Dude, can you see unicorns in the sky ? (Ft. Jackson)

Passablement éméché, Taylor avait l’impression que la Terre tournait. Certes, c’était le cas mais il n’y avait rien qui permettait à un humain normal de le « sentir » au point d’en perdre l’équilibre et de ne plus savoir à quoi s’appuyer. Alors pour compenser le terrible effet des verres bien dosés qu’il s’était envoyé dans le gosier, il finit par s’allonger sur l’herbe du jardin dans lequel quelques heures plus tôt, il était allé s’éclipser, avec un type, un parfait inconnu, pour faire gigoter les buissons. Ok, le lieu était public mais la célébrité permettait parfois de faire taire certains vigiles. Surtout que Taylor était un habitué des lieux. Il aimait venir dans ce club, y prendre sa bouffée d’air vivace. Et peu lui importait que ça soit un lieu pas ultra-luxueux. Il s’y plaisait, et ne voyait donc aucune raison d’en changer. De toute façon, il s’était fait virer de tellement d’endroits qu’il restait conscient d’avoir dilapidé son droit à l’erreur. Chahuteur, bagarreur, il fallait bien le dire, il faisait beaucoup parler sur son compte, notamment en raison de ses frasques. Pourtant, il s’en moquait tellement que cela ne l’inquiétait pas le moins du monde. Taylor était un cas à part dans la sphère cinématographique : un impertinent irrévérencieux qui profitait des plaisirs les plus simples, avec allégresse. Et ici, les gérants le savaient et respectaient ça. Du coup, Taylor trouvait dans ce club, un sanctuaire dans lequel il pouvait vivre sans se restreindre.

Au loin, il entendait la chanson Born this way de Lady Gaga. Il se mit à la chanter à tue-tête. C’était comique de voir ce colosse de 203cm pour 100kg tout en muscles, se trémousser dans l’herbe en beuglant à la cantonade les paroles d’une autre ambassadrice de la communauté LGBTQIA+ ! Il se lâchait sans rougir, amusant les quelques personnes qui passaient par là. Son regard azur se perdit dans le ciel étoilé. Avec les lumières urbaines, difficile de voir vraiment la beauté de l’Univers. Il en esquissait les contours et cela lui suffisait. Il resta de longues minutes à regarder ces millions d’ampoules suspendues sur la voûte céleste. Peut-être que quelque part, sur une autre planète, une forme de vie regardait dans sa direction. Il existait quand même plus de chances que les extraterrestres existent plutôt que Dieu. Peut-être même étaient-ce les mêmes ? Rien qu’à penser à la tête du pape s’il apprenait que Jesus était un Maitre Yoda sur pattes, ça le fit rire tout seul. Il se fendait la poire seul, enfin, jusqu’à ce que deux jambes apparaissent dans son champ de vision et ne le sortent de ses pensées abstraites. Ses yeux se focalisèrent sur le visage du propriétaire de ces gambettes à se damner. Jackson ! Un sourire lubrique passa sur son visage alors qu’il lâcha d’une voie rauque :

- Putain… je donnerai cher pour être une nana, là, tu sais… quel angle !

Il éclata d’un rire tonitruant avant de se mordre le lèvre inférieure. Ce n’était pas un secret qu’il était bisexuel. Et à ce titre, dès leur première rencontre, Jackson fut tout à fait son type de mecs… enfin à supposer qu’il en ait un de vraiment défini. Ce n’était quand même pas commun, la façon dont ils étaient devenus amis. Ce soir là, Taylor s’était échauffé avec un autre type qui lui tapait sur le système. Étant dans le même état d’ébriété notoire que ce soir, il avait projeté son poids dans le but de lui faire « avaler ses chicots ». Une entreprise malvenue. L’autre s’écarta avec habileté et toute la force de Taylor s’abattît sur le visage de… Jackson, qui n’avait rien demandé. En guise de représailles, ils avaient été sortis manu militari. Et alors que Jackson colmatait le sang de sa blessure, Taylor l’avait ouvertement dragué, lui faisant sous-entendre qu’il pouvait se faire pardonner de bien des manières. Depuis ce soir là, ils avaient noué une amitié et comme avec tous ses proches, l’acteur ne se privait pas de plaisanteries graveleuses. Il ne faisait pas de secret que Jackson était typiquement son genre. Mais il savait aussi que c’était à sens unique et qu’il n’avait pas la moindre chance. Il s’en amusait plus qu’il ne voulait le mettre mal à l’aise. Leur amitié prit davantage naissance en raison des excuses sincères que l’acteur formula, et du fait qu’il l’invita à prendre un verre un soir pour se faire pardonner. Et depuis, régulièrement, ils se voyaient pour une soirée entre potes, comme ce soir.

- Installe-toi sur l’herbe ! C’est confortable. Puis ici, pas de risque de t’étaler sur une merde de clebs ! Ils étaient dosés les verres de rhum ! Alors, elle est sympa cette soirée nan ?

Il désigna le ciel d’un coup de menton. Taylor était un sacré personnage, haut en couleur et en surprises. On le savait capable de tout, surtout de choses inattendues !

