peut toujours pas nuire d’avoir un surplus d’argent, mais au final c’est la mention sur mon CV qui m’importe le plus. « Un p’tit copain… nan. Pas le temps pour ça », j’admets dans un petit regard malicieux. « Ça m’empêche pas pour autant d’avoir de la compagnie… » Avec Andrew, ça a toujours été comme ça; je me confie à lui avant même de penser si c’est une bonne idée ou pas. D’habitude, je prends soigneusement le temps de choisir chacun de mes mots, mais il faut dire que c’est facile de lui parler même de ce genre de trucs. J’ai pas l’impression qu’il va changer sa perception de moi. « J’pensais être discrète, mais mon père a remarqué les chaussures du gars qui me rend visite ici et là », j’ajoute dans un soupir, levant les yeux au ciel. Pas que je cherchais à le cacher à mon père, non plus, mais pas spécialement à avoir une conversation, même minime, à ce sujet, avec lui. « D’ailleurs, lui… » Je pousse les morceaux de noix dans la salade avec le dos du couteau en laissant trainer un peu de suspens. « Tu savais qu’il voit quelqu’un? » Je pince les lèvres. Est-ce que j’en dis trop? Mais ça me pèse, il faut que j’en parle à quelqu’un, et ce ne sera certainement pas à ma mère pour ce sujet… délicat. « M’enfin, c’était peut-être un coup d’un soir, j’sais pas… mais je l’ai surpris en train de dire au revoir à une brune. J’ai pas vu son visage. » Je plisse le nez. Ça m’énerve, de pas en savoir plus, même si d’un sens, je ne veux pas du tout en savoir plus. « Trop bizarre », j’admets finalement en secouant la tête. Mon ton de voix trahit peut-être le fait que je l’ai encore sur le coeur, la séparation de mes parents. Je pense pas que je serai un jour capable d’accepter qu’il voit quelqu’un d’autre que ma mère.

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@Andrew MacKenzie  

Please Don't Ever Become A Stranger

Bon ça va, il reste quand même pas mal de choses à préparer pour ce soir. Comme je reviens de donner mon cours de danse, j’arrive un peu plus tard que ce que je serais arrivée en temps normal pour cuisiner avec lui. Il me rassure qu’il reste pas mal de choses à faire et je hausse un sourcil quand il me dit qu’il me réserve le plus difficile à faire. « J’adore les défis », je dis, malicieuse. Difficile, pas de problème — tant qu’il me guide étape par étape. Quant à la salade… il n’y a pas assez de paramètres à mon goût. Pour moi-même, je pourrais facilement improviser avec des aliments que j’aime; mais pour cuisiner pour quelqu’un d’autre, je n’ai pas envie de faire des mélanges qui ne fonctionneraient pas. Andrew tente de me convaincre que je ne peux pas la louper, cette salade, mais j’en doute. Quand je lui annonce que j’ai trouvé une recette, il me donne même des suggestions, que je note dans un coin de ma tête, ne sait-on jamais si ça pourrait me servir dans le futur aussi. « Je vais quand même suivre la recette, comme ça il y a plus de chances que ça soit réussi. Parfait pour les pignons de pin! »

Les ingrédients rassemblés, je peux davantage me concentrer sur une conversation, et demande à mon parrain s’il compte ouvrir d’autres restaurants de sitôt. C’est un super accomplissement je trouve, ce n’est pas rien d’avoir ses propres restaurants comme ça et il le fait si bien. Je reconnais que ça doit être beaucoup de travail, mais ça ne semble pas lui faire peur du tout. Je hoche la tête, amusée, quand il dit que sa mère aurait du mal à ce qu’il s’en aille encore loin et que je sais comment elle est. « Los Angeles ça peut être pas mal, je pense que je serais tout le temps en train d’aller manger à ton resto », je suppose dans un petit rire, fermant l’eau de l’évier pour essorer le feuillage. « Je pense qu’il y a un local de libre pas si loin de chez moi en plus si ça t’intéresse… Et j’imagine que ça doit être dur pour une mère de pas avoir ses enfants près d’elle », j’ajoute, pensive. Je pense que la mienne est bien heureuse de nous avoir dans le coin, Crystal et moi. « En même temps, faut pas que tu t’empêche de vivre non plus hein, mais je suis sûre que dois pas t’ennuyer dans le coin? » On est en Californie hein, pas au fin fond du Montana. « Ta mère est adorable. Elle a toujours plein d’histoires sur toi à me raconter », je dis, les yeux pétillants. Les coups que mon parrain a faits plus jeune… Il ajoute qu’on verra bien ce que ça donne pour le resto, et je me contente de hocher la tête. Un restaurant à la fois, quand même. Le MKZ’s Diner semble bien fonctionner, mais il est encore tout récent.

Quand il me retourne la question, je lui parle de ma bourse et souris fièrement quand il me félicite. « Merci », je dis, la tête haute. « Le champagne s’agencera très bien avec ma salade, j’en suis sûre », j’ajoute en riant. Aucune idée en réalité, mais je ne dirai pas non pour une coupe. Ou plusieurs. « Mon père a dit qu’il allait m’acheter une Mercedes pour me féliciter », je dis, essayant de garder mon sérieux. Ce que j’arrive à faire pendant au moins cinq secondes. « Bon, malheureusement pas, mais oui, je pense qu’il est fier. Tu peux peut-être le convaincre pour la voiture? » je dis, à demi sérieuse. Je dois avouer que j’ai de la chance d’avoir des parents qui m’encouragent autant à faire de longues études comme c’est ce que je veux. Certains auraient plus tendance à passer un commentaire comme à quand le marché du travail? un vrai salaire?

Quant à ma vie amoureuse non existante pour le moment, je lui révèle tout de même que j’ai un ami++ à défaut d’un petit ami. Ce qu’il approuve, et que ça me confirme que c’est exactement pour ça que je lui ai révélé ce petit détail. Disons que j’aurais un peu plus de réserve avec certaines personnes. En tout cas, c’est de l’implication être en couple, et je n’ai pas particulièrement le temps pour ça présentement. Ma relation actuelle me convient, et je sais qu’Andrew le comprend. Quant à la relation qu’entretient mon père avec cette brunette… c’est une autre histoire. Ça paraît peut-être un peu trop dans mon ton et dans mon expression. Andrew me dit que ça fait un moment qu’il a pas vu mon père et qu’il n’est donc pas au courant, me demandant finalement si je veux qu’il enquête. Offre alléchante, mais je sais pas trop. Mais si même lui n’est pas au courant, est-ce que ça veut dire que leur relation est récente? Ou pas sérieuse du tout? « Non non, non merci. » Je fronce les sourcils, pensive. J’ai pas particulièrement envie d’en savoir plus; j’ai tout simplement envie que ça ne soit rien de sérieux, que ça ait été passager. Mon parrain semble détecter qu’il y a quelque chose de plus de ma révélation. « Hum… je veux qu’il soit heureux, t’sais. Mais… n’était-il pas heureux, avec ma mère, justement? » Avant qu’il aille voir ailleurs… J’ai jamais compris ce passage, non plus. Ils avaient l’air bien ensemble, de vrais complices. Et du jour au lendemain, il a pris cette décision qui a complètement mené leur couple dans une autre direction. Mais c’est réparable, non?

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@Andrew MacKenzie