Je crois que c’est la première fois que je suis autant content de quitter New York pour revenir à Hilton. Il y a tellement de choses qui se sont passés dans les derniers jours et je n’ai pas encore eu le temps de tout digéré. Si j’ai vraiment eu peur que ma petite amie Gabriela soit enceinte ce n’est rien comparativement à la dispute que j’ai eu ma sœur Victoria. Je n’aurais jamais dû la confronter sur le fait qu’on s’était éloigné ces derniers temps parce qu’au final je crois que j’aurais préféré ne rien savoir et resté dans le néant. C’est une chose qu’elle n’apprécie pas forcément ma relation avec Gab, ça en est une tout autre qu’elle la traite de Latina bon marché. Toutefois, je crois que le pire c’est d’avoir eu l’information que ma meilleure amie était en amour avec moi selon ma sœur. Gab a beau me dire qu’elle comprend Aurora de pouvoir m’aimer, mais j’ai bien vu le malaise que ça pouvait lui causer, après tout je vis quand même avec elle au quotidien. Quand nous sommes revenus à Hilton, je n’ai même pas proposé à Gabriela qu’on aille à mon appart à cause de ça. Nous avons automatiquement été au sien, pas que ça me déplaise, mais je me demande vraiment si je devrais déménager. Je n’ai pas envie de créer un malaise entre moi et Aurora à cause de cette histoire et encore moins de mettre en péril ma relation avec Gabriela. J’ai tellement la tête pleine que je suis presque soulagée quand ma petite amie me dit qu’elle a un contrat de maquillage aujourd’hui. Je n’hésite pas très longtemps après avoir pris mon petit-déjeuner, je pars avec Winnie le golden retriever de Gab et je file tout droit en direction du parc. J’ai besoin de me vider la tête, j’ai besoin de canaliser mes émotions dans le sport qui est presque une drogue pour l’athlète que je suis. Je reprends ma respiration après avoir couru quelques kilomètres. Normalement, je pars une application sur mon téléphone, mais j’avais tellement hâte de me mettre à courir que je n’y ai même pas penser en sortant de chez Gab. Je regarde Winnie et j’espère seulement que je n’ai pas trop poussé son entrainement. Il est clairement plus en forme qu’à notre première marche depuis que je sors avec Gab, mais ça reste qu’il ne s’entraine pas non plus à mon niveau. Toutefois, le golden retriever semble heureux comme toujours. Je lui donne de l’eau à l’aide de ma bouteille et il ne se fait pas prier pour en boire. Je suis en train de passer une main dans mes cheveux quand Winnie se met à tirer comme un fou si bien que j’échappe presque la laisse. Je roule des yeux en me disant qu'il fait beaucoup trop la guerre aux écureuils dans la vie. Toutefois, quand je relève la tête je remarque que c’est loin d’être un écureuil et c’est plutôt Crow la chienne de Nolan qui est pratiquement la petite amie de Winnie tellement il semble l’aimé. Je souris à son propriétaire et je m’avance vers eux. Les deux s’emballent dès qu’ils collent leur museau pour se renifler, mais je les laisse s’amuser.

-Hey salut ! Joyeuses fêtes en passant, dis-je avec un sourire.

Autant que j’étais content de venir seul courir autant que je suis content de voir mon ami. Il faut dire que les derniers kilomètres de courses m’ont vraiment aidé à décompresser, le sport est vraiment le meilleur remède qui soit.

-Ça fait longtemps que vous êtes arrivés ?

Je lui demande pour avoir une idée de s’ils sont sur le point de revenir à la maison. De mon côté, j’essuie mon front avec un bout de mon t-shirt, il n’y a aucun doute possible que ça fait déjà un bon bout que je suis au parc.

J’ai un sourire alors que Nolan me dit que Crow méritait une bonne balade. J’ai bien l’impression que Winnie aussi a dû s’ennuyer durant les quelques jours que nous sommes allés à New York avec Gabriela durant le temps des fêtes. J’ai beau avoir un horaire hyper chargé entre l’université et le hockey, j’ai quand même de la facilité à le sortir malgré tout et surtout ça me change les idées quand je le promène. J’aime beaucoup mes boys de l’équipe, mais parfois je préfère passer du temps seul aussi. Winnie est le partenaire de sport idéal, il est toujours de bonne humeur et il me fait toujours rire.

-Joyeuses fêtes à toi aussi Crow, dis-je en me penchant vers la chienne de Nolan.

Je caresse ses oreilles avec un sourire, mais Winnie vient chercher mon bras en mode « c’est à moi que revient tous les bisous » et je me retrouve rapidement à protéger mon oreille des lichettes de Winnie à l’aide de mon bras. Alors que je me redresse, je fige un instant alors que Nolan me demande si je vais bien comme j’ai l’air d’avoir couru un marathon. Est-ce que ça paraissait tant que ça que je suis chamboulé de l’intérieur depuis le party de noël de la compagnie de mon père ? Parfois, j’aimerais tellement pouvoir mettre un filtre sur mon visage en permanence. Il est beaucoup trop facile pour les gens de voir mes émotions et ça me trahit bien souvent. Je n’ai pas forcément envie de m’ouvrir sur la situation à quiconque, mais il est vrai que si j’avais à le faire Nolan serait sans doute la personne la plus neutre dans l’histoire comme il ne connait pratiquement rien à mon histoire familiale en général.