Dude, can you see unicorn in the sky ? - Taylor & Jax

Il serait faux de dire que Jackson était la personne la plus festive sur terre. Il n’était pas rare de le voir passer une soirée bien alcoolisée avec son meilleur ami Andrew, mais il n’avait jamais été du genre à privilégier de sortir dans les bars et ça même du temps de l’université. Une soirée tranquille avec sa console pour lui était un synonyme pratiquement de soirée parfaite. Il était donc très surprenant que Taylor se retrouve par un pur hasard sur son chemin lors de l’une de ses rares sorties dans un bar alors qu’un collègue partait pour la retraite. Une rencontre inattendue alors que Taylor l’avait frappé par erreur en plein visage comme première rapproche. Un coup si virulent que Jackson se souvenait encore de la douleur poignante qu’il avait eu sur le moment et le sang qu’il avait eu sur les doigts. Pour en rajouter à l’étrangeté, Taylor l’avait même dragué après cela. Une proposition que le brun avait rapidement rejeté du revers de la main n’ayant aucun intérêt envers les hommes. Si plusieurs hommes auraient pu trouver la situation malaisante, Jackson au contraire l’avait pris avec humour et au final trouvait seulement cela flatteur. C'est seulement quand il retourna auprès de ses collègues qu’il réalisa qui était vraiment Taylor. Certes, son visage lui avait dit quelque chose, mais il n’avait pas fait le lien avec son métier et surtout qu’il l’avait déjà plusieurs fois à l’écran. Simple de nature, Jackson n’était pas du genre à se soucier du réel statut de la personne et il était loin d’être aussi impressionné de ce petit évènement contrairement à ses collègues qui adoraient l’acteur. Il avait demeuré néanmoins très surpris quand il lui avait proposé d’aller prendre un verre la soirée suivante pour se faire pardonner de l’accident. Il avait fini par dire oui après qu’il ait insisté à plusieurs reprises et la soirée avait été des plus surprenantes pour Jackson qui n’avait aucune attente à la base. Une amitié s’était rapidement développée entre eux et les deux s’étaient revus même à plusieurs reprises depuis. Ce soir était simplement une autre sortie parmi tant d’autres qu’ils avaient ensemble tous les deux récemment. En parfait bras droit, Jackson avait tenu compagnie à la jeune femme qui accompagnait à la base la conquête de la soirée de Taylor. Toutefois, quand ce dernier revint rejoindre sa meilleure amie au bar sans l’acteur, Jackson fronça les sourcils. Mais où était encore rendu son ami ? C’est en sortant finalement du bar qu’il le retrouva étendu dans l’herbe. Mais qu’est-ce qu’il faisait là ? Alors que Taylor l’aperçut, il lâcha un petit rire à sa remarque.

-J’ai déjà l’impression que je vais être au sommet de tes rêves ce soir, dit-il amusé.

Il finit par le rejoindre par terre parce qu’il avait bien l’impression que de toute façon ce dernier n’allait pas du tout bouger et étant déjà en couple, il n’avait aucun intérêt de retourner à l’intérieur pour se faire simplement de nouveaux amis. Jackson eut presque un haut le cœur quand il reparla des verres de rhum, ces drinks avaient été réellement très corsé. Il n’était pas certain de survivre à un autre, son niveau d’alcool était quand même très élevé en ce moment. Toutefois, il se doutait qu’il se laisserait embarquer facilement par son ami.

-À la sueur que tu as sur ton front, j’imagine que ta soirée est plutôt bien oui.

Il se doutait bien que le brun s’était envoyé en l’air avec l’autre homme il y avait quelques minutes c’était clairement le genre de choses qui était dans ses habitudes.

-Mais oui cette soirée est vraiment trop top, elles sont toujours inoubliables avec toi. Au moins ce soir c’est de façon positive.

Il lui lançait une petite pique face à la première soirée qu’ils avaient eu tous les deux où il l’avait frappé. Étendu dans l’herbe, Jackson devait reconnaitre qu’ils étaient plutôt bien installés comme ça. Peut-être qu’il pourrait proposer éventuellement à Tamara de faire un pique-nique ? Il pourrait même en faire une activité avec Noam son neveu qui allait bientôt avoir deux ans.

-T’es certain que t’as pas fumé d’herbe ? dit-il en éclatant de rire en voyant son visage si détendu.

Codage par Libella sur Graphiorum

- Haha, nan c'est pas de l'herbe que j'ai fumé... plutôt un gros cigare comme je les aime... pourquoi, t'es de la police maintenant ?

Il éclata de rire à son tour, parce que l'allusion graveleuse qu'il venait de faire avait été lancé avec une telle désinvolture et une discrétion si remarquable, que des têtes se tournèrent vers eux, avec un air quelque peu suspicieux. Quand on sortait avec Taylor, il fallait s'attendre à ce genre de regards et d'attitudes quelque peu pudibondes. Il y trouvait sans doute, la meilleure source d'hilarité. Ca lui plaisait de choquer un peu les esprits, de bousculer les principes moraux de son époque. Il ne faisait pas dans la dentelle. N'avait-il pas indiqué, lors d'une interview, qu'en faisant la promotion pour l'un de ses films, en France, il avait eu un date avec un mec, dans une vigne, non loin de Bordeaux. Et de renchérir sur le caractère bucolique de cette rencontre, avec un petit sourire qui fit parler sur les réseaux sociaux pendant des mois. Des anecdotes sur sa vie privée débridée, il en donnait, sans filtre. Et les critiques qu'il pouvait recevoir en retour, lui passaient au dessus. De toute évidence, certains ressentaient le besoin de critiquer pour exister, alors autant les laisser faire. Si ça pouvait les rendre heureux et les aider à se réaliser en tant qu'êtres humains, il n'y voyait pas d'inconvénient. Son petit plaisir, c'était de troller les paparazzis. Il envoyait parfois des messages anonymes, pour dire qu'un témoin l'avait vu à poil dans son hôtel. Il se postait ensuite dans un fourgon aux vitres teintées et alors il se déguisait pour ne pas être reconnu et photographier ces andouilles en se fendant bien la poire. Ce n'était pas méchant, juste jouissif et franchement très drôle. On ne s'ennuyait jamais avec lui, sauf peut-être quand il pionçait comme un sonneur. Son sommeil était si lourd, que même une bombe nucléaire ne pouvait le réveiller. Il tapota l'herbe à côté de lui tout en lançant à Jackson :

- C'est pour ça que tu m'aimes bien,tu sais qu'avec moi, on se fait pas chier ! J'crois pas que nous ayons connu une soirée négative... parce que même la fois où nous nous sommes rencontrés, ça s'est plutôt bien fini ! La preuve, nous sommes potes. Hé, c'est pas tous les jours que je colle une droite et que ça se termine bien ! Puis t'as été sympa, t'as pas appelé les flics... ils m'avaient fait la morale la dernière fois que j'ai participé à une bagarre. Ils ne sont pas commodes, mais je crois qu'ils m'apprécient. J'aime bien leur offrir des chocolats pour Noël, histoire de les remercie pour ce qu'ils font, tout ça...

C'était un autre trait de sa personnalité. Il ne pétait jamais plus haut que son derrière. Taylor paraissait inaccessible mais tous ses proches témoignaient du contraire. Il entretenait un rapport sain à l'argent, n'en faisant ni une finalité, ni la source de son bonheur. Il l'utilisait comme un moyen de faire des choses biens, de porter des causes qui lui tenaient à coeur. Il répartissait ses revenus de sorte qu'il ne lui reste que de quoi vivre, avec un petit confort. Et si quelqu'un avait besoin de liquidités, il était toujours le premier à répondre et le dernier à demander à ce qu'on le rembourse. Il démontra son détachement et son besoin de profiter des choses simples de la vie, en poursuivant :

- Tu sais ce qu'il y a de bien avec les étoiles ? C'est que c'est un spectacle gratos, qui coûte rien à personne et qui apaise les consciences... Dans mon métier, les gens passent leur vie à oublier ces petits bonheurs simples...

Ses yeux azur se perdirent sur la voûte céleste, alors qu'il se moquait bien de tout le reste.

- C'est ce que j'aime bien chez toi... tu traines pas avec moi parce que je suis un putain d'acteur... nan, toi, t'apprécies les gens pour ce qu'ils sont humainement parlant... J'sais pas, t'es comme un frère... ou un cousin, bref, quelqu'un qui ne cherche pas à m'utiliser. Je mets des coeurs sur toi, Jackson, t'es un mec bien.

Certes, l'alcool venait très certainement exagérer les termes, en les rendant plus élogieux, mais pour le coup, c'était sincère. Il ne se doutait absolument pas qu'il avait un peu tapé dans le mille, en évoquant qu'il fait qu'il soit son cousin. Non, à vrai dire, il avait bien tenté de faire quelques recherches généalogiques mais le temps lui manquait. Et de fil en aiguille, il renonça à ce projet. Il eut un regard pour Jackson et le questionna :

- Je me rends compte que je connais pas beaucoup de choses de toi, en fait. Ma vie, entre wikipédia et la presse people qui me torche le cul comme si c'était une mine d'or, t'as du la connaître... mais toi ? T'étais comment quand t'étais gosse ? Tu regardais les étoiles toi aussi en te disant qu'un jour, peut-être tu en toucherais une du bout des doigts sur le tas de merde en granite d'Hollywood Boulevard ?

Dude, can you see unicorn in the sky ? - Taylor & Jax

Jackson était presque étonné que Taylor lui confirme qu’il n’avait rien fumé ce soir mis à part un cigare. Son imaginaire semblait à un tout autre endroit, mais il fallait dire qu’il était tout simplement beaucoup plus créatif que lui en général tout simplement. Il lâcha un rire alors qu’il lui demanda s’il était de la police maintenant.

-Non loin de là, je me tiendrais loin de toi si j’avais des menottes dans les parages. Qui sait, tu voudrais sans doute les utiliser sur moi, dit-il avec un petit rire. Et puis j’aurais été plutôt du genre à te demander s’il t’en restait encore plutôt qu’à te le confisquer.

Il était loin d’être un fumeur de marijuana chevronné, mais il ne détestait pas l’effet pour autant quelques fois. Il n’avait pas détesté avoir retenté l’expérience l’autre soir avec Andrew alors qu’il essayait de décompresser suite à la perte du bébé qu’il était supposé avoir avec Emma. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas autant rit avec son meilleur ami ou apprécier autant le goût de la nourriture tout simplement. Il ne serait pas contre de retenter l’expérience bien qu’il ne se voyait pas en prendre nécessairement plus régulièrement. La simple euphorie avec l’alcool lui convenait parfaitement. Il sourit alors que Taylor lui disait qu’il appréciait sa compagnie.

-La vie est beaucoup trop courte pour se préoccuper des choses peu importantes, dit-il en haussant les épaules avec un sourire. Je crois que sur ça on a peu la même vibe, mais je suis clairement plus tranquille que toi. Bon il faut dire que je suis en couple aussi. Donc, j’en conclus que je vais aussi avoir le droit à une montagne de chocolat à noël pour me remercier de ne pas t’avoir dénoncé ?

En tant que vrai glouton, il ne dirait pas non à recevoir un cadeau du genre, mais bien entendu il disait tout ça à la blague. Il ne s’attendait pas réellement à recevoir quelque chose de la part de son ami. Il lui payait bien souvent des drinks de toute façon, il s’était racheté depuis bien longtemps. Alors que Taylor parlait d’étoiles, Jackson se mit à les regarder lui aussi étendu dans l’herbe. L’acteur était sans doute très loin de se douter qu’il avait toujours été passionné par l’astronomie depuis qu’il était très jeune. Il serait en mesure de nommer toutes les constellations qu’ils voyaient en ce moment dans le ciel.

-Ça doit tellement être dur pour toi sérieux de différencier les gens qui sont là pour ton statut et ceux qui sont là pour les bonnes raisons… Je n’aimerais tellement pas être à ta place. Mais ouais je suis trop content qu’on se soit rencontrés sérieusement, ça clique tellement que c’est vrai qu’on dirait presque qu’on est du même sang.

Jackson trouvait ça totalement fou qu’en si peu de temps ils se soient autant rapprochés, mais il y avait une simple complicité naturelle entre eux ce n’était pas plus compliqué que ça. Taylor lui demanda alors de lui parler de lui, il était vrai qu’il ne s’était pas beaucoup ouvert à lui. À vrai dire, il ne parlait que très rarement de son passé parce qu’il n’avait rien de très glorieux tout simplement.

-J’étais très loin de regarder les étoiles pour aspirer à la célébrité quand j’étais petit…

Il s’arrêta un moment comme ce sujet était toujours très délicat à aborder de son côté.

-Ma mère est décédée quand j’avais cinq ans, donc disons que je regardais plus les étoiles petit en rêvant de devenir astronaute pour me rapprocher d’elle d’une certaine façon. Je n’ai pas une vie très palpitante, j’ai passé pas mal toute mon enfance à essayer d’épauler mon père monoparental avec mes deux petites sœurs. À l’université, je me suis rendu compte que finalement le métier d’astronaute n’était pas fait pour moi et finalement je me suis retourné vers l’enseignement. Palpitant n'est-ce pas ?