-Ouais ça va, j’avais simplement besoin de courir des tonnes de kilomètres après mon premier noël dans une famille Latina. Je crois que je dois avoir pris dix kilos seulement à cause de ma belle-mère, elle n’arrêtait pas de remplir mon assiette.

Je rigole en affichant un sourire, mais sans doute beaucoup plus faux sur mes lèvres que ce que Nolan a l’habitude de voir. Il est vrai que j’ai beaucoup trop mangé, comme toujours, chez la mère de Gabriela, mais pas au point de culpabilisé à devoir m’entrainer quand même. Je suis surpris quand il me parle directement de ma copine. Il est vrai que je l’ai déjà croisé avec elle, mais la plupart du temps je suis seul. Est-ce qu’il a remarqué qu’il y avait eu un énorme nuage gris sur notre petite idylle amoureuse ces derniers jours ?

-Non elle travaille aujourd’hui, mais même si elle avait été disponible je crois que je serais venu seul. Disons que ce n’est pas le même genre d’entrainement quand je suis avec elle, elle n’est pas la plus grande fan de sport.

Et c’est vrai, je ne lui ai jamais proposé d’aller courir avec moi parce que je sais très bien qu’elle le ferait plus à contre cœur. Ils nous arrivent parfois d’aller à la salle de gym dans mon immeuble tous les deux, mais disons que par moment elle est plus concentrée à regarder des vidéos sur TikTok que d’augmenter l’intensité de son entrainement. Parfois, j’ai même l’impression qu’elle vient seulement pour me regarder m’entrainer. Toutefois, c’est loin de me déranger pour autant. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’être accompagné par quelqu’un pour faire du sport et contrairement à d’autres gars que je connais je n’ai pas ce besoin viscéral d’avoir une fille sportive à mes côtés. En fait, je me demande même si ça ne me taperait pas sur les nerfs à un certain moment. J’ai beau adoré être avec elle, mais si on faisait toujours les mêmes activités peut-être que ça serait trop à un moment.

-Et sinon il y a quelque chose de nouveau de ton côté depuis la dernière fois qu’on s’est vu ?

Quand Nolan me parle que j’aurais probablement le ventre bien trop plein chez sa mère, mon estomac est sur le point de gronder. Il faut dire que je n’ai pas forcément pris un repas ce matin assez consistant pour l’effort physique que je viens de faire. Avec le temps des fêtes, les entrainements d’hockey moins fréquent, on dirait que j’ai tendance de faire beaucoup moins attention à mon alimentation. Je n’ai aucun doute que je serais satisfait d’une simple bouchée chez la mère de Nolan, les mères ont tellement un talent inné pour cuisiner de base. Je regrette amplement de ne pas avoir emporter une barre protéinée avec moi. Il faut dire que je suis tellement parti vite en même temps de chez Gabriela ce matin. En fait, je me demande même s’il m’en reste chez elle et l’idée d’aller à mon appartement pour aller en récupéré est loin de me plaire. Je sais très bien que je ne pourrai pas éviter ma coloc Aurora toute ma vie. Je me doute qu’elle va bientôt m’écrire pour qu’on se voit, mais je ne sais pas encore si je suis prêt de la revoir. Toutefois, c’est sans aucun doute égoïste de ma part. Après tout, techniquement elle ne m’a rien fait. Elle n’a pas décidé de tomber amoureuse de moi j’imagine. Est-ce que c’est moi qui en fait tout un plat de ne pas savoir comment vivre dans cette nouvelle réalité ? Je n’en ai aucune idée, mais simplement d’y repenser là me fait revivre ce stress qui m’habite depuis quelques jours déjà. Pour être honnête si Nolan n’était pas là, je recommencerais probablement à courir simplement pour noyer mes pensées. Mes pensées s’envolent néanmoins rapidement en fumé quand Nolan m’annonce qu’il a rompu avec Cam. Damn. J’ai l’impression que mes soucis sont bien moindres comparativement à lui. Je serais dévasté si ça serait terminé avec Gabriela inévitablement depuis le premier jour que je l’ai rencontré que j’ai l’impression qu’il y a de quoi de spécial entre nous et j’ai bien l’espoir que ce soit la femme de ma vie. Sa seconde phrase est quand même bizarre. Qu’est-ce que ça veut dire pas les mêmes relations avec les autres ? La douleur est visible sur son visage et ça me fait de la peine pour lui. Il faut croire que ce n’était pas forcément sa propre décision j’imagine.

-Je suis vraiment désolé pour toi, surtout dans le temps des fêtes comme ça, ce n’est sans doute pas évident.