Codage par Libella sur Graphiorum

- God ! Tu me donnes des idées avec ton histoire de menottes… l’uniforme de policier t’irait tellement bien… avec ton holster… tes lunettes aviator avec verre miroir… bro, l’autre connard de Tout-Puissant a raté ta conception en te faisant hetero ! En tout cas, confisque-moi quand tu veux !

Un rire gras s’échappa de sa gorge, alors qu’il se retrouvait pris dans ses pensées salaces et lubriques. Il n’avait jamais caché que Jackson était son type de mecs. Et de façon plus générale, il ne taisait pas sa bisexualité. Au contraire, il en était fier. La honte, ou la pudeur, il en avait tellement été victime par le passé qu’il ne comptait pas se laisser bouffer par elles maintenant qu’il était adulte, majeur et vacciné. Ça lui valait sa réputation de grande gueule impertinente. On lui prêtait une réputation sulfureuse, scandaleuse qui l’amusait beaucoup et qu’il ne reniait jamais. Sortir quelque part avec lui, impliquait d’être à l’aise. Ils n’auraient probablement pas été aussi proches si Jackson avait été gêné par ses frasques. Clairement ce coup de poing avait scellé leur destin. Ce fut la réaction du professeur qui marqua le début de leur complicité. Il ne s’était pas énervé, il n’avait pas répliqué. Il accepta même les excuses brouillonnes et son sort : être mis dehors de la boîte de nuit par le videur. Cela ne faisait pas que démontrer une bonté d’âme. Jackson lui inspira confiance, tout simplement.

- J’ai de l’alcool si tu veux ! Enfin… quelque part… je ne sais plus où j’ai mis la bouteille… ah bah, la voilà ! Merde… elle est vide… bon… plus d’alcool donc ! Ha ha !

Il agita le cadavre de bouteille en l’air avec un sourire un peu crétin. Et comme si cela n’y suffisait pas il réagit à ce que Jackson disait sur son attitude calme.

- Tu veux que je te dise, j’ai un proverbe qui dit que… euh… enfin je sais plus trop ce que ça dit exactement mais en gros, parait que les plus « sages » sont les plus espiègles. Et c’est vrai, la preuve, tu traines avec moi. Et tu le fais pas seulement pour que je t’offre des chocolats à Noël ou par charité. Mais ok, je te ferais livrer ton poids en chocolat. Ça me pardonne tout ça, pas vrai ? Et ca m’ouvrira les portes du paradis aussi ! Au pire si Dieu est récalcitrant, je lui proposerai une pipe au miel, ca le fera je pense !

Sa désinvolture et son éclat de voix leur valurent des regards réprobateurs. Il n’en était pas à son premier blasphème publiquement assumé. La religion prenait cher avec lui. Quand on connaissait son histoire, c’était logique et compréhensible. Il ignora complètement les attitudes outrées. Il avait fait bien pire, comme notamment cette fois où il déclara lors d’une interview dans les médias qu’il avait jamais aussi bien apprécié les plaisirs de la chair que dans le confessionnal. Une provocation qui lui valut un torrent de haine. Il s’en était complètement lavé les mains, poursuivant sa route comme si de rien n’était. Alors les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient !

- Je sais reconnaître les gens biens des autres. C’est devenu naturel. Franchement, je ne suis pas à plaindre. Je suis un esprit libre. Je dis ce que je pense, je pense ce que je dis. Et j’emmerde le monde. Je vis, Jackson. A deux cents pour cent. Y’en a qui sont prisonniers de leur passé, d’autres qui ne songent qu’à la postérité. Je refuse que mon histoire monopolise mon attention. Et je m’en branle de savoir si on se souviendra de moi après ma mort. Ce qui compte que j’aime vivre le temps que ça durera. Les gens font ce qu’ils veulent, ils ne m’enlèveront pas cette flamme.

Il le refusait viscéralement. Rien, ni personne ne le briserait. Au moins avait-il hérité d’un truc positif de son géniteur, avec sa volonté de fer. Battant, engagé, Taylor s’enflammait souvent, il brillait de mille feux. On le surnommait le flamboyant. C’était quelque chose de le côtoyer, d’unique et de surprenant dans le bon sens du terme.

- Ah mec… du même sang… ‘tain j’ai une image degueulasse maintenant ! Tu m’as cassé mes fantasmes là !

Certains disaient qu’en famille, rien n’était sale. Enfin, Taylor ne faisait pas partie de ces gens-là. Il gardait quand même une certaine morale. S’il avait su… pour sûr que ça allait être un peu gênant le jour où il apprendrait qu’il s’agissait de son cousin. Pour le moment, il ignorait leur lien de parenté. Il écouta son récit avec attention. Un silence s’ensuivit. Naturellement, il posa sa main sur épaule pour lui témoigner son soutien.  Comme un grand-frère l’aurait fait, il lui avec compréhension et bienveillance :

- Tu n’as pas besoin d’atteindre les étoiles pour te rapprocher de ta mère. Elle est en toi. Les souvenirs, les mots, les silences. Ils sont là, dans ta tête et tant que tu auras tes souvenirs, elle continuera d’exister en toi. Il n’appartient qu’à ton imagination d’engager une conversation avec elle.

Il en était convaincu. Le plus bel univers de se trouvait pas à des années-lumière mais en soi. Dans son for intérieur, il puisait l’amour dont il avait besoin et qu’il n’avait jamais eu. L’absence se comblait par ses propres moyens.

- C’est passionnant d’être professeur. Tu partages ton savoir avec les autres, tu les aides à grandir. Je n’ai jamais vraiment eu de prof, tu sais. Et j’aurais bien aimé. Je suis certain que tu es très bon dans ton domaine. Et que c’est ta vocation. Ça l’est si tu te lèves le matin avec le sourire et le sentiment d’être utile.

Nouveau silence, pendant lequel il retira sa main. Ses yeux se perdirent dans l’immensité du ciel étoilé. Si les morts finissaient dans les étoiles, il espérait que son père appréciait le spectacle. Parce qu’il n’était pas fini… pas encore.

- De quoi est-elle morte ? Si ça n’est pas trop indiscret ou douloureux…

Il préférait être précautionneux sur ce sujet sensible. Il n’avait pas envie de blesser son ami et de le faire souffrir inutilement.

Dude, can you see unicorn in the sky ? - Taylor & Jax

Jackson haussa les sourcils puis se mit à rigoler alors que Taylor lui disait que cette histoire de menottes lui donnait des idées. Il se doutait bien que l’acteur était des plus sérieux quand il disait que le tout-puissant avait raté sa conception, il n’y avait aucun doute qu’il avait une attirance naturelle envers le prof. Puis, il afficha presque un air de dégoût quand il lui parla qu’il avait de l’alcool dans les parages. Il n’était pas certain qu’il était capable de prendre une once d’alcool sans être malade pour être parfaitement honnête. Il fut néanmoins rassuré quand ce dernier lui dit que la bouteille était vide. Il n’allait certainement pas proposer d’aller les ravitailler. De toute évidence Taylor lui aussi avait bien assez bu du moins c’est ce que croyait Jackson comme ce dernier était étendu dans l’herbe, mais son pote avait tendance à le surprendre parfois. Peut-être qu’il aurait fait la même chose totalement à jeun ? Jackson n’en savait absolument rien. C’était difficile à dire alors que le prof était quand même quelqu’un d’introverti en comparaison au beau blond. Il l’écouta amuser alors que ce dernier commençait son histoire de proverbe et il rit presque aux éclats quand il parla de la pipe au miel. L’esprit de Taylor divaguait vraiment dans n’importe quelle direction.

-Les plus espiègles ? Peut-être un peu au lit, dit-il avec un rire en haussant les épaules. Mon poids en chocolat ? Je vais devenir si obèse à cause de toi si tu fais ça que tu ne me trouveras même plus de ton goût.

En tant que grand gourmand, il ne doutait même pas que le chocolat allait disparaitre assez rapidement s’il se faisait offrir un tel cadeau. Il n’osait même pas imaginer le nombre de kilomètres de courses qu’il aurait besoin de faire pour compenser les calories qu’il accumulerait avec ce délice sucré. Jackson continuait d’écouter Taylor lui parler maintenant de son esprit libre. Il était quand même impressionné par le fait qu’il soit aussi capable de se détacher de tout sans se soucier réellement des conséquences. L’esprit rationnel et pragmatique de Jackson était loin de le laisser lâche prise aussi facilement que semblait le faire l’acteur. Il se reconnut un peu trop quand il parla des prisonniers de leur passé. Sa vingtaine presque entière il avait vécu dans l’ombre de ses peurs et s’était isolé du bonheur volontairement. Il l’enviait quand même à l’instant d’être en mesure de vivre aussi pleinement. Il savait que s’il avait eu une personnalité similaire à la sienne que les choses auraient été bien différentes pour lui ces dernières années.

-C’est fou comment nos personnalités sont à l’extrême opposés toi et moi. Je ne sais pas si c’est pour ça qu’on s’entend si bien. T’imagine je suis rendu maintenant à 37 ans et je commence à peine à vivre ma vie réellement. J’ai vraiment perdu de précieuses années à me morfondre pour absolument rien.

Il jeta de nouveau un coup d’œil à la bouteille d’alcool comme si cette dernière avait pu se remplir par magie automatiquement. Après une telle confidence une gorgée de fort n’aurait pas fait de mal. Il n’avait pas l’habitude réellement parler de ses sentiments et encore moins des erreurs qu’il avait commises dans le passé. Toutefois, il lui semblait tout à fait naturel de se confier à Taylor pour une raison qu’il ignorait totalement. Il avait l’impression de le connaitre depuis toujours comme son meilleur ami Andrew.  Il rit quand Taylor lui dit qu’il venait de briser ses fantasmes en proclamant qu’il était presque du même sang. Il ne rajouta rien ne voulant pas briser davantage la belle image qu’il avait en tête, il ne voulait quand même pas être un briseur de rêves non plus. Il eut un petit sourire alors que Taylor lui dit qu’il n’avait pas besoin d’atteindre les étoiles pour voir sa mère.

-Si tu continues avec tes belles paroles philosophiques je vais peut-être te laisser une chance si un jour je me sépare de Tamara, dit-il à la blague. Mais en vrai t’emprunte toutes tes belles paroles au roi lion, pas vrai ?

Si ses souvenirs étaient bons, il avait l’impression que dans l’un des deux films il y avait un truc du genre qui se disait à un moment, mais cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas vu ces films qu’il ne pouvait pas l’affirmer. Il se dit qu’il devrait d’ailleurs les faire écouter un jour à son neveu Noam. C’était plus que primordial pour son éducation. La simplicité de Taylor le surprit tout autant quand il lui dit que c’était passionnant d’être professeur. Jackson avait tellement l’impression d’avoir pris le choix « simple » par moment et que son potentiel aurait pu peut-être mieux être investit ailleurs. Il n’avait rien de valorisant à être seulement un prof à son ancien lycée selon lui. Le parcours avait été trop simple pour qu’il pense le contraire.

-Mes élèves ont l’air de m’apprécié, certaines filles un peu trop d’ailleurs…

Il ne l’avouait jamais quand Tamara était dans les parages, mais il savait très bien qu’elle avait raison quand elle disait que certaines de ses élèves devaient avoir des vues sur lui. Il était toujours mal à l’aise quand certaines étaient habillées de façon plus légère et venaient lui poser des questions.

-Pour aimer mon travail, je l’aime vraiment. J’ai vraiment l’impression de faire une différence dans la vie de ces jeunes et c’est ça qui me motive le plus. Ça me fait toujours une petite fleur quand certains se mettent à apprécier les sciences simplement parce que je leur ai enseigné.

Il savait très bien qu’il avait une façon plus amusante de montrer les choses à ces élèves parce qu’il avait reçu le commentaire plus d’une fois.

-Elle a eu un cancer, entre le diagnostic et sa mort il y a eu simplement quelques mois. Je ne me souviens pas de grand-chose comme j’étais si petit, je me souviens juste de la douleur qu’elle avait dans les yeux en permanence et j’imagine que c’est sans doute une bonne chose que cela ne s’est pas échelonnée durant des années pour elle. Mon père a mis des années à s’en remettre, mais bon à cause de ça je ne pourrais pas être plus proches de mes deux sœurs. J’ai toujours senti l’urgence de les protéger encore plus.