J’imagine qu’il devait avoir des plans en famille et avec elle assurément. En même temps ça ne veut pas dire que ça fait deux jours que ça s’est terminé non plus. J’essaie de me rappeler c’est quand la dernière fois que j’ai vu Nolan, je crois que ça fait quand même quelques semaines, avec ma fin de session j’ai passé moins de temps à faire de sport que d’autres semaines disons. Il me demande finalement si j’ai des aventures trépidantes à lui raconter. Je ne vais certainement pas lui balancer mes problèmes qui me paraissent bien moins gros à côté de son dernier aveu, mais j’essaie de trouver quand même quelque chose parce que je me dis qu’il veut probablement se changer les idées.

-Non pas terriblement, on a été à New York pour le party de noël de l’entreprise de mon père. On a stressé la moitié de la soirée parce qu’on a eu des soupçons que Gabriela était peut-être enceinte, mais finalement c’était une fausse alerte. Thanks god.

J’ai vraiment eu la peur de ma vie cette soirée-là. Je sais très bien qu’on s’en serait sans doute bien sorti même avec un enfant, mais je suis tellement pas rendu à cette étape-là de ma vie.

-Dit, t’aurais envie qu’on aille se prendre une bière avec une montagne d’aile de poulets ?

Mon intuition me dit que Nolan a besoin autant que moi de se changer les idées et mon estomac est en train de se morfondre de l’autre côté, je me dis que c’est un combo parfait.

J’hoche légèrement la tête quand il me dit qu’il fallait s’y attendre comme tout est trop allé trop vite. Sans même le savoir, Nolan me cause une petite angoisse. Est-ce que moi aussi s’est allé trop vite avec Gabriela ? Est-ce que je vais descendre de mon petit nuage un jour et me rendre compte que je portais des lunettes beaucoup trop roses sur cette relation ? Peut-être. Qui sait ? Cette simple pensée me pince quand même le cœur parce que j’ai l’impression que c’est impossible pour moi d’aimer autant une femme que ma petite Latina. Toutefois, avec l’opinion de ma sœur au sujet de Gabriela, c’est sans doute la première fois que je peux commencer à légèrement douter que peut-être en effet les choses ont été trop vite entre nous aussi.

-Oui j’imagine… Il faut croire qu’il y a une meilleure fille pour toi qui s’en vient.

Des paroles très générique qu’on ne veut pas forcément entendre quand on est réellement en peine d’amour, mais je ne vois pas ce que je peux rajouter d’autres. Je suis le premier à aller beaucoup trop vite en affaires et à m’emballer pour un rien. Je le comprends de s’être donné à fond dans cette relation et d’avoir eu probablement une douche froide dernièrement. Je me demande d’ailleurs s’il va étoffer réellement sur ce qui s’est passé réellement. Une partie de moi est quand même très curieuse d’en apprendre davantage. Je crois qu’à force de sortir avec Gab je suis même devenu plus curieux qu’avant, elle se pose parfois des questions dont je n’aurais jamais même imaginé pouvoir penser et ça me donnait réellement un nouveau regard sur la vie. Je rigole légèrement alors qu’on parle de la peur que j’ai eu fasse à une possible grossesse de Gab.

-Oui très rassurant disons. T’inquiètes j’ai très bien compris, on l’aurait gardé c’est certain si c’était arrivé. Mais god que je ne me sens pas prêt à être parent, pas là. On dirait que j’ai tellement de trucs à vivre encore pour m’enchainer à un enfant pour la vie.

Honnêtement, je ne suis même pas capable de me projeter dans une telle situation. Je veux dire on n’a même pas encore vécu officiellement ensemble avec Gabriela. Je crois que c’est une étape cruciale avant d’avoir un enfant. Non ? Bref, je préfère de loin attendre quelques années avant de prendre une telle décision je crois que c’est sans doute mieux comme ça. Je propose finalement à Nolan d’aller prendre une bière tous les deux et un sourire s’affiche sur mon visage dès qu’il me dit oui. J’ai vraiment l’impression que c’est de ça qu’on a besoin tous les deux au fond et il me confirme après qu’il a vraiment besoin d’une bonne bière.

-J’ai l’impression qu’il va y avoir bien plus d’une bière, dis-je en riant. On va au Pub on Pearl ? Il y a une terrasse et ça ne leur dérange pas du tout quand je viens avec Winnie en plus. Il fait fondre le cœur des serveuses.

J’ai la journée devant moi. La dernière chose que j’ai envie c’est de retourner chez moi et de me repasser la scène en boucle de dispute avec ma sœur. Pire, je n’ai pas envie d’affronter ma coloc et de discuter de ce qui s’est passé à New York. Nous marchons finalement en direction du pub qui n’est pas très loin heureusement. Une fois installé à table, j’ai un sourire quand je vois Stacy sortir pour venir prendre notre commande. C’est vraiment l’une de mes serveuses préférées, je la salue avant de commander un pichet de la bière qu’on voulait moi et Nolan ainsi que des ailes de poulet.

-C’est fou comment il fait beau aujourd’hui, c’est tellement chaud ici comparativement à New York. Je crois que j’aurais du mal à y retourner à temps plein par moment, mes fesses aiment trop la chaleur californienne, dis-je en lâchant un petit rire.