En effet, il avait tellement protégé ses sœurs qu’il s’était oublié au passage si bien que c’était plutôt à l’âge adulte que Jackson avait vécu les réelles répercussions du deuil de sa mère dans sa vie. Il n’avait pas réalisé avant à quel point il avait été impacté par sa mort et à quel point il y avait toujours eu de la répercussion sur ses propres relations amoureuses. Heureusement, il était maintenant rendu à un autre niveau dans sa vie, mais cela n’avait pas été facile à y arriver.

-Et toi ta famille est comment ?

Jackson n’était pas du genre à lire les revues à potins donc il n’avait aucune idée de comment était la vie en général pour Taylor, il ne connaissait que les détails que son ami lui avait déjà révélé sur sa vie.

Codage par Libella sur Graphiorum

- Dude ! Alors quoi, parce que je suis acteur et que je suis tanké, tu penses que je ne pourrais pas sortir ou être attiré par quelqu'un de bien en chair ? Fuck, tu me prends vraiment pour un mec superficiel ! Même avec un bide témoignant de ton addiction au chocolat, tu serais beau ! Y'a vraiment que toi pour douter de ça, bro ! Tu sais, dans la vie, y'a des trucs qu'on choisit pas : sa gueule, sa corpulence, sa pilosité, sa taille, celle de sa bite, hé, faut faire avec, c'est comme ça.

L'alcool le faisait divaguer, même s'il était encore capable de construire un argumentaire pour démontrer à Jackson que le plus important, ce n'était pas son physique mais tout le reste. Bon ok, il n'irait pas jusqu'à dire que ses sublimes yeux bleus le laissaient insensible et que ses muscles de professeur qui n'en fait pas des caisses restaient d'agréables caractéristiques à regarder sans gêne. Cela dit, il ne fallait pas non plus penser qu'il s'arrêtait au physique. Taylor était quelqu'un de fantasque, de déstructuré, qui aimait la contradiction et surtout la surprise. Dans le panel impressionnant de son carnet d'adresse, il en avait connu des gens, des minces et des épais. Il se rappelait d'un de ses ex-fling qui était gros et avec lequel il avait partagé un très bon moment. Chez les femmes, il appréciait aussi les formes généreuses. Elles étaient parfois intimidées, à vouloir cacher leur cellulite, mais il s'en moquait comme de la mort de son père ! Ca avait du charme, et globalement, il militait pour l'acceptation de soi, le respect de la diversité, tant au sein d'associations LGBTQIA+ que de lieux où il intervenait. Il avait accepté de rendre visite aux gamins dans les écoles pour leur transmettre un message de respect et de tolérance. Ca n'était pas passé à la télévision parce qu'il n'avait pas envie de monopoliser l'attention des journalistes. La meilleure façon de soutenir une cause, c'était de s'effacer pour qu'il n'y ait plus que les vrais combats qui occupent l'esprit des gens et l'espace médiatique. Il était de notoriété publique qu'il méprisait les haineux. Contrairement à d'autres qui faisaient preuve d'une complaisance hypocrite, lui il leur rentrait dans le lard sans hésiter. Le nombre de fois où il avait éclaté ce type de personnes en interview ou dans des séances de promotion pour ses films. Il ne mâchait jamais ses mots et il n'avait absolument aucune pitié pour les gens dans son viseur. Quand un type néo-conservateur raciste et xénophobe passait l'arme à gauche, il postait une vidéo sur les réseaux sociaux pour trinquer avec une bonne coupe de champagne. Ca faisait parler, ça indignait, ça déclenchait des applaudissements, mais tout ça lui importait peu. Bien évidemment, il savait que Jackson n'était pas du genre à faire des raccourcis, à le limiter à un acteur à succès excentrique et superficiel. Il le taquinait, en témoignait son petit sourire amusé, et cette façon qu'il avait de guetter la moindre rougeur sur les joues des autres. Il aimait bien provoquer un peu de gêne, il trouvait ça très révélateur chez autrui.

- Les années perdues, il ne tient qu'à toi de les rattraper. Le seul timing que tu dois te fixer, c'est celui que tu es prêt à accepter. Personne ne va venir vérifier si tu avances à bon rythme, alors laisse-toi porter. Des fois tout ira vite, d'autres fois, non, mais tant que tu gardes en tête tes objectifs, c'est le plus important.

Taylor avait appris à enterrer ses regrets le jour où il comprit que jamais il ne pourrait défaire le passé et que la seule action à vraiment regarder, c'était celle dans le présent. Il faisait des projets, il se donnait un cap, mais jamais au centimètre près. Non, lui ce qu'il aimait c'était vivre le moment et voir ensuite pour le reste. Il donnait donc un conseil qu'il ne suivait pas vraiment mais ça n'était pas un mensonge. Il estimait que pour son ami, ce serait la meilleure philosophie de vie, celle qui le rendrait heureux. Il avait cette impression de le connaitre, bien plus qu'amicalement. Un peu comme un frère. Jackson avait besoin d'un cap pour bien avancer, là où lui, il avait déjà planifié dans sa tête les grands axes de sa vie, jusqu'à avoir mis un rappel sur son agenda pour organiser sa propre mort le moment venu. Il ne cherchait pas à laisser un héritage. La mort serait l'ultime étape, parce qu'après, il n'y avait plus rien. Pas de Dieu, pas de paradis, pas de réincarnation, juste le néant, la fin. De ce qu'on disait de lui vivant, il n'en avait que faire mais alors de ce que l'on dirait après sa mort, ça lui passait au dessus. Il ne désirait ni enfant, ni hommage. Pleurs, rires, peu lui importait. Il aurait profité de chaque jour, de chaque minute pour être heureux et pour faire valoir ce qu'il pensait. Le reste, hop, direct dans la benne à ordures. Ce n'était pas donné à tout le monde, d'être ainsi. Ca avait demandé du travail sur lui, des années de méditation et d'expérimentation. Le vie, c'était unique et ça ne se reproduirait pas deux fois. Autant ne pas la gâcher en conneries sans intérêt. Il éclata de rire quand Jackson évoqua le Roi Lion.

- Merde... me voilà démasqué ! Hé, sans déconner, Hakuna Matata est ma chanson préférée !

Il se mit alors à la chanter à tue-tête en bougeant dans l'herbe. Il la connaissait par coeur. Comme il n'était pas du genre à être discret, il récupéra une de ses chaussures pour l'utiliser comme un micro et s'éclater sans se soucier des regards. Il donna un coup de coude dans le flanc de Jackson pour l'inviter à faire pareil que lui. Quand il eut finit de chanter, il reprit :

- Tu sais que j'ai découvert les films de Disney après mes 18 ans ? Ce n'était pas le genre de la maison de me laisser regarder la télévision ou de m'emmener au cinéma. J'adore le Roi Lion et j'aime aussi beaucoup Hercule, Kuzco, Aladdin... Par contre, je pleure comme une madeleine devant Bambi ou Rox et Rouky... comment on peut passer ça à des gosses, oh ça me fend le coeur... merde...

Il essuya rapidement une larme qui avait pointé rien qu'en parlant de ces deux dessins animés. Image étrange que ce colosse ému, en état d'ébriété. Mais une tristesse qui n'était ni feinte, ni surjouée, ça n'était pas son style. Par chance, le sujet dévia sur autre chose, plus précisément sur ce pouvoir de séduction passif qui se dégageait de Jackson.

- Hé, je vais pas leur jeter la pierre, à ces filles. Je ferais pareil ! Ca doit être sympa d'avoir le professeur Jackson, craie à la main, livre dans l'autre face à soi ! Je serais un très mauvais élève pour qu'il vienne m'aider à améliorer mes résultats ! Oh, et puis ça va, laisse les fantasmer ! De toute façon, il ne se passera rien, sauf si tu décides le contraire.

Il hocha la tête, songeur, en l'écoutant parler de son métier. Apprendre, transmettre un savoir, c'était quand même quelque chose de fascinant. Lui n'avait pas vraiment eu une éducation banale, alors il se prenait à envier des élèves pour la chance qui s'était offerte à eux, sans jalousie, simplement pour les formidables connaissances que cela aurait pu lui apporter.

- C'est vraiment bien, que tu sois amoureux de ton travail et que tu gardes en tête que tu fais la différence. Ca manque cruellement de gens comme toi, un peu partout. Je le vois sur certains tournages, y'a des gens qui sont bien payés et sensés être pédagogues mais ils s'en branlent... ils sont là juste pour le pognon et sont d'une nullité absolue. Aucune bienveillance, aucune prévenance, bref... par chance, ces jeunes, ils t'ont comme modèle, comme figure d'inspiration et ça c'est la meilleure récompense au monde.

Il écouta la suite et émit un "tss" en attendant le mot "cancer". Il posa sa main sur l'épaule de Jackson en la frottant doucement pour lui montrer sa compassion.

- Dude... je suis désolé pour ta perte... et que tu aies assisté à autant de souffrance. Souvent la mort est une libération. Et elle nous rappelle à l'essentiel. Je ne savais pas que tu avais vécu tout ça... c'est bien que vous ayez pu vous rapprocher tes soeurs, ton père et toi. La solidarité et la présence, ça aide beaucoup à panser les blessures.

Il eut un léger rire quand Jackson le questionna ensuite au sujet de sa famille. Ca l'amusait, parce que face à lui, il avait vraiment quelqu'un d'exceptionnel, qui ne faisait pas attention aux rumeurs, aux potins et qui était d'une authenticité absolue. Un ami comme jamais il n'aurait imaginé en avoir.

- Ma famille se résume à ma mère, aujourd'hui. Elle aussi a eu un cancer... C'était au sein. Elle est en rémission mais il y a toujours cette épée de Damoclès, cette crainte que ça revienne un jour et que ça l'emporte. Je veille sur elle, mais je sais que je n'ai aucun pouvoir de guérison. La seule chose que je puisse faire, c'est de prendre soin d'elle et de chérir les moments présents. C'est dans mes cordes. Voilà. Sinon le déchet humain qui m'a conçu a passé l'arme à gauche et il ne manquera à personne, à part peut-être aux tocards qui étaient complices de sa cruauté et de son inhumanité. Je peux te donner l'emplacement de la tombe si un jour tu passes au Texas et qu'il te prend une envie de pisser, tu pourras t'en donner à coeur joie. Parfois, je regrette de ne pas avoir eu de frère ou de soeur. Mais je me dis qu'au moins, ils n'ont pas vécu l'enfer. Et puis, sans me vanter, je crois que je suis plutôt doué pour choisir mes amis. Et j'ai au moins un frère de coeur, pas vrai ?

Il planta son regard dans le sien. Il n'en disait pas beaucoup sur ce qu'était cet enfer, car il n'était pas certain que ça soit vraiment des choses que Jackson avait envie d'entendre ce soir. Mais s'il insistait ou qu'il posait des questions, il ne voyait aucunement pourquoi il lui cacherait la vérité. De toute façon, c'était du passé. Rien n'y changerait quoi que ce soit et rien ne réparerait ce qui avait été brisé durant cette époque là. Peut-être cela l'aiderait-il à comprendre pour Taylor était devenu l'homme qu'il était aujourd'hui, cette grande gueule rocambolesque et sans filtre, qui ne se privait de rien, ni de rire, ni d'envoyer chier autrui.

Dude, can you see unicorn in the sky ? - Taylor & Jax

Jackson ne pouvait nier être surpris du discours que venait de lui faire Taylor suite à ses propres propos quelques secondes auparavant. En effet, il avait peut-être trop sauté à la conclusion qu’un surplus de poids pouvait déranger l’acteur et ça lui prouvait encore une fois que même s’ils s’entendaient bien qu’il avait encore beaucoup de choses à apprendre sur lui. Il s’excusa rapidement simplement pour lui faire bien comprendre qu’il avait bien compris le message. Il fallait dire que Jackson ne portait pas réellement attention aux conquêtes qui entraient dans la cible de l’acteur. Il avait bien l’habitude avec son meilleur ami Andrew de se faire discret dès qu’il y avait un potentiel pour lui pour le reste de la soirée. Il n’était donc pas rare qu’il rentre plus tôt que ce dernier chez lui. Parlant maintenant du fait qu’il avait l’impression d’avoir perdu quelques années de sa vie, il avala les paroles de son ami comme s’il était le plus grand des philosophes. C’était fou pareille comment il semblait toujours avoir le bon mot pour lui parler, il pouvait tenir de sacré discours et ça devait certainement jouer dans le succès de sa carrière.

-C’est vrai ta raison. De toute façon, si j’avais été plus vite je ne crois pas que le destin m’aurait ramené à Tamara et je crois vraiment que c’est elle littéralement la femme de ma vie. Il faut croire que rien n’arrive pour rien.

Une phrase que le prof avait du mal à concevoir avec son esprit scientifique si rationnel. Il savait très bien qu’avec Heather qu’il aurait vécu une belle vie et que s’il s’était donné la peine qu’ils auraient sans doute été déjà parent à l’heure actuelle tous les deux. Toutefois, il se doutait que la situation n’aurait pas été des plus faciles pour lui. La preuve, il avait été presque déçu quand Tamara avait eu un test de grossesse négatif la dernière fois bien que la chose ne fût pas du tout prévu. Il savait que très bien qu’il n’aurait pas aussi bien gérer la situation du temps qu’il était avec Heather et qu’il n’avait pas encore assez cheminé sur la question. Puis quelques instants plus tard, Jackson se mit à éclater littéralement de rire aux côtés de son ami qui se mit à chanter à tue-tête Hakuna Matata. Même si des passants les regardaient, il se mit à chanter avec son ami. Comment faire autrement avec une telle chanson ? Ses yeux s’écarquillèrent quand il lui avoua qu’il n’avait que connu les films de Disney après ses 18 ans.

-Ah ouais ? C’est presque inhumain de la part de tes parents de ne pas t’en avoir montré. Je crois que ces films là sont là pour encourager les enfants qui sont orphelins en leur prouvant que malgré la perte de quelqu’un il y a quand même du positif qui viendra pour eux…

Parlait-il par expérience ? Absolument. Il avait beaucoup trop pleuré la scène quand Mufasa décède dans le Roi Lion lui rappelant directement ses propres émotions à chaque fois quand il avait lui-même perdu sa propre mère. Certes, le scénario n’était peut-être pas aussi dramatique que dans le film d’animation, mais la douleur était sans doute aussi vive autant pour Simba que Jackson. Il fut bien content que le sujet diverge vers ses élèves et il rit quand Taylor prétendit qu’il ferait la même chose.

-Heureusement, je ne crois pas que ça m’arrive beaucoup ce genre de trucs… Je crois que ça me rendrait mal à l’aise. Enfin, si c’est arrivé une fois et je tentais d’ignorer le plus possible. Je ne crois pas qu’il y a d’autres façons de réagir.

Il se souvenait très bien de cette jeune fille qui venait lui poser des questions très simples alors qu’elle était l’une des meilleures de classe. Il avait toujours trouvé la chose suspecte. Il savait que son physique ne laissait pas indifférent plusieurs personnes et ça même parfois avec les autres profs tout simplement.

-Pour être un bon prof, je crois qu’il n’y a aucune autre solution que d’être passionné. Je ne serais pas capable de travailler uniquement pour l’argent je crois. J’ai besoin de faire une différence dans ce monde, ça m’a toujours aidé à avancer.

S’il avait voulu tout d’abord être astronaute et découvrir l’espace, aujourd’hui il réalisait que son métier avait sans doute encore plus d’impact à long terme. Former la relève, leur donner les ressources pour réussir, n’était-ce pas ce qu’il y avait plus d’impact sur la vie ? Il aimait le prétendre et c’est ce qui le motivait au quotidien à toujours se dépasser. Parler de sa mère n’était sans doute pas un sujet que Jackson adorait, mais il se sentait assez proche de Taylor pour aborder le sujet avec lui. Il savait que la mort de sa mère définissait en partie son passé et sa personnalité. Taylor méritait de savoir l’impact que cela avait eu sur sa vie.

-Oui en effet, je préfère qu’elle soit décédée sans souffrir pendant des années entières avec des traitements interminables pour la tenir égoïstement en vie. Oui disons que ça m’a fait grandir rapidement et j’ai tout fait pour aider mon père. Je me souviens encore que j’avais à peine six ans et que c’était moi qui préparait les boîtes à lunch de mes sœurs et rappelait à mon père qu’on avait besoin de restant pour l’école le lendemain. On s’est toujours soutenu tous les quatre et c’est notre plus grande force. Mon neveu en bénéficie énormément actuellement.

Son sourire triste passa rapidement à un sourire beaucoup plus grand alors qu’il se mit à parler de son neveu Noam, le fils de sa sœur Kiara. Certes, elle était tombée enceinte après un coup d’un soir et elle n’avait aucune idée comment retracer le père, mais malgré tout c’était la plus belle chose qui était arrivée à sa sœur. Son cœur se pinça légèrement alors que Taylor lui apprit que sa mère avait un cancer. À quel point leur vie était totalement à l’opposé, mais qu’il y avait tout de même des similitudes. C’était impressionnant. Toutefois, leur relation avec leur paternel était totalement à l’opposé. Jackson ne pouvait pas être plus proche de son père en réalité.

-On a beau avoir tout l’argent du monde, quand la maladie décide de se pointer on est totalement impuissant. Il ne reste plus qu’à espérer. J’espère que pour elle que c’est chose du passé. Donc si je comprends vous êtes assez proches tous les deux ?

Jackson digérait encore les paroles que Taylor venait de lui dire à propos de son père ne sachant pas trop comment réagir ni quoi rajouter à ce sujet.

-Il n’avait pas l’air très sympa ton père… J’en conclus avec tout ce que tu viens de dire que ton enfance n’a pas été de tout repos malheureusement. Le sang ne définit certainement pas nos proches c’est ce que m’a appris la vie, je te confirme que t’es bien mon frère de cœur. J’ai tellement l’impression qu’on se comprend tous les deux même si au fond on est tout à fait différent. Parfois, il y a des petits liens indescriptibles comme ça qui unit les gens qu’on est pas capable de comprendre tout simplement…

